Paroles de combattants de la Libération

Brève proposée par Philippe Meyer dans l'émission Rouge, Vert, Jaune : la méthode allemande / France - Grande-Bretagne : le torchon brûle / n°222 / 5 décembre 2021, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Paroles de combattants de la Libération

Philippe Meyer

"Il y a sur Tweeter un compte « Paroles de combattants de la Libération » qui s’emploie chaque jour à rappeler le souvenir d’un homme ou d’une femme qui a payé de sa vie son engagement contre Vichy et contre les nazis. Juste quelques lignes après leur nom. André Soussote, 21 ans, radio d’un mouvement de résistance qui écrit à sa fiancée « Ils ne pourront jamais me faire autant de mal que je leur en ai fait, S'ils me fusillent qu'est-ce que la vie d'un homme contre tout ce que j'ai contribué à faire couler, bateaux, sous-marins..." Raymonde Le Névé, 34 ans, photographe à Nantes, qui développe les clichés pris en fraude des installations militaires allemandes et qui sera assassinée au camp du Struthof, Blanche Mouttet, 35 ans, qui recueille des maquisards du Vercors. Les Allemands bruleront sa ferme, et elle à l’intérieur. Justinien Gillaizeau, 63 ans, qui cache des juifs et qui sera mis à mort pour cela. Bernard Courtault, instituteur, qui écrit à son père avant d’être fusillé : « J'ai été heureux pendant les 20 ans que j'ai vécus sur la Terre et tu y es pour beaucoup[...] Je vais mourir en souriant ». « Qu’importe comment s’appelle/Cette clarté sur leur pas/Celui qui croyait au ciel/Celui qui n’y croyait pas/ Un rebelle est un rebelle/Nos sanglots font un seul glas. »"


Les autres brèves de l'émission :


The diary of a nobody

Lucile Schmid

"Pour nous réconcilier avec la perfide Albion, je vous recommande un livre en anglais. Il date de la fin du XIXème siècle, et a été écrit par les frères Grossmith. Il est très drôle et nous rappelle à quel point l’humour est constitutif de la culture britannique. Il met en scène un anti-héros appelé Putter, un employé de bureau essayant en vain d’utiliser tous les codes de l’ascension sociale. Les personages préfigurent Laurel et Hardy, c’est Courteline au pays de Boris Johnson. Irrésistible."


Picasso l’étranger

Béatrice Giblin

"Dans le même ordre d’idées, je vous recommande cette exposition qui démarre au Musée national de l’histoire de l’immigration. Picasso était anarchiste, réfugié politique et communiste, il fut donc surveillé de près par les services de renseignement français pendant des décennies. La nationalité française lui fut refusée quand il la demanda, et il la refusa quand on la lui reproposa, une fois au sommet de sa notoriété. L’exposition est très belle, les documents très émouvants et inédits : on trouve des oeuvres méconnues de Picasso, mais aussi des documents secrets de la police de Paris. Le Musée de l’immigration est un endroit remarquable, dont Benjamin Stora est toujours le conseiller scientifique. Saluons le courage de l’établissement d’exposer cet épisode peu glorieux de l’attitude française vis-à-vis des immigrés. Compte tenu du moment que nous vivons, ce rappel me semble important. "


Joséphine Baker l’universelle

Richard Werly

"On sait que Joséphine Baker repose désormais au Panthéon, du moins son cénotaphe, et qu’Emmanuel Macron a prononcé à cette occasion un discours tout à fait touchant. J’avoue que je n’étais pas familier du parcours de Joséphine Baker, et c’est pourquoi je me suis plongé dans ce livre, signé par l’un de ses enfants. Je trouve qu’il s’agit d’un magnifique modèle, à offrir notamment aux élèves des classes, à la fois par son itinéraire, son courage, et par ce qu’elle a subi aux Etats-Unis, qu’on oublie. J’ai ainsi découvert qu’elle accompagnait Martin Luther King Jr lors de la marche des droits civiques, et qu’elle prononça un discours ce jour-là. Il me semble que le moment est propice pour rappeler qui était Joséphine Baker, et pour que son exemple nous inspire."