L’Académie Goncourt et le Liban

Brève proposée par Jean-Louis Bourlanges dans l'émission Les Etats-Unis à l’heure des midterms / n°270 / 6 novembre 2022, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

L’Académie Goncourt et le Liban

Jean-Louis Bourlanges

"J’aimerais faire partager aux auditeurs ma surprise et mon émotion face au comportement de l’Académie Goncourt. Je ne discute absolument pas le choix de la gagnante, mais l’Académie a accepté le diktat d’un ministre libanais Hezbollah. L’Académie souhaitait se rendre au Liban, pour témoigner de l’intérêt qu’elle porte à ce pays. Et voilà que ce ministre déclare que les éléments « jugés sionistes » (alors que simplement Juifs) ne sont pas les bienvenus. Et la moitié des membres de l’Académie est allée à Beyrouth tandis que l’autre moitié a refusé. Comme dirait la Vénus de Milo : « les bras m’en tombent »."


Les autres brèves de l'émission :

L’effacement programmé du jury populaire de cour d’assises

Philippe Meyer

"Le Monde a publié le 3 novembre une tribune intitulée « L’effacement programmé du jury populaire de cour d’assises porte atteinte à la liberté, l’humanité et la citoyenneté ». Cette tribune fait suite à celle publiée il y a un an par 3.000 magistrats et une centaine de greffiers qui déclaraient « Nous ne voulons plus d’une justice qui n’écoute pas et qui chronomètre tout ». Celle du 3 novembre commence ainsi : « Héritage de la révolution de 1789, symbole éclatant de la démocratie participative en matière judiciaire, le jury populaire de cour d’assises est en voie d’extinction. La participation citoyenne à la justice pénale est gravement menacée, remise en cause par une doctrine libérale qui, plaquant sur l’institution judiciaire une logique de marché, se donne le rendement pour seul horizon et le chronomètre pour unique boussole. » Ce texte mérite d’être connu et diffusé."



Dans les montagnes rocheuses

Richard Werly

"A propos des Etats-Unis, j’ai deux recommandations cette semaine. La première vous enverra chez les bouquinistes. Ce livre est signé d’un Français, le baron de Mandat-Grancey. Il détaille son expédition dans les Black Hills, ces terres aurifères des Etats du Dakota. Elle a eu lieu au XIXème siècle, mais comme ce voyageur a la plume juste, beaucoup des choses racontées dans ce livre sont toujours vraies aujourd’hui. Notamment le fait que beaucoup de choses aux Etats-Unis sont des questions d’argent et de profit. "


Le Président est-il devenu fou ?

François Bujon de L’Estang

"Je vous ramène aux Etats-Unis avec ce très original ouvrage de Patrick Weil. L’auteur est historien, directeur de recherches au CNRS et visiting professor à Yale. Il y est question du président Woodrow Wilson, qui présida au naufrage du traité de Versailles devant le Sénat américain, par un comportement intransigeant et largement aberrant. Un grand diplomate américain, William Bullitt, le croyait fou. Il s’est donc séparé de Wilson dont il avait été le conseiller. Il s’est longtemps entretenu avec Sigmund Freud à propos du président américain, si bien qu’ils ont écrit à quatre mains une espèce de psychanalyse écrite de Wilson. Ce livre ne fut publié qu’en 1966, mais garde sa pertinence. Une pièce de choix à verser au dossier « ces malades qui nous gouvernent ». Celui de Patrick Weil prend comme fil rouge la brillante carrière diplomatique de Bullitt. Fascinant, mais aussi très éclairant."


La guerre entre la France et l’Allemagne redevient possible

Michaela Wiegel

"Je voudrais moi aussi cette semaine partager un étonnement, mais aussi une colère. C’est ce que j’ai ressenti à la lecture de la tribune publiée par Jacques Attali, l’un des visiteurs du soir du président Macron. Elle a pour titre : « la guerre entre la France et l’Allemagne redevient possible ». Selon Attali, l’actuelle divergence serait d’une nature très différente d’autres tensions qu’ont pu éprouver les deux pays par le passé. Je ne suis absolument pas d’accord avec son analyse, et je trouve assez néfaste que presque toute la presse actuelle reprenne l’idée que les actuelles divergences à propos de l’énergie sont indépassables. Je pense pour ma part que nos mécanismes de dialogues sont si profonds et multiples que nous parviendrons à surmonter ces divergences. Une guerre entre nos deux pays n’est absolument pas envisageable. "