L’alerte démocratique

Brève proposée par Jean-Louis Bourlanges dans l'émission Thématique : Comprendre la Russie, avec Sylvie Bermann / n°128, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

L’alerte démocratique

Jean-Louis Bourlanges

"Je profite du fait que nous faisons une émission sans Nicolas Baverez pour recommander son dernier livre. C’est une analyse de la crise des valeurs que nous vivons. Il y analyse très bien les rapports avec les années 1930, les différences, la montée du populisme, et propose des solutions, qui sont classiques. Mais deux choses me paraissent importantes : d’abord il sonne le tocsin, et nous fait comprendre que le populisme n’est pas qu’une protestation lointaine mais une menace réelle et très présente. Ensuite, il insiste sur quelque chose qui me paraît très vrai, à savoir que le fond de l’affaire est le ressort moral. Il cite Périclès : « se reposer ou être libre, il faut choisir ». J’ai l’impression que le repos est une tentation forte. Nicolas Baverez place tout son livre sous le patronage de Ionesco et du monologue final de Rhinocéros, dans lequel Bérenger finit par déclarer : « je suis le dernier homme »."


Les autres brèves de l'émission :


Nous autres réfugiés

Béatrice Giblin

"Je vais vous parler d’un tout petit livre d’Hannah Arendt. C’est un très beau texte, dont je vous citerai cette phrase : « les « réfugiés » sont désormais ceux d’entre nous qui ont connu un malheur et ont dû émigrer, sans ressources, dans un autre pays et trouver de l’aide auprès de comités de réfugiés. Nous avons perdu notre foyer, c’est-à-dire la familiarité de notre vie quotidienne, nous avons perdu notre travail, c’est-à-dire l’assurance d’être de quelque utilité en ce monde, nous avons perdu notre langue, c’est-à-dire le naturel de nos réactions, la simplicité de nos gestes, l’expression spontanée de nos sentiments. Nous avons abandonné nos parents et nos meilleurs amis ont péri, ce qui signifie que notre vie privée a été brisée. » Qu’on s’en souvienne vis-à-vis des réfugiés qu’on a du mal à accueillir."


Moscou Au cœur de la création contemporaine

Philippe Meyer

"Je signale la publication aux ateliers Henry Dougier des éditions Payot d’un ouvrage consacré à Moscou par un journaliste français, Étienne Bouche. Il y est question de la création contemporaine dans plusieurs domaines. Il comprend des entretiens avec des artistes, qui vont de pianistes à des metteurs en scène ou des photographes, ainsi qu’un guide géographique des lieux de la création contemporaine dans la capitale russe."


Le manchot magnifique

Philippe Meyer

"Sylvie Bermann : Si on veut s’intéresser à la Russie pendant les prémisses de la révolution, je recommande le livre de Guillemette de Sairigné. C’est l’histoire de Zinovi Pechkoff, fils adoptif de Gorki, né à Nijni-Novgorod, et qui montre bien d’ailleurs que Gorki n’est pas seulement celui qui a collaboré avec le régime (qu’on accuse parfois de lâcheté), mais aussi quelqu’un qui défendait les Juifs, et les révolutionnaires. En 1914, Pechkoff a voulu s’engager dans la Légion étrangère, où il a combattu. Il est devenu général, et même ambassadeur du général de Gaulle auprès de Tchang Kaï-Chek. C’est une vie extraordinaire, et une histoire passionnante qui couvre tous les continents. "