"Il est rare, lorsque nous faisons une recommandation à la fin de nos émissions d’être certain de ne faire que des heureux parmi ceux qui voudront bien la suivre. L’exposition des œuvres du peintre André Devambez (1867-1944) qui vient d’ouvrir au Petit Palais et le restera jusqu’au 31décembre est une pure gourmandise. Devambez est parvenu à mener une carrière académique consacrée par le prix de Rome et par l’élection à l’Institut et à cultiver une quantité de curiosités qui vont de la grande Histoire lorsqu’il peint la commune ou la guerre de 14 dans un tryptique saisissant à l’avènement des nouvelles techniques lorsqu’il peint, dès 1910, un avion vu d’avion dans une perspective vertigineuse que pourrait lui envier les films américains les plus dotés en trucages ou en effets spéciaux, la poésie en plus. C’est un peintre de la ville, de la rue, du métro, des gens ordinaires, mais c’est aussi un portraitiste qui a un sens des visages et des expressions saisissant, un illustrateur dont il est facile de voir ce que les dessinateurs de bandes dessinées de la ligne claire doivent à sa malice et à sa précision à l’amusement contagieux qu’il éprouve à dépeindre Gulliver chez les Lilliputiens aussi bien que des tableautins pleins d’une foule de détails dont on savoure l’invention comme le rendu. Cette exposition a une taille idéale. Son accrochage, astucieux et affriolant organise un parcours d’émerveillement et offre un moment d’une tonicité extrêmement bienvenue."