"Je recommande très vivement ce film russe, signé de Natalya Merkulova et Aleksey Chupov. Il est sorti en 2021, ce qui signifie qu’il a été fait vers 2019-2020. Il serait tout à fait impossible qu’il soit fait dans la Russie d’aujourd’hui. Bien sûr à cause de la guerre et du verrouillage des diverses formes d’expression, mais aussi parce qu’il pose - entre autres- la question de la mémoire du stalinisme, une question décisive. Si décisive qu’on voit bien l’action que Poutine a mené contre ceux qui tentaient d’entretenir la vérité à son propos. Ici, on est en plein dans le pire de cette période, les années 1936 à 1938, au moment de la grande purge de 1936 et de la famine en Ukraine. A Saint-Petersbourg, le capitaine Volkonogov fait partie des équipes chargées d’arrêter les suspects, de fabriquer des accusations, des preuves et de passer aux exécutions. Et un jour, alors qu’il comprend que son sort sera le même que celui des gens qu’il a torturés et assassinés, il s’échappe. Et pendant sa fuite, il a une révélation. Premièrement, qu’il y a une vie après la mort et que le paradis existe, et deuxièmement qu’il n’y entrera jamais s’il n’y a pas au moins un parent de l’une de ses victimes qui le pardonne. Il part alors en quête de cette rédemption. Je ne connais pas d’autre film avec un sujet pareil. En tous cas celui-ci en parle d’une manière extrêmement forte. C’est un petit film, il est sorti il y a quelques semaines en France, on pouvait donc craindre que son sort commercial ne soit rapidement scellé. Or le jour où j’y suis allé, j’ai eu la bonne surprise de voir que la séance était complète. Espérons que cet engouement continuera, et qu’il portera longtemps cette magnifique expression du cinéma russe."