143 rue du désert

Brève proposée par Akram Belkaïd dans l'émission L’Algérie, un an plus tard ... / n°130, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

143 rue du désert

Akram Belkaïd

"Je voudrais rester dans le sujet algérien et vous parler de Hassen Ferhani, un réalisateur algérien de documentaires. Il avait en 2015 sorti « Fi Rassi Rond-point », tourné dans les abattoirs d’Alger (qui ont été détruits depuis). Il avait filmé la communauté qui vivait dans ces abattoirs et représentait une sorte de modèle réduit de ce qu’était l’Algérie. L’un des personnages prononçait cette phrase culte : « En Algérie, on ne ment jamais mais on ne succombe jamais à la vérité ». Hassen Ferhani sort un nouveau documentaire, qui s’appelle « 143 rue du désert ». C’est dans le désert algérien, et c’est une femme qui tient un relais routier. Le film est assez saisissant, il a été primé en septembre dernier à Locarno, il sera diffusé en France à partir du mois de juin. Cela me donne l’occasion de dire qu’il y a une production cinématographique algérienne de qualité qui est de plus en plus importante. La génération qui s’exprime en ce moment est la plus talentueuse qu’on ait eue. Le problème est qu’en France les diffusions sont souvent restreintes alors que le public existe. "


Les autres brèves de l'émission :

Cuban network

Matthias Fekl

"Pour ma part je vous conseille le film d’Olivier Assayas, très beau lui aussi. On suit l’arrivée à Miami de deux Cubains de Cuba dans les milieux cubains de Floride. Je ne vais pas raconter davantage car il s’agit d’un thriller à suspense. Mais le film montre aussi les difficultés de la vie à Cuba, et les relations qui restent à fleur de peau entre les Cubains de l’île et ceux de la diaspora, et le rôle de ces derniers dans la vie politique américaine. Des plaies restent béantes plus de 60 ans après la révolution cubaine. Une situation dont on espérait qu’elle pourrait évoluer à la fin du mandat d’Obama, ce qui ne fut malheureusement pas le cas. "


Une vie cachée

Nicole Gnesotto

"Je vais rester dans le cinéma pour vous recommander très vite voir le dernier film de Terrence Malick, avant qu’il ne disparaisse des écrans. C’est très beau, les paysages autrichiens sont magnifiques, il y a une puissance visuelle presque mystique. C’est l’histoire d’un homme qui dit non, d’un objecteur de conscience sous le régime nazi. Il accepte d’être enrôlé mais refuse de dire « heil Hitler ». Il sera déterminé jusqu’à sa fin, tragique. Il a d’ailleurs été béatifié en 2007. C’est peut-être le défaut du film, ce mysticisme catholique. Mais ça n’en reste pas moins un très grand film, et une bouleversante merveille visuelle."


Le monde arabe existe-t-il (encore) ?

Béatrice Giblin

"Je vous signale la sortie dans le collection Araborama (sous l’égide de l’Institut du Monde Arabe) d’un premier ouvrage. Il y aura je crois un volume par an ; il s’agit d’une présentation pluridisciplinaire de la situation du monde arabe. Le titre est presque provocateur, mais l’intérêt est grand, puisqu’il s’agit d’une approche à la fois historique, sociologique, qui laisse beaucoup de place à la culture contemporaine. Qu’il s’agisse de dessinateurs humoristiques, de peintres, de musiciens, tous sont représentés. Les journées de l’Histoire de l’IMA commencent ce dimanche. Il y en aura d’autres : le 7 juin puis le 24 octobre, avec de nombreux évènements."


American Factory

Philippe Meyer

"Dans la foulée je recommanderai cet autre documentaire, visible sur Netflix. Il a été tourné à Dayton, Ohio, dans une usine fabriquant des vitres pour les automobiles, et qui a été rachetée par les Chinois. Les ouvriers Chinois arrivent, ils ne sont évidemment pas payés un centime de plus que s’ils étaient en Chine, travaillent six jours par semaine (contre cinq pour les Américains), et sont corvéables à merci. A un moment on emmène la maîtrise américaine, plutôt réticente, en Chine pour essayer de la convaincre, à l’occasion d’une fête d’usine chinoise. Je préfère n’en rien dire, tellement les dessous de cette fête sont épouvantables. Tout le personnel a été mobilisé pour chanter, danser, etc. Quand on lit la traduction des paroles de ces chansons, cela donne à peu près : « vivement que nous puissions travailler encore plus ! Vive la productivité accrue ! Vive nos chefs ! Etc. » On a l’impression d’être dans un film de Mel Brooks, ce n’est hélas pas le cas."


Les bourreaux de Staline - Katyn, 1940

Philippe Meyer

"La chaîne Arte offre la possibilité de revoir des émissions. Je vous conseille une série de documentaires remarquables, tant au point de vue de l’image qu’à celui du contenu, sur le massacre de Katyn, sur le long chemin vers le pacte germano-soviétique, sur la nature du Goulag. Ces documentaires sont longs, très bien rythmés, le récit est précis. Ils consacrent d’une certaine manière la sortie d’une histoire très idéologisée. "