" Manger du pain de fesses est une source de revenus que rendent aléatoire les lois récentes sur la prostitution et sur sa clientèle. Disons-le, le barbeau, le souteneur, le marlou, l’alphonse, le dos-vert, en un mot le proxénète n’a pas devant lui de grandes perspectives de carrière. Est-ce à dire qu’il deviendra de plus en plus difficile de gagner son pain avec le corps d’autrui ? Je l’ai cru, mais j’ai été rassuré par la lecture de mon confrère « L’Équipe » (j’adore écrire « mon confrère l’Équipe », rien qu’à prononcer ces mots, j’ai l’impression que mes abdominaux s’affermissent). En rapprochant la question de l’avenir des proxénètes de celle de la lecture de l’Équipe, je ne fais nullement allusion au soutien actif que certains footballeurs apportent à l’industrie du sexe. Ce ne sont pas vers les fesses des péripatéticiennes qu’il convient de se tourner si l’on veut gagner son pain, et même le beurrer au beurre cru d’appellation d’origine contrôlée. Où sont donc ces fessiers lucratifs et à qui appartiennent-ils ? D’abord, nul ne sera surpris que les postérieurs dont on peut aujourd’hui tirer un revenu soient indifféremment des pétards d’homme ou des popotins féminins. L’évolution des mœurs exige cette égalité, même si le bas du dos des jeunes femmes se loue plus de quatre fois plus cher que le dargeot des messieurs. Je parle ici des volleyeurs, dont l’arrière du short de loue aux publicitaires pour 12.000 euros par paire de fesses et par match de championnat, alors que le même emplacement sur les shorts des volleyeuses se négocie autour de 50.000 euros. Comme le fait remarquer mon confrère de l’Equipe Jean-Luc Thomas (même remarque que tout à l’heure), les positions très fléchies en attente du service adverse ou en extension pour contrer au filet placent presque constamment le bas du dos des volleyeuses au cœur de l’action. Il en va de même au basket, où les joueurs qui prennent position dans l’attente d’un lancer franc offrent au public et aux caméras une vue panoramique sur leurs muscles glutéaux. Il n’y a plus qu’à imprimer sur ces globes charnus le nom de la marque qui veut être mise en avant sur ces arrières. Le rugby aussi n’est pas mal. Que de croupes offertes aux regards à la mêlée et à la touche ! Et quel spectacle que celui d’un derrière glissant sur le gazon vers la ligne de but et sur lequel on pourra déchiffrer, par exemple, le logo d’un producteur de surgelé ! Les rugbymen de Montpellier ont d’ailleurs ouvert le bal en ornant l’arrière de leurs shorts de l’adresse d’un site de rencontres. La directrice du marketing de leur club (puisque les clubs de rugby ont des directions du marketing…) a justifié cette imitative en ces termes : « On a 26 ans d’existence et on n’a rien gagné. On ne va donc pas communiquer sur nos titres. » Parle à mon arrière de short, mes deux pieds sont dans la même chaussure. Comme TF1 du temps de cerveau, les clubs sportifs vendent désormais de l’espace de derrière disponible..."