La rentrée politique et sociale d’Emmanuel Macron
Introduction
Après un été marqué par une importante chute de sa popularité dans les sondages, le chef de l’État a engagé plusieurs des réformes présentées comme essentielles.
La première est celle du code du travail. Après le vote par le Parlement d’une loi d’habilitation au cours de l’été, le Premier ministre et la ministre du travail ont présenté, jeudi 31 août, le contenu des cinq ordonnances pour le renforcement du dialogue social. La CFDT a jugé que le gouvernement privilégiait la flexibilité au détriment de la justice sociale, la CGT et Sud ont appelé à manifester contre ce projet le 12 septembre et La France insoumise, qui parle de « coup d’État social » organise un rassemblement le 23 septembre. Alors que l’exécutif a vivement souffert de la baisse du montant de l’aide personnalisée au logement ou de la suppression des contrats aidés, la question se pose de l’ampleur que pourrait prendre la mobilisation de la rue.
La réforme de l’impôt sur la fortune (ISF) concentre les critiques venues de gauche comme de droite, tout comme de l’exonération de la taxe d’habitation pour 80% des ménages ou la baisse des cotisations salariales. Pour ramener le déficit public sous le seuil des 3% du produit intérieur brut tout en diminuant les prélèvements obligatoires, le gouvernement doit réaliser près de 20 milliards d’euros d’économies sur la dépense publique. Il peut cependant s’appuyer sur le rebond de la croissance, qui devrait s’établir à 1,6% en 2017, contre 1,2% l’année précédente.
D’autres chantiers législatifs sont également au programme de cette rentrée. Ils concernent la fin de l’état d’urgence, l’accès au logement l’entrée à l’université ou la refonte du système de l’assurance-chômage alors que le Premier ministre a annoncé la suppression du régime social des indépendants pour le 1er janvier 2018.
Pour mener à bien ces réformes, le président de la République a choisi de modifier sa stratégie de communication. Il a demandé aux ténors du gouvernement et de la majorité de renforcer leur présence dans les médias, tandis que les parlementaires LREM se réorganisent pour éviter les couacs qui ont émaillé la séance extraordinaire de l’été. Pour expliquer le sens de ses réformes, Emmanuel Macron a accordé un long entretien à l’hebdomadaire Le Point. Une semaine plus tôt, en marge d’un déplacement en Roumanie, M. Macron déclarait que « les Françaises et les Français détestent les réformes ». Il y affirmait vouloir « convaincre le pays, non pas de se réformer, mais de se transformer » et avant-hier, le président a affirmé qu’il « ne céderait rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes ».
La crise coréenne
Introduction
La Corée du nord a procédé au cours de l’été à d’importantes avancées de son programme nucléaire militaire, sources de vives tensions sur la scène internationale. Pyongyang a tout d’abord procédé au lancement de deux missiles intercontinentaux susceptibles de supporter une charge nucléaire, les 4 et 28 juillet dernier. Des missiles de plus courte portée ont également été mis à l’essai, dont certains ont survolé l’archipel du Japon avant de s’abîmer dans l’océan Pacifique. Le régime a également procédé, dimanche 3 septembre, au sixième essai nucléaire de son histoire. Kim Jong-un s’est félicité du succès de cet exercice, qui voit son pays se doter d’une bombe six fois plus puissante que celle utilisée par les États-Unis en 1945. Les experts considèrent que d’ici un an, Pyongyang devrait être en capacité de frapper le territoire américain.
Face à ces progrès de la technologie nucléaire nord-coréenne, la communauté internationale a pris de nouvelles mesures de sanctions. Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, à l’unanimité, le 5 août, une résolution bloquant les exportations nord-coréennes de charbon, de minerais et de ressources halieutiques. Mais cette initiative se heurte à la détermination de Kim Jong-un, qui voit dans la dissuasion nucléaire le seul moyen d’assurer la pérennité du régime. Pyongyang et Washington se sont livrées à une escalade verbale, les 7 et 8 août, après que le président Trump a menacé de recourir « au feu et à la fureur, comme le monde ne l’a jamais vu jusqu’ici ». M. Kim a réagi en menaçant de frapper l’île de Guam, dans l’océan Pacifique, où près de 6 000 soldats américains sont actuellement stationnés.
Après deux mois de tensions, la situation apparaît aujourd’hui arrivée à un point de blocage. Si les États-Unis disent envisager des frappes ciblées pour détruire l’arsenal nucléaire nord-coréen, l’intervention semble à exclure dans la mesure où elle placerait le Japon et la Corée du sud sous le coup d’une riposte immédiate de Pyongyang. La Chine, qui a condamné le comportement de son ancien protégé et approuvé le durcissement des sanctions, s’oppose en revanche à risquer l’effondrement du régime avec la mise en place d’un embargo pétrolier. La Russie se trouve dans une impasse similaire. Condamnant l’attitude de Pyongyang, Moscou s’inquiète de la présence américaine à proximité de ses possessions extrême-orientales. Très en retrait dans cette crise, Vladimir Poutine a simplement proposé le principe d’un « double dégel », rejeté par Washington qui refuse de désarmer en pleine montée des périls. La Corée du sud, dont le nouveau président prônait une politique de la « main tendue » à l’égard de Pyongyang, a dû se résoudre à accepter le déploiement du bouclier antimissile américain dans le sud de la péninsule. Il a va de même au Japon, où le Premier ministre M. Abe envisage de réviser la Constitution pacifiste de 1947 pour renforcer les capacités de défense de l’archipel.
Dans ce contexte, la peur d’un conflit nucléaire généralisé a refait surface pour la première fois depuis la fin de la guerre froide. Certaines voix s’élèvent cependant pour remarquer que la Corée du nord, qui ne cherche qu’à assurer sa survie par l’effet de la dissuasion, n’aurait aucun intérêt à déclencher une escalade qui ne manquerait pas de se solder par la destruction du régime. D’autres commentateurs pointent en revanche l’irrationalité et la susceptibilité des deux principaux acteurs, M. Kim et M. Trump, et refusent d’écarter le risque d’un conflit nucléaire. D’autres enfin notent que rien n’empêcherait la Corée du nord, si celle-ci accède véritablement au statut de puissance nucléaire, de transmettre sa technologie à de nouveaux États. Au delà de l’éventualité d’une escalade, c’est donc peut être sur le système de sécurité collective issu du traité de 1968 sur la non-prolifération des armes nucléaires que pèse le risque le plus important.