Emploi, formation et chômage
Introduction
Selon les derniers chiffres fournis par l’agence Eurostat, le taux de chômage dans la zone euro est à son plus bas niveau depuis près de 10 ans. À 8,7% de la population active, cet indicateur retrouve son niveau de janvier 2009, après avoir culminé à plus de 12% au printemps 2013, au plus fort de la crise. Ces bons résultats témoignent de la bonne santé économique de la zone euro. Ils masquent cependant d’importantes inégalités. Ainsi l’Allemagne affiche-t-elle un taux de chômage de 3,6%, quand celui de la Grèce dépasse les 20%. Le taux de chômage des moins de 25 ans reste également élevé, à 18,2%.
La France semble bénéficier de cette tendance favorable. Selon l’INSEE, le taux de chômage au sens du BIT est en baisse de 0,5 points sur l’année passée et s’établit désormais à 9,5% de la population active. Ces résultats donnent cependant lieu à des batailles de chiffres, alors que Pôle Emploi fait périodiquement état de la hausse du nombre de demandeurs d’emploi inscrits sur ses listes. Contrairement à ses prédécesseurs, la ministre du travail, Muriel Pénicaut, ne commente plus les chiffres publiés chaque mois par Pôle Emploi. Emmanuel Macron n’a pas non plus fait de l’inversion de la courbe du chômage le principal instrument de mesure de son action. Il a cependant affiché l’objectif d’atteindre un taux de chômage de 7% avant la fin de son quinquennat.
Pour ce faire, le gouvernement multiplie les réformes sur le terrain de l’emploi. Les ordonnances modifiant le code du travail adoptées à l’automne commencent à donner leurs premiers effets. Les entreprises disposent depuis janvier d’un nouvel outil pour piloter leur masse salariale : les ruptures conventionnelles collectives. Ce dispositif facilite le recours à des plans de départs volontaires, en accord avec les syndicats et sous le contrôle des services du ministère du travail. Plusieurs entreprises ont déjà fait part de leur intérêt pour ce nouvel instrument. Certains craignent cependant que les employeurs multiplient ainsi les plans sociaux déguisés, au désavantage des salariés.
La ministre du travail a également lancé la concertation avec les partenaires sociaux sur les grands chantiers de l’année 2018 : réformes de l’assurance chômage, de l’apprentissage et de la formation professionnelle. Si la priorité donnée par le gouvernement à la formation semble faire consensus, les projets de contrôle plus étroit des demandeurs d’emploi font polémique. Le gouvernement envisage par exemple de réduire significativement les prestations à celles et ceux qui refusent plus de deux offres d’emploi « raisonnables ».
Ces différentes nouvelles s’inscrivent dans un contexte plus général de questionnement autour de la place du travail dans nos sociétés à l’heure du numérique. Très récemment, le syndicat allemand IG Metall a lancé un vif débat outre-Rhin en demandant l’instauration d’une semaine de 28 heures dans plusieurs secteurs industriels. Cette réduction du temps de travail est présentée comme un moyen de moderniser le travail, alors que les manières de produire sont en profonde évolution.
Tribulations d’un Macron en Chine
Introduction
Le Président de la République s’est rendu en Chine du 8 au 10 janvier pour une visite d’État et le premier voyage en Asie de son quinquennat. Il s’agissait également de la première visite d’un chef d’Etat européen en Chine depuis le mois d’octobre et le renouvellement du mandat de Xi Jinping lors du 19ème congrès du parti communiste. Accompagné à cette occasion d’une cinquantaine de chefs d’entreprises, Emmanuel Macron a mis l’accent sur le rééquilibrage des relations économiques franco-chinoises.
Les relations commerciales entre les deux pays sont en effet asymétriques. Le déficit de la balance commerciale française à l’égard de Pékin s’élève à plus de 30 Mds d’euros. Ce profond déséquilibre a poussé le gouvernement à faire de la réciprocité le maître mot de la nouvelle relation économique entre les deux pays. De fait, de très nombreuses barrières protectionnistes ferment encore le marché chinois aux entreprises étrangères. Intérêts économiques français et chinois ne vont cependant pas sans certaines divergences, comme à propos des « Nouvelles routes de la soie ». Ce vaste projet de développement économique chinois à l’étranger passe par des travaux d’infrastructure permettant l’acheminement de biens chinois en Asie, en Afrique et en Europe. Or cette expansion chinoise menace les intérêts européens et français à l’étranger. Emmanuel Macron a tenu à affirmer que ces nouvelles routes de la soie ne pouvaient constituer un nouvel instrument de domination.
Si la question des droits de l’Homme n’a pas été évoquée en public, comme le regrettent associations et ONG, le thème de l’environnement était en revanche placé au centre des discussions. Xi Jinping, pourtant à la tête du premier pollueur mondial, se veut exemplaire sur le sujet et appelle à l’avènement d’une « civilisation écologique ». D’autres sujets ont été évoqués comme le renforcement de la coopération franco-chinoise sur le dossier nord-coréen, la lutte contre le terrorisme ou le G5 Sahel.
Après des décennies de présence discrète, marquées par ses nombreuses abstentions au Conseil de sécurité des Nations Unies, 2018 pourrait bien être la grande année du retour de la Chine sur le devant de la scène mondiale. Son ministre des affaires étrangères Wang Yi est allé dans ce sens en annonçant, dans une formule poétique, qu’avec la marée montante et les vents favorables, il était temps de faire voguer le navire et d’affronter les vagues. La Chine pourrait envisager de prendre la place de leader mondial laissée vacante par la diplomatie américaine sous Donald Trump. Alors que le président Macron a promis de revenir en Chine au moins une fois par an, le duo franco-chinois esquissé par le président est présenté comme un axe possible pour la réorganisation d’un monde post-américain.