David Lloyd George

Brève proposée par Jean-Louis Bourlanges dans l'émission Face à la haine antisémite ; Syrie : les casse-tête de l’après Daech (#77), que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

David Lloyd George

Jean-Louis Bourlanges

"Je voudrais recommander le livre de James McCearney - professeur à Sciences Po - sur David Lloyd George qui est, je crois, un grand inconnu des Français et de l’historiographie britannique. C’est pourtant le Premier ministre qui a conduit le Royaume-Uni à la victoire en 1918. C’est un personnage très intéressant d’abord parce que c’est un Gallois des classes moyennes. Haig qui dirigeait l’armée britannique et qui était apparenté à la famille royale ne comprenait pas que l’on puisse avoir quelqu’un de si basse extraction au 10. Downing Street. Mais il a mené le combat des Britanniques à la victoire et il a, en 1910, instauré le grand budget du peuple qui est le grand budget réformiste, social dans le gouvernement auquel Churchill était associé avec un rôle essentiel dans le développement de l’Etat-Providence. Il était d’une banalité pas très attachante, relativement corrompu; il avait plus ou moins les vices des classes inférieures comme dirait Oscar Wilde. Concernant Mccearney, je dirais que c’est quelqu’un qui a publié récemment trois bibliographies : celle Disraeli, celle de Gladstone et finalement celle de Lloyd George. Ce sont les trois bibliographies qui nous manquaient, si je puis dire, aux côtés de celles de Churchill. Il faut les lire pour comprendre un petit peu mieux ce qu’est le Royaume-Uni. "


Les autres brèves de l'émission :

Les Faux-semblants du Front national / Les inaudibles : Nonna Mayer

Lucile Schmid

"Je voulais revenir sur les travaux de Nonna Mayer parce que je trouve que dans les entretiens qui ont été réalisé sur l’antisémitisme c’est l’une des plus remarquables. Je souhaiterais donc recommander deux de ses livres parus en 2015 - qui par ailleurs ne portent pas spécialement sur l’antisémitisme mais qui peuvent aider à comprendre comment il se nourrit. D’une part, Les Faux-semblants du Front national paru aux Presses de Sciences Po qui est très intéressant pour analyser objectivement comment ce mouvement peut se nourrir. Par ailleurs, encore plus important en ces temps de Gilets Jaunes, les Inaudibles qui est un livre écrit avec Céline Braconnier sur la question des précaires avec l’idée que ces inaudibles ne sont pas désafilliés politiquement cependant ils sont hors d’un système. Je pense que les gilets jaunes sont les inaudibles qui veulent se faire entendre. "


Berlioz, Les Troyens ( Erato – Warner Classics France) avec J. DiDonato, M. Spyres, Choeur et Orchestre philharmonique de Strasbourg. Direction : John Nelson

François Bujon de L’Estang

"Un mot de musique si vous permettez puisqu’elle adoucit, parait-il, les moeurs. Vous permettrez au vieux fan inconditionnel d’Hector Berlioz que je suis de se réjouir très vivement du fait que les victoires de la musique de 2019 ont couronné un enregistrement magnifique d’une version de concert des troyens qui a été donné par l’orchestre national de Strasbourg et les choeurs de l’opéra du Rhin, sous la direction de John Nelson avec de splendides interprètes comme Joyce DiDonato et Michael Sypres. C’est une première raison pour laquelle je me réjouis puisque ça couronne une magnifique oeuvre. La seconde, c’est que ça nous venge de la désolante version des troyens que nous offre l’opéra Bastille pour l’instant et qui est absolument consternante; d’abord sur le plan musical car il y a des coupes sombres, ensuite parce que la mise en scène d’un prétendu metteur en scène transgressiste aboutit à des situations qu’on dirait niaiseuses au Québec (notamment le fait que l’un des plus beaux duos d’opéra français : le fameux « Nuit d’ivresse et d’extase » est donné par Didon et Enée dans un tropique de bazar. Ceci appelait vengeance et les victoires de la musique s’en sont chargées. "


Corentine

Philippe Meyer

"Je voudrais recommander le dernier livre de Roselyne Bachelot, Corentine, qui est le portrait d’une femme sortie de la Bretagne la plus misérable. L’intérêt du livre provient de la précision des différentes situations, décors, ainsi que des différents personnages. Corentine sort de la Bretagne arriérée pour vivre à Paris la vie d’une domestique la plus esclavagisée pour avoir la chance de rencontrer quelqu’un qui la sortira de sa condition. Elle même devient ouvrière durant la guerre de 14 et ce livre nous offre alors une description de la condition des ouvrières. Il y a là quelque chose qui donne un portrait absolument remarquable et très admirable. "


Sérotonine

Nicole Gnesotto

"J’ai finalement acheté le dernier roman de Michel Houellebecq, Sérotonine et je vais en faire une critique ambivalente. Je crois que le roman est très ennuyeux. Il est vrai que l’histoire d’un homme qui veut disparaitre alors qu’il est relativement riche, jeune, intelligent et qu’il n’a donc pas de problème particulier dans la vie est profondément ennuyeux. La métaphore de l’impuissance physique de cet homme par rapport à l’impuissance de l’Occident est assez banale. Mais les 80 dernières pages qui sont, non pas sur le désespoir mais la désespérance, c’est à dire la lente plongée vers le désespoir sont sublimissimes. "