"Je voudrais ouvrir cette séquence des brèves en répétant ce que j’ai dit la semaine dernière. On dit souvent que lire c’est vivre la vie des autres ou du moins la vie que l’on a pas. Quand il s’agit des Mousquetaires on s’imagine vivre des aventures exaltantes et des exploits formidables dans un contexte d’amitié étonnant. Quand il s’agit de lire le livre de Philippe Lançon Le Lambeau, on est d’abord impressionné par sa capacité à faire de la littérature. C’est à dire ne pas faire du stylé ou des manières mais arriver à retransmettre quelque chose qui semble intransmissible, je rappel que Philippe Lançon était ce journaliste qui travaillait à Libération et Charlie Hebdo et qui se trouvait à Charlie au moment de l’attentat, c’est d’ailleurs un rescapé. Sur le fait d’être un rescapé il écrit des choses très fortes. Mais c’est un rescapé terrible, il a passé deux ans à suivre des opérations chirurgicales d’une difficulté étonnante. Ca n’est pas ça l’important puisqu’il suffirait de faire la liste de ses malheurs si on voulait attirer la sympathie. Il ne cherche pas à attirer la sympathie, c’est peut-être même pas le partage puisque je pense que c’est quelque chose qui n’est pas partageable. Mais peut-être une façon d’alléger le fardeau qu’il porte et pour ça il faut être un écrivain et Philippe Lançon l’est, son livre s’appelle le Lambeau et il est publié aux éditions Gallimard."