"Je voudrais évoquer un souvenir. Nous avons discuté dans l’émission la chute du mur et la libération de l’Europe centrale et orientale, c’est sans doute le grand évènements pour les gens de ma génération. Je l’ai moi-même vécu lors d’un voyage que nous avions fait avec ma femme Angéline et Simone Veil. Nous étions allés en Hongrie, au moment où celle-ci changeait complètement de visage. Nous avions été accueillis dans le château des Brunszvik, à Martonvásár, dans lequel Beethoven vécut un temps, (il y eut même une histoire amoureuse qui comme à son habitude, fut désastreuse). Nous avions donc été accueillis à la nuit tombée par un quatuor de Beethoven, dans une atmosphère absolument romantique. C’est l’image la plus forte que j’ai eue de la réintégration de « l’Europe kidnappée » dont parlait Kundera, pour moi qui n’étais pas à Berlin lors de la chute du mur. Il y avait, avec Simone Veil qui avait vécu l’horreur de la seconde guerre mondiale, une façon de boucler là toute l’histoire. C’est là le moment pivot de mon histoire personnelle concernant le sujet d’aujourd’hui. "