"Les Olympiades sont un quartier de Paris qui n’existait pas jusqu’à ce que Jacques Audiard ait l’idée de rendre cette inexistence en choisissant de la filmer en noir et blanc. Dans ce Paris qui a bien peu à voir avec Paris, trois jeunes femmes et un jeune homme se croisent comme dans un dessin de Sempé, où l’on voit un jeune homme qui, seul chez lui, rêve d’une jeune femme qui, seule chez elle, rêve d’un jeune homme qui a les traits de celui qui rêve à elle. Lorsqu’ils sortent chacun de son appartement et qu’ils se croisent dans la rue, aucun des deux ne sait comment se déclarer à l’autre et ils passent leur chemin. Les héroïnes et le héros de Jacques Audiard font plus que se croiser, mais ils n’en passent pas moins à côté les uns des autres, sauf, peut-être les deux plus déjantées, Nora, qui a cru que monter à la capitale lui offrirait une nouvelle vie et Amber, qui gagne la sienne en monnayant ses charmes sur internet. Audiard filme, ces vies qui débutent et qui patinent, ces rapports qui se retournent comme des gants, dans ce non-lieu hautement cinématographique qu’est le quartier des tours des Olympiades avec un humour que je qualifierai d’intransigeant servi par des actrices et un acteur dont le choix montre une fois de plus son intelligence exceptionnelle de la distribution des rôles."