"Le confinement a eu des effets graves sur mon approvisionnement en journaux, ce qui fait que je n’ai pas appris le décès, début avril, d’un homme qui a beaucoup compté pour moi : Robert Poujade. Il faut saluer sa mémoire, car c’était un homme politique comme on n’en verra plus, et qui à mon avis faisait honneur à la société politique. C’était un littéraire, normalien, il croyait à la puissance des mots. Gaulliste d’après-guerre (puisque trop jeune pour être résistant). Il était extrêmement brillant, c’est lui qui a créé le ministère de l’environnement, à une époque où cette problématique était extrêmement difficile à faire entendre. C’était un précurseur, dont la mémoire doit être saluée, ainsi que l’esprit. Pendant le mandat du président Giscard, alors que Chirac s’impatientait, il m’avait décrit ce dernier de façon remarquable : « Le problème de Jacques Chirac est qu’il est habitué à vivre dans une république où les présidents ne finissent pas leur mandat ». C’était le genre d’observation distante et ironique dont cet homme était capable. "