L’Arabie Saoudite
Introduction
Samedi 4 novembre, les relations de l’Arabie Saoudite avec les autres puissances régionales se sont brusquement tendues. Effectuant une seconde visite à Riyad en moins de cinq jours, le Premier ministre libanais Saad Hariri y a été reçu par le prince héritier Mohamed Ben Salman. Depuis la capitale saoudienne, M. Hariri a annoncé sa démission du poste de Premier ministre du Liban, accusant Téhéran d’entretenir un « Etat dans l’Etat » par l’entremise du Hezbollah. M. Hariri a déclaré craindre pour sa vie et dénoncé une atmosphère semblable à celle qui avait mené à l’assassinat de son père, Rafic Hariri, en 2005.
Pourtant, la veille de cette démission, M. Hariri recevait à Beyrouth M. Velayati, le conseiller diplomatique du Guide suprême iranien. Selon certains observateurs, la soudaine démission du Premier ministre serait ainsi le résultat de pressions exercées par Riyad pour empêcher un possible rapprochement entre l’Iran et M. Hariri. En poste depuis décembre dernier, celui-ci est en effet issu de la communauté sunnite et était jusqu’à présent considéré comme l’un des relais d’influence de Riyad au Liban.
En marge de ces tensions diplomatiques, le prince Ben Salman a mené au plan intérieur une vaste épuration au sommet de l’Etat saoudien. Dans la soirée du 4 novembre, une cinquantaine de princes, d’hommes d’affaires et d’anciens ministres soupçonnés de faits de corruption ont été arrêtés. Parmi les victimes de cette purge figurent des personnalités importantes comme le milliardaire Al-Walid (propriétaire à Paris de l’hôtel Georges V) ainsi que plusieurs membres du clan Abdallah, le précédent souverain saoudien.
Cette opération de reprise en main du royaume s’inscrit dans une dynamique de changement insufflée par le prince Ben Salman. Celui-ci prône désormais les mérites d’une nouvelle Arabie modérée, ouverte et tolérante, en rupture avec l’image d’un pays longtemps considéré comme l’exportateur de l’islam radical wahhabite. Arrivé au pouvoir en juin dernier, Ben Salman a signé dès septembre un décret autorisant les femmes à conduire. Au cours de l’été, il a lancé un projet touristique d’envergure, qui vise à attirer capitaux et touristes étrangers vers de nouvelles stations balnéaires de la mer Rouge.
Face à ces ambitions renouvelées de l’Arabie saoudite, l’Iran a maintenu une position ferme. Les tensions entre les deux rivaux régionaux ont culminé, samedi 4 novembre, avec le tir d’un missile balistique yéménite vers l’aéroport international de Riyad. Lancé par les milices houthistes soutenues par Téhéran, le missile a été intercepté dans le ciel de la capitale, sans causer de blessés. Le prince Ben Salman a cependant dénoncé ce qu’il considère comme une agression directe de l’Iran. L’Arabie saoudite serait prête à se rapprocher d’Israël et des États-Unis pour isoler Téhéran sur la scène régionale.
Emmanuel Macron, retour d’Abu Dhabi, a fait jeudi soir une halte à Riyad et rencontré le prince Ben Salman.
Éducation
Introduction
Depuis la rentrée scolaire, le gouvernement a multiplié les annonces de réformes du système éducatif. La France se caractérise en effet par ses performances inquiétantes, marquées par d’importantes inégalités scolaires. D’après l’enquête PISA 2012, la France est le pays de l’OCDE où la réussite scolaire des enfants est le plus déterminée par l’origine sociale des parents. Près de 110.000 élèves quittent chaque année le système scolaire sans diplôme. Emmanuel Macron avait donc fait de l’éducation l’un des axes forts de sa campagne présidentielle. Pour mettre en œuvre ses engagements, il a fait le choix de deux ministres présentés comme des experts : Jean-Michel Blanquer à l’Éducation nationale et Frédérique Vidal à l’Enseignement supérieur.
Les premiers efforts de cette nouvelle équipe ont consisté à revenir sur certaines des mesures les plus controversées du quinquennat Hollande. Par un décret pris dès le 28 juin dernier, le ministre de l’Éducation nationale a ouvert la possibilité pour les communes volontaires de revenir à la semaine de quatre jours d’école. À la rentrée 2017, environ un tiers des écoles françaises avaient donc enterré la réforme des rythmes scolaires de 2013. De même, la réforme du collège adoptée en 2015 sous l’égide de Mme Vallaud-Belkacem a été vidée de sa substance. Son successeur a rétabli les classes bilingues ainsi que les heures de latin et de grec dans le secondaire, tout en réduisant les enseignements pratiques interdisciplinaires à la portion congrue.
Parmi les engagements présidentiels, trois dossiers prioritaires ont occupé le début du quinquennat. Le mois de septembre a été marqué par le dédoublement des classes de CP dans les zones d’éducation prioritaire. Mise en œuvre dans des délais très courts, cette réforme a concerné près de 2.500 classes, et devrait être étendue aux classes de CE1 à la rentrée prochaine. Conçu comme un instrument de lutte contre les inégalités dès le plus jeune âge, ce dispositif permet de limiter à 12 le nombre d’élèves par classe dans les milieux défavorisés. Second dossier majeur, le projet de réforme de l’accès à l’université a été présenté, lundi 30 octobre, par la ministre de l’Enseignement supérieur. Au terme d’une concertation marquée par la controverse sur le tirage au sort et un intense débat sur la sélection à l’université, la réforme vise à mieux orienter les étudiants pour réduire le taux d’échec en licence — aujourd’hui de 60%. Pour ce faire, le texte prévoit d’instaurer des « attendus » que les étudiants devront remplir pour être admis dans les différentes filières.
Enfin, le gouvernement doit lancer au mois de novembre une importante réforme du baccalauréat. L’examen pourrait être recentré sur quatre matières, tandis que le reste de l’évaluation reposerait sur le contrôle continu. Si les critiques contre les lourdeurs ou le coût du baccalauréat sont fréquentes, les projets de réforme portés au cours des dernières décennies ont invariablement échoué, entraînant parfois leur ministre avec eux.