Le marxisme introuvable

Brève proposée par Marc-Olivier Padis dans l'émission #20 - Migrants & Iran, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Le marxisme introuvable

Marc-Olivier Padis

" Je voudrais saluer la mémoire d’un historien récemment disparu Daniel Lindenberg, qui a travaillé longtemps à la revue Esprits. Il a été célèbre pour la querelle des nouveaux réactionnaires il y a quelques années. Une querelle dans laquelle il tenait un rôle à contre-emploi, non pas sur le fond, non pas qu’il ait défendu des idées qui n’étaient pas les siennes mais en raison du rôle qu’il a été amené à tenir. Notamment dans le cadre d’une querelle très médiatisée parce qu’il n’avait pas du tout l’humeur d’un polémiste même si il aimait les controverses intellectuelles, il n’y avait jamais aucune méchanceté dans ses propos et ses écrits et plutôt que de reparler de ce livre, je voudrais juste citer deux livres dans sa production qui sont pour moi les deux livres les plus importants et qui restent très intéressants à lire aujourd’hui, c’est : Le marxisme introuvable. Un livre qui rappelait toute la richesse de la gauche non-marxiste. Et puis un livre plus personnel qui s’intitule Figures d’Israël et qui est une description des courants idéologiques du franco-judaïsme et dans lequel il défendait l’idée dans le fond, de la créativité culturelle de la diaspora juive. Daniel Lindenberg était quelqu’un qui n’était pas sioniste justement il croyait plutôt à la créativité de la diaspora et ce livre en est une belle illustration."


Les autres brèves de l'émission :

La puissance chinoise en 100 questions

Nicole Gnesotto

"Moi je vais passer à l’autre extrême géographique. Je vais parler du livre de Valérie Niquet sur la puissance chinoise en 100 questions sous-titré « un géant fragile » qui est paru chez Tallandier à la fin de l’année dernière dans cette collection dont on a déjà parlé ici en 100 questions. Alors évidemment explorer la puissance chinoise avec toutes ses contradictions, son opacité en 100 courtes questions relativement brèves ça peut paraître une gageure mais je trouve que Valérie Niquet le fait très très bien, elle dirige les études sur l’Asie à la fondation de la recherche stratégique et surtout elle donne au lecteur un aperçu assez exhaustif de l’étendue des défis, des enjeux que les autorités chinoises doivent relever d’ici les deux prochaines décennies et c’est tout à fait intéressant"


L'infini va bientôt finir

Philippe Meyer

"Je recommanderai le livre les poèmes que Jean Pérol a rassemblés sous le titre L’Infini va bientôt finir (Editions La Rumeur libre). De la poésie de Pérol, Alain Jouffroy a écrit « elle atteinte plein fouet la cible ratée par tant de narcissiques du langage-pour-le-langage ».
Je vous en propose « Autres amours » :
ça mâchait du micron-ondake
le soir devant la télé
et pensait dur micro-pensable
sur le canapé des coeurs affalés
tapotait du micro-tweetable
pour des tweets sur des écrans bleus
ça broyait du micro-vivable
dans le lit sans pouvoir dormir
ça baisait du micro-baisable
En suivant les cours du comment jouir "


Revue America

François Bujon de L’Estang

"Moi je voulais saluer la sortie du quatrième numéro en décembre de la revue America. Cette singulière revue éditée par François Busnel et le 1 qui est sous-titrée « l’Amérique comme vous ne l’avez jamais lue» et qui, comme vous le savez, a quatre numéros par an et se propose de paraître pendant les quatre ans de la présidence Trump. En réalité, cette revue continue d’être extrêmement intéressante et favorise d’ailleurs un regard qui est davantage littéraire et sociologique que proprement politique sur l’Amérique d’aujourd’hui. Le numéro 4 donc celui qui vient de sortir est particulièrement intéressant on y trouve une remarquable interview de Paul Auster qui est longue et fournie et qui donne tout à fait envie, ce que je vais faire incessamment, de lire son dernier roman qui s’appelle 4, 3, 2, 1 mais il y a aussi un article de Stephen King sur la violence en Amérique, sur le problème des armes à feu etc. Il y a aussi un très intéressant article et une interview de Tom Wolf. Nous trouvons là véritablement une revue de qualité sur l’Amérique d’aujourd’hui peut-être pas « comme vous l’avez jamais lue » mais comme il est agréable de la lire"


Evremond De Bérard

Philippe Meyer

"François Sureau : Un élément nécrologique puis une recommandation. L’élément nécrologique c’est que le plus grand écrivain français depuis une quarantaine d’année est mort hier dans l’indifférence générale : Guy Dupré. Qui est l’auteur de Les fiancées sont froides, du Grand Coucher et des manœuvres d’Automne. Disparition qui a d’ailleurs été remarquablement saluée par le président de la République, ça fait plaisir de temps à autre quand on voit les platitudes auxquelles les discours officiels nous ont habitué sur le départ des grands écrivains, c’est assez frappant. Et Guy Dupré, j’engage tous nos auditeurs à trouver ses livres, c’est un personnage tout à fait étonnant, moitié japonais, moitié français, dont l’œuvre se situe aux confluents de Maurice Barrès et d’André Breton ce qui est quand même une gageure. Dans une phrase absolument magnifique avec une part énorme de l’incertitude et de la douleur française au travers des deux guerres mondiales, Guy Dupré était un auteur absolument exceptionnel.
Deuxième chose, il faut voyager et moi j’aime beaucoup les peintres voyageurs, vous savez comme les peintres de marine, et on publie ces jours-ci les œuvres complètes, l’œuvre picturale, c’est un petit livre d’art qui coûte pas cher, d’Evremond de Bérard qui a exploré un très grand nombre de pays. Il est né en 1822, il est mort en 1880 et l’essentiel de sa production c’est 1850-1860. Il y a des aquarelles et des gouaches de ses voyages en Perse, en Egypte en particulier qui sont d’une intelligence ethnologique et sensible absolument remarquable."