L’enjeu de l’Iran
Introduction
Ordonné par Donald Trump, l’assassinat ciblé du général iranien Ghassem Soleimani dans la nuit du 2 au 3 janvier près de l’aéroport de Bagdad, a provoqué une onde de choc au Moyen-Orient. Chef de la force Al-Qods des gardiens de la révolution, architecte de l’expansion iranienne dans la région, le général Soleimani, 62 ans, était un héros national. Considéré comme un terroriste par Washington, il était révéré dans son pays pour son rôle dans la lutte contre l’État islamique après 2014. Ses funérailles ont rassemblé une foule immense, plus nombreuse a-t-on dit que celles de l’ayatollah Khomeini et le parlement irakien a sommé les forces américaines » de quitter le pays, ce que les États-Unis ont annoncé puis démenti accepter.
Cet assassinat intervient après une longue période de tensions puis une récente escalade entre les Etats-Unis et l’Iran. En mai 2018, Donald Trump a dénoncé unilatéralement l’accord sur le nucléaire iranien signé en juillet 2015 et imposé une nouvelle politique de sanctions qui a coûté à Téhéran 200 milliards de et entraîné une forte récession dans le pays. En réponse, l’Iran a entamé un plan de réduction progressive de ses engagements en matière nucléaire. Fin 2019, l’escalade est devenue militaire. Le 29 décembre, cinq installations iraniennes en Syrie et en Irak ont été visées par des chasseurs F-15 américains, tuant 25 miliciens. Le 31 décembre et le 1er janvier, des milices chiites ont assiégé et envahi l’ambassade américaine ultra-sécurisée à Bagdad. Donald Trump a répliqué par l’assassinat du général Soleimani, suivi, une semaine plus tard par des tirs de missiles iraniens sur des bases militaires irakiennes abritant des soldats américains, sans qu’il y ait des victimes. Quelques heures après cette réplique iranienne, un Boeing 747 d’Ukraine international Airlines s’est écrasé après son décollage de Téhéran, faisant 176 victimes, dont 57 ressortissants canadiens, pour beaucoup binationaux iraniens. Hier, l’état-major des forces armées iraniennes a déclaré qu’une « erreur humaine » était à l’origine de la catastrophe. L’appareil a été pris pour un « avion hostile » et a été « touché » alors que les menaces ennemies étaient au plus haut niveau, a indiqué un communiqué publié par l’agence officielle IRNA.
L’OTAN a suspendu ses opérations en Irak, et la coalition antijihadistes conduite par les Etats-Unis les a réduites tout en renforçant la sécurité des bases où sont déployés des Américains.
A Istanbul, les présidents turcs Recep Tayyip Erdogan et russe, Vladimir Poutine, ont exhorté mercredi les Etats-Unis et l’Iran à la « retenue » et appelé « à donner la priorité à la diplomatie » pour faire baisser les tensions dans la région.
Kontildondit ?
François Bujon de l’Estang (FBE) :
Vous venez de rappeler le déroulement des évènements récents, mais il faut aussi replacer tout cela dans le temps long, celui de l’affrontement être les Etas-Unis et l’Iran, qui remonte à au moins 40 ans (si l’on parle de la prise d’otages de 1979), voire plus avec le renversement de Mossadegh en 1953.
L’antagonisme entre les deux puissances est à peu près inexpiable. Les USA veulent un changement de régime à Téhéran (même s’ils s’en défendent), ils accablent donc l’Iran de sanctions économiques afin d’étouffer le régime des mollahs. De son côté, l’Iran veut bouter les Etas-Unis hors du Moyen-Orient, en commençant par l’Irak.
Dans cette longue chronologie, les erreurs accumulées par les Etats-Unis sont très nombreuses. La pire d’entre elles fut évidemment la guerre d’Irak de 2003, qui participa indirectement à la naissance de Daech, remit les chiites au pouvoir en Irak (et bien que très nationalistes, ces derniers n’en sont pas moins largement manipulés par l’Iran), et qui débarrassa l’Iran de son grand ennemi traditionnel : l’Irak. Sur le plan géopolitique, les conséquences de cette guerre de 2003 sont incalculables, il n’y a désormais plus d’état tampon entre les deux grands ennemis que sont l’Iran et l’Arabie Saoudite.
Plus récemment, la décision de Trump de se retirer de l’accord de Vienne de juillet 2015 sur le nucléaire iranien fut tout aussi funeste. C’est ce retrait qui a déclenché la chute des dominos que nous observons aujourd’hui. Les USA escomptaient geler aussi les activités balistiques de l’Iran, et stopper son expansion au Moyen-Orient, dont le général Soleimani était la figure de proue. Ce dernier a exercé au Liban, au Yémen, et bien sûr en Syrie, puisque c’est à lui que l’on doit d’avoir convaincu Vladimir Poutine de sauver le régime de Bachar el-Assad.
Considérer l’élimination de Soleimani comme une erreur américaine de plus serait aller un peu vite. On peut comprendre que chaque pays a des lignes rouges. Dans le cas des USA, il s’agissait de leur ambassade à Bagdad, et l’agression dont elle a été l’objet par les milices irakiennes (manipulées par l’Iran) allait immanquablement déclencher une riposte. On se demandait pourquoi les Américains n’avaient pas réagi à certains évènements récents. Quand les Iraniens ont abattu un drone en juin dernier, les USA n’ont rien fait, Trump a même annulé un bombardement prévu. Lors qu’ensuite les Iraniens ont détruit une raffinerie saoudienne, les Etats-Unis n’ont pas bougé non plus. Mais l’ambassade fut la goutte d’eau, et les Etats-Unis ont saisi cette occasion pour retrouver une crédibilité passablement écornée.
Le général Soleimani devait être dans le viseur américain depuis longtemps, son élimination est un message puissant, mais quelles en seront les conséquences ?
Béatrice Giblin (BG) :
On a tendance à toujours voir Trump comme un imbécile sur le plan de la diplomatie internationale. Comme FBE, je pense que cette fois-ci, il n’a peut-être pas si mal joué que cela. L’Iran se retrouve dans une position extrêmement difficile. Il y a une donnée supplémentaire à prendre en compte : cet avion ukrainien abattu, dont les conséquences seront très importantes. Les Iraniens ont été obligés d’admettre la bavure. Les manifestations samedi dernier furent très importantes, et on y a entendu les cris de « Khamenei assassin », ce qui est très surprenant juste après le soutien nationaliste au martyre que représentait Soleimani. C’est révélateur du fait que la population iranienne est à bout, elle n’en peut plus du régime des mollahs, et ce depuis longtemps. Les Iraniens ne sont pas un peuple religieux, même si certains sont très croyants, ce n’est pas le cas d’une grande partie de la population, qui souffre depuis 40 ans de ce régime.
Lors de ces manifestations, même des conservateurs ont critiqué le guide suprême et l’ont traité d’assassin. En novembre dernier, d’autres manifestations en Iran avaient été réprimées dans le sang (il y eut sans doute 1600 morts et des milliers de prisonniers) par Soleimani. Cet enthousiasme iranien à soutenir ce général s’est donc bien vite retourné.
Le jeu américain semble avoir été, pour une fois, très pertinent. A Bagdad et à Bassorah récemment, des manifestations nationalistes refusaient les présences américaine et iranienne. Pour Soleimani, cette situation était très dangereuse, il lui fallait donc absolument ressouder la population contre les USA. C’est ce qui explique l’agression contre l’ambassade américaine à Bagdad, la ligne rouge dont parlait FBE. La vengeance promise par les Iraniens n’a pas donné grand chose, ce qui prouve à quel point le renseignement américain devait être précis d’une part, et d’autre part, combien la situation des mollahs est difficile. Leurs alliés se rendent compte qu’ils ne sont pas fiables, les sanctions économiques les ont laissé incapables d’approvisionner les Hezbollah libanais ou les Houthis yéménites. Les Irakiens réalisent désormais qu’ils vivent une occupation iranienne, or les deux pays sont traditionnellement ennemis.
On est à un point de bascule de la situation iranienne aujourd’hui.
Philippe Meyer (PM) :
S’agissant de l’ambassade américaine à Bagdad, rappelons à quel point le bâtiment était sécurisé. Que des milices irakiennes aient pu y pénétrer de la sorte est une humiliation qui ne pouvait pas rester impunie.
Nicole Gnesotto (NG) :
J’aimerais nuancer un peu les analyses précédentes. A propos des lignes rouges, d’abord. Certes, les Américains en ont, mais ils les placent face à un adversaire qu’ils ne cessent d’exciter eux-mêmes. Si les Américains n’étaient pas sortis en 2018 de l’accord sur le nucléaire, nous serions tous en train de commercer avec l’Iran. Autrement dit, les réactions d’escalade iranienne d’aujourd’hui sont entièrement la conséquence d’un comportement américain.
Pour ma part, je ne trouve pas que le régime iranien soit affaibli par cette crise Soleimani. Les mollahs ont retrouvé un ennemi extérieur, la cohésion nationale est très forte, les manifestations de samedi ne sont en rien la preuve d’une résurgence des contestations de novembre dernier. D’autre part, l’assassinat de Soleimani et la restructuration des forces occidentales en Irak favorise Daech. Il est vrai qu’en Irak, le sentiment anti-Iran montait beaucoup, mais cet assassinat refocalise la colère des irakiens sur les Américains. Enfin, l’intervention américaine donne une puissance extraordinaire à l’axe Poutine-Erdogan, qui n’est pas le meilleur allié des intérêts occidentaux et pas franchement hostile à l’Iran. L’affaiblissement de l’Iran ne me paraît pas aller de soi.
La grande victime de l’élimination de Soleimani, ce sont les Européens. La crise iranienne comporte tous les éléments de ce qui devrait être un divorce salutaire entre l’Europe et les USA. Les Américains ne respectent pas leurs engagements (quel est le sens d’un partenariat si l’une des deux parties agit comme bon lui semble ?), ils sont très agressifs envers les intérêts économiques européens (les entreprises européennes ne peuvent pas commercer avec l’Iran), une indifférence totale aux conséquences de l’assassinat de Soleimani (les Européens sont bien plus exposés que les Américains aux ripostes iraniennes éventuelles), et enfin le cynisme absolu de Trump, qui prétend détruire la menace iranienne tout en se désengageant du Moyen-Orient ... Cette intervention américaine est donc totalement perverse, c’est le chien qu’on noie en l’accusant d’avoir la rage. Les réactions européennnes, si partiales, sont choquantes : on ne cesse de sermonner les Iraniens, mais on ne dit pas un mot aux Américains.
Jean-Louis Bourlanges (JLB) :
Je suis un peu partagé entre ces deux thèses. Le problème que pose Trump est qu’il mène une politique apparemment complètement absurde, qui se révèle moins bête qu’elle n’en a l’air quand on y regarde de plus près. C’est frappant dans le domaine économique, où il a fait tout ce que les économistes les plus raisonnables ont déconseillé, et pour le moment cela marche plutôt bien.
Il en va peut-être de même à propos de l’Iran. Comme le rappelait FBE, la sortie de l’accord de Vienne était la pire chose à faire. Tout le monde s’accordait à dire que l’on ne pouvait pas empêcher la nucléarisation de l’Iran, au mieux la retarder. On se disait aussi que des mesures violentes ne feraient que renforcer le pouvoir des mollahs, et qu’au contraire, on affaiblirait celui-ci en intensifiant les échanges avec l’Iran (comme on l’a fait avec l’URSS). En rompant cet accord, Trump a donc fait quelque chose qui nous a paru totalement déraisonnable. Mais sa logique n’est pas la nôtre, il a privilégié une confrontation claire, et directe, se sachant militairement très avantagé. Il assume d’être le grand méchant , se fiche d’avoir contre lui toute la rue au Moyen-Orient, et sait qu’il impressionne les dirigeants. Le fait que ce crime ait été commis par un drone est très intéressant. On sait bien que les sanctions de tribunaux internationaux n’ont jamais dissuadé grand monde, il n’en va pas de même pour l’assassinat ... On voit à quel point les Iraniens ont réagi prudemment, l’immense bavure de l’avion abattu leur coûte énormément, le fait qu’ils aient reconnu en être responsables est sans précédent. Ils sont dans une situation indéniablement difficile.
L’Iran s’appuie un peu sur la Turquie et davantage sur la Russie, mais globalement le pays est très isolé au Moyen-Orient. Il y a une logique d’épreuve de force, indéniablement dangereuse, mais dont il faut reconnaître qu’elle n’est pas la nôtre.
François Bujon de l’Estang :
Il est beaucoup trop tôt pour déterminer qui sont les gagnants et les perdants. Ce qui s’est produit cette semaine n’est que le dernier épisode d’une série qui va en compter d’autres.
En montrant leurs muscles, les Américains ont tactiquement marqué un point, même si stratégiquement ce n’est peut-être pas si judicieux, puisque les Iraniens sont ralliés autour de la figure de Soleimani. Le simple fait que les USA aient frappé les Kurdes et les milices irakiennes pilotées par l’Iran prouve leurs lacunes stratégiques : ils s’en sont pris à leurs meilleurs alliés contre Daech.
Nul ne saurait dire ce qui va se passer, mais les deux forces en présence sont si puissantes qu’elles vont probablement bien réfléchir à leur prochaine manœuvre. Pour ma part, je m’attends à une poursuite d’affrontements contrôlés et restreints, pas à un embrasement général. Ceci étant dit, la malheureuse bavure du vol ukrainien montre que les dérapages sont possibles, et une guerre par accident reste une possibilité.
A propos de cet avion abattu, il est aberrant que les batteries anti-aériennes iraniennes aient fait feu alors que l’espace aérien n’était pas encore fermé et que l’aéroport international de Téhéran était encore en activité. Cela prouve les dysfonctionnements très graves du régime.
Les Européens n’ont aucun poids dans cette affaire, ils sont purement et simplement balayés ; leurs propos mesurés et leurs conseils de retenue n’intéressent personne. La position des Russes est moins évidente, ils soutiennent théoriquement l’Iran, mais n’ont en réalité aucune envie d’y voir une prolifération nucléaire.
Béatrice Giblin :
Je ne nie pas les conséquences compliquées que cette affaire implique pour l’Europe, mais il faut considérer les manifestations qui ont lieu à Beyrouth ou à Bagdad contre la corruption. Cela fait longtemps qu’elles durent, c’est un vrai mouvement et non une colère passagère.
Quant à Soleimani, ce n’est pas parce qu’on a vu des gens en pleurs après sa mort que le peuple le regrette. Il était l’instigateur de répressions sanguinaires, et qu’on entende publiquement Khamenei être traité d’assassin est sans précédent. Le peuple iranien n’en peut plus.
Nicole Gnesotto :
En effet, il n’en peut plus du régime, mais aussi des sanctions économiques, qui ont rendu la vie quotidienne absolument intenable.
Les Européens sont en effet absents, et je le déplore, mais c’est parce qu’ils sont victimes de leur allié américain, bien plus que du régime des mollahs. On est donc en droit de questionner l’alliance avec les Etats-Unis.
Deux grands mouvements expliquent le système international. On a d’abord les logiques géopolitiques traditionnelles : ce que vous avez rappelé sur le temps long des affrontements, et les positions des différents acteurs. Mais on a aussi quelque chose de très nouveau : les mouvements de fracture sociale, qui apparaissent partout : en Amérique latine, au Maghreb, au Liban, etc. La vraie question aujourd’hui est de savoir qui, des logiques géopolitiques traditionnelles ou de ces mouvements, va l’emporter. Je crains pour ma part que les mouvements en cours au Liban ou en Iran ne finissent comme les printemps arabes de 2011, c’est à dire un épuisement suivi par un durcissement des régimes.
Jean-Louis Bourlanges :
Il est tragique de voir à quel point les Européens ne pèsent rien dans cette affaire, notamment car ils sont victimes de la politique américaine. C’est humiliant et nous le subissons. On est donc en droit de vouloir plus d’autonomie et d’indépendance par rapport aux USA. Du coup, faut-il une politique de défense européenne hors OTAN ou intégrée à l’OTAN ? Les deux voies sont une impasse, car sortir de l’OTAN est hors de question pour nos alliés européens, mais y rester signifie être à la merci de la politique américaine.
Traditionnellement, une politique de strangulation économique d’un pays ennemi cause d’immenses souffrances au peuple et est inefficace sur le régime que l’on veut abattre. Ici c’est un peu différent, car certes le peuple iranien en subit malheureusement les conséquences, mais l’Iran a un potentiel de nuisances tout de même réduit à cause de ces sanctions : au Liban, en Syrie ...
François Bujon de l’Estang :
Les peuples iraniens et irakiens souffrent depuis 40 ans, cela ne fait aucun doute. Il est tout aussi indéniable que les Américains jouent contre les intérêts européens. Mais que peut-on y faire ? Rien. La question de la validité de notre alliance avec les USA est en effet posée. Pour comprendre les relations franco-américaines, il fait avoir à l’esprit trois fables de La Fontaine : le coche et la mouche (la mouche étant la France), la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf (la France étant la grenouille), et enfin le pot de terre et le pot de fer (je vous laisse imaginer quel pot nous sommes).
Béatrice Giblin :
Je reste convaincue que les mouvements des peuples, même s’ils peuvent être réprimés et que les mollahs sont experts en la matière, sont une donnée essentielle. La riposte iranienne a heureusement été très mesurée, ce qui prouve que le régime sait qu’il est dans un rapport de forces défavorable. L’armée iranienne n’est sans doute pas aussi puissante qu’elle le clame. Rappelons qu’il y a deux armées en Iran : l’armée des Pasdaran et l’armée iranienne. Celle des Pasdaran (qui est celle de Soleimani) est la mieux dotée en armement et en compétences, mais la puissance impérialiste iranienne (« l’arc chiite ») est à mon avis largement illusoire.
Nicole Gnesotto :
Sur l’affaiblissement de l’armée iranienne, je ne saurais me prononcer, mais rappelons tout de même qu’au Yémen, l’Iran s’est impliqué dans un conflit qui a été commencé par les Saoudiens. Si l’armée iranienne est dans l’état de faiblesse que soupçonne BG, cela signifie que nous sommes victimes « d’intox » de la part des renseignements américains qui la décrivent depuis des années comme la plus forte puissance de la région. Ce qui est certain, c’est que plus le régime sera attaqué, plus il se durcira, ce qui est exactement le contraire de ce que souhaite Trump. Parmi les régimes les plus durs du Moyen-Orient, l’Iran est l’un des moins pires (à l’égard des femmes par exemple), les pressions incessantes pourraient bien le faire basculer dans la franche dictature.
Pour l’Europe, nous sommes tous absolument navrés de la situation, mais pour ma part j’espère que l’Iran sera la dernière couleuvre que les Européens auront à avaler. Il n’y a pour le moment que la France qui porte (au moins rhétoriquement) un projet alternatif. Il va bien finir par falloir se poser franchement la question : aujourd’hui, les Etats-Unis nous protègent de quoi ?