"Au revoir les enfants. Si l'on a vu le film de Louis Malle qui porte ce titre, on n'a pas pu oublier les dernières paroles adressées aux élèves par le religieux de l'ordre des Carmes que la Gestapo est venue arrêter en même temps qu’elle s’emparait, pour les envoyer à la mort, des trois jeunes garçons juifs hébergés et cachés dans le collège qu’il a fondé et qu’il dirige. Dans la vraie vie, ce religieux, né Lucien Bunel dans une famille de prolétaires normands s'appelait le père Jacques de Jésus. En plus d'héberger des Juifs, et pas seulement ces trois garçons, il est de longue date engagé dans la résistance. Ses activités ont été dénoncées. Il est déporté au camp de représailles de Neue Bremm, puis à Mauthausen et à Gusen. Il mourra d’épuisement à la libération des camps. Dans un livre d’Alexis Neviaski, Le père Jacques ; carme, éducateur, résistant. Publié par Tallandier il y a déjà 10 ans mais qui est toujours disponible sur la toile, j'ai découvert un éducateur exceptionnel pour qui l’autorité ne se gagne que par la confiance et un déporté qui, jusqu’au sacrifice, ne se départit jamais du souci des autres. Son compagnon d’enfer, Jean Cayrol, poète, romancier, essayiste, auteur du commentaire du Nuit et Brouillard d’Alain Resnais, véritable Lazare revenu d’entre les morts, lui dédia un « Chant funèbre à la mémoire du Père Jacques » en ces termes : « Pour mon plus que frère, le R.P. Jacques du carmel d'Avon […], qui fit sourire le Christ dans le camp de Gusen, mort d'épuisement à Linz, le 2 juin 1945 ». Une vie qui secoue les lecteurs qui la découvrent."