#13 - Macron en Afrique & Liban et Syrie

Macron l’Africain

Introduction

Emmanuel Macron a effectué cette semaine son premier voyage d’envergure sur le continent africain. Du 27 au 30 novembre, il s’est rendu au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Ghana.
En entamant sa tournée par une escale au Burkina Faso, le président de la République a entendu se poser en soutien des pays membres du G5 Sahel. Cet ensemble de pays, qui réunit la Mauritanie, le Mali, le Burkina, le Niger et le Tchad, doit faire face à la menace du terrorisme islamiste, contre laquelle la France est engagée dans la région. Le Burkina connaît également une période de transition, après le coup d’État de 2015. Dans ses interventions, Emmanuel Macron a d’abord fait le choix de l’humilité face à la complexité et la diversité du continent. Comme tous ses prédécesseurs, il a promis la fin de la françafrique et une relation nouvelle fondée sur une coopération économique, militaire, universitaire et culturelle renforcée. Tout en évoquant les crimes de la colonisation, il n’a pas hésité à rappeler les Africains à leurs responsabilités sur des sujets comme les droits de l’homme et les migrations. Une initiative commune a été proposée avec le G5 Sahel pour frapper les organisations criminelles qui organisent en Libye des trafics d’êtres humains.
Emmanuel Macron a fait le choix de placer son voyage sous le signe de la jeunesse, insistant sur le fait que 70% de la population africaine a aujourd’hui moins de 30 ans. Lors d’une longue rencontre avec les étudiants de l’université de Ouagadougou, la capitale burkinabè, le président a apporté son soutien à la transition démocratique en cours dans le pays. Souhaitant donner sa vision personnelle du rapport de la France avec le continent africain, le président y a promis qu’il n’y avait pas « de politique africaine de la France ».
En Côte d’Ivoire, le président a posé la première pierre du métro d’Abidjan et assisté à un sommet Union Européenne-Union Africaine, en compagnie notamment d’Angela Merkel. Enfin, en étant le premier président français à se rendre au Ghana, Emmanuel Macron a innové en incluant un pays anglophone à sa tournée africaine.
Si M. Macron a considéré que l’Afrique était pour lui « le continent central, global, incontournable », il a néanmoins respecté la plupart des positions françaises traditionnelles.

La Syrie et le Liban

Introduction

Mardi 28 novembre une réunion du « groupe de contact » pour la Syrie s’est tenue à Genève à l’initiative de la France. Ces négociations réunissent les représentants du pouvoir et de l’opposition syrienne autour de la communauté internationale. Les discussions en cours ont porté sur l’application de la résolution 2254, adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies en décembre 2015. Elle prévoit une transition en Syrie qui ne serait pas conditionnée par le départ de Bachar Al-Assad. Cette transition reposerait sur l’élaboration d’une nouvelle Constitution et la tenue d’élections sous le contrôle des Nations unies. Peu d’espoir subsiste cependant quant à une possible issue diplomatique, les positions des deux camps étant opposées sur tous ces points. Par ailleurs, la question des réfugiés reste particulièrement importante, alors que sept millions de Syriens ont dû fuir leur pays et qu’autant sont déplacés à l’intérieur des frontières.
Ces négociations interviennent quelques jours après le retour à Beyrouth du Premier ministre libanais démissionnaire, Saad Hariri, le 21 novembre. M. Hariri avait été convoqué et retenu plusieurs jours en Arabie Saoudite, d’où il avait annoncé sa démission. Riyad, qui semble avoir dicté sa lettre de démission à Saad Hariri, entend empêcher une « mainmise » iranienne sur le Liban en obtenant la fin d’une coalition gouvernementale qui inclut le Hezbollah. La médiation d’Emmanuel Macron semble avoir permis une désescalade en organisant le départ de M. Hariri vers Paris.
Cette nouvelle montée des tensions illustre l’influence grandissante du groupe Hezbollah au Liban et en Syrie. Fondée en 1982 pour lutter contre l’armée israélienne au Sud Liban, la milice chiite, parrainé par la République islamiste d’Iran, est devenue une puissante organisation qui a acquis une stature régionale à part entière. Au Liban, son rôle politique et social est essentiel. Mené par Hassan Nasrallah, le parti cumule les victoires électorales en prônant la défense des classes sociales les plus fragiles. Le Hezbollah est, par ailleurs, allié depuis 2006 avec le parti chrétien libanais du Président Michel Aoun. En Syrie, le Hezbollah s’est avéré décisif pour la survie du régime du président Bachar al Assad. Coopérant directement avec le corps expéditionnaire russe et les forces iraniennes, le Hezbollah a été le fer de lance de la reconquête des grandes villes de l'Ouest syrien, Homs puis Alep en 2016. Au-delà du front syrien et du Liban, le Hezbollah est présent aux quatre coins du Moyen Orient. Il serait, par exemple, présent aujourd’hui au Yémen pour appuyer les rebelles Houthis.
En Occident, l’image du Hezbollah est contrastée : placée sur la liste des organisations terroristes par les Etats-Unis et Israël, sa branche armée seulement figure sur celle de l'Union européenne.

Les brèves

L'Enchantement musical

François Bujon de L’Estang

"La musique adoucissant les mœurs je fais souvent des brèves musicales, cette fois ci c’est une lecture que je recommande. Albin Michel a eu l’excellente idées de publier des inédits de Vladimir Jankélévitch sur la musique, et pour tous ceux qui ont aimé l’enseignement de Vladimir Jankélévitch, tous ceux qui savent ce que la musique lui a apporté et a apporté à sa réflexion philosophiques, tous ceux qui ont aimé La musique et les heures ou La Musique et l’Ineffable qui sont à peu près ce qu’on a écrit de meilleur et de plus intelligent sur la musique, je recommande vivement ces textes rassemblés sous le titre L’Enchantement musical qui nous ramène la pensée, la présence de Vladimir Jankélévitch."

Dîtes-leur que je suis un homme

Philippe Meyer

"En ce qui me concerne je recommande un roman qui est paru chez Liana Levi, qui est même dans l’édition de poche de Liana Lévi, roman d’Ernest Gaines, écrivain noir américain qui s’intitule Dîtes-leur que je suis un homme, qui est un concentré de description de la situation d’une communauté noire dans les années 60 au moment où les droits sont acquis mais où ils ne sont en aucun cas et en très peu de lieux respectés, et où un noir condamné à mort simplement parce qu’il était au mauvais endroit, au mauvais moment, se trouve face à un défi qui peut paraître étrange qui est simplement le défi de mourir comme un homme. Toute cette communauté autour de lui le soutient dans cette entreprise. C’est un livre d’une retenue, qui provoque une émotion extrêmement forte, sans doute parce qu’il est fondé sur une description et sur un sens du détail très remarquables."

L’Ordre du jour, prix Goncourt

Jean-Louis Bourlanges

"J’avais évoqué il y a quelques semaines le livre qui a eu le prix Renaudot consacré au docteur Mengele, et j’étais habité, je ne sais pas si je l’avais vraiment exprimé, par une espèce d’inquiétude : cette façon de faire de l’histoire romancée, de restituer des conversations qui sont évidemment imaginées par l’auteur me gêne en application du principe formulé par Paul Valéry selon lequel le mélange du vrai et du faux est plus faux que le faux. Je dois dire que cette fois-ci j’ai lu le prix Goncourt d’Eric Vuillard, L’Ordre du jour, qui se présente comme un récit autour de l’Anschluss, et je l’ai abordé avec la même appréhension, avec l’idée que faire un récit sur quelque chose d’historique c’était très délicat. En réalité je dois dire que je salue vraiment la performance. Il y a un bonheur d’écriture, je donne juste deux lignes : quand il parle des lois, il dit qu’elles sont méprisées, évidemment, tant pis pour les chartes les constitutions et les traités, « tant pis pour les lois, ces petites vermines normatives et abstraites, générales et impersonnelles, les concubines d’Hammourabi, elles qui sont dit-on les mêmes pour tous, des traînées. ». C’est quand même très bien. Mais ce que je trouve, c’est que le récit chez lui permet vraiment de saisir la quintessence d’une situation, je pense notamment au chapitre consacré à la visite de Halifax chez Goering, le portait d’Halifax, les nuances nous permet vraiment de saisir quelque chose de fondamental dans la complaisance de la haute société britannique à l’égard de Hitler."