Le mode de gouvernement Macron
Introduction
"Je continuerai au même rythme et avec la même détermination. Je ne suis pas là pour gérer, je suis là pour transformer". Ainsi s’exprimait le président Emmanuel Macron en octobre dernier. Aujourd’hui, 8 mois après sa prise de fonction, il n’a rien abandonné de son projet de réforme en profondeur de la France et de ses institutions. Dès le 6 juin 2017, le Premier ministre, Édouard Philippe, dévoilait un “programme de travail” gouvernemental chargé de rénover le modèle social français. S’en sont suivies annonces et réformes : loi sur la moralisation de la vie politique interdisant, entre autres, aux parlementaires d’employer des membres de leur famille, loi sur la lutte contre le terrorisme étendant le pouvoir des préfets et des forces de l’ordre et ordonnances modifiant le code du travail en donnant la primauté aux accords d’entreprise. D’autres chantiers sont annoncés ou en cours : réforme de l’entrée à l’université, réforme de l’assurance chômage, l’introduction du droit à l’erreur et projet d’harmonisation des régimes de retraite dans le courant de l’année 2018. Le président a placé l’Union Européenne et sa “refondation” au cœur de son action politique. Profitant de sa victoire contre le populisme europhobe symbolisée par Marine Le Pen, il se présente désormais comme le nouvel homme fort d’une Union ébranlée par le Brexit et les percées électorales de l’extrême droite, et il réaffirme l’importance cruciale du couple franco-allemand. Sur la scène internationale, Emmanuel Macron s’est fait le chantre du multilatéralisme dans un contexte de crises marquées par les incertitudes liées au terrorisme comme par le retour du protectionnisme aux États-Unis. Le président français est devenu la figure de proue de l’Union européenne et de ce que l’on pourrait appeler les pays industrialisés non-alignés sr les États-Unis, notamment lors de ses voyages en Chine ou à Davos. Enfin, en recevant avec une mise en scène soignée Donald Trump, Vladimir Poutine ou de grands dirigeants de multinationales, Emmanuel Macron a démontré sa volonté de doper la diplomatie française... 53% des français jugent de manière négative sa politique économique et 33% considèrent ses réformes fiscales favorablement. Mais le président l’a annoncé, il se laisse 18 mois à deux ans pour dresser un premier bilan de son action…
Le rôle de l'Etat
Introduction
En visite en Corse ce jeudi 8 février, le chef de l’État a écarté la plupart des demandes des élus autonomistes et indépendantistes. Face aux deux représentants corses, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, qui réclamaient un “dialogue véritable”, Emmanuel Macron s’est montré ferme, refusant que les élus de l’île s’enferment dans “un face-à- face ruineux et stérile” avec l’État. Cette ligne politique d’une “République forte, unie et indivisible” avait déjà été évoqué lors des affrontements en Guyane d’octobre 2017. Le président avait alors annoncé que le “rôle de l’État” n’était pas de “céder à des pressions, quelles qu’elles soient, en particulier lorsqu’elles n’ont pas la légitimité démocratique”. Le chef de l'exécutif s’est affiché depuis son accession au pouvoir comme le garant d’un État fort et, de “nouveau acteur visionnaire et reconnu dans le concert mondial”. Réfutant la dichotomie dirigisme/libéralisme, Emmanuel Macron s’est placé dès sa campagne au-delà de la frontière droite-gauche privilégiant une lecture présidentialiste des institutions de la Ve République. Depuis son entrée en fonction, le président a bénéficié d’une opposition morcelée et divisée ainsi que d’une large majorité à l’Assemblée Nationale avec plus de 300 députés affiliés La République En Marche. A l’été 2017, pour poursuivre le rythme soutenu de ses réformes en gouvernant par ordonnances, le président a de fait circonscrit le débat parlementaire soulignant la supériorité accordée à l’exécutif sur le législatif. Les mouvements de protestation contre les réformes du code du travail, du baccalauréat ou celle, récente, de la fonction publique ont fortement échoué à rassembler. La révision institutionnelle et constitutionnelle annoncée irait dans le sens de cet exécutif renforcé. Ce texte viserait principalement à introduire une dose de proportionnelle, à réduire d’un tiers le nombre de parlementaires dans les deux chambres et à limiter à trois le nombre de mandats successifs des élus. Face aux menaces de blocage émanant du Sénat, le président a évoqué la possibilité d’un référendum. Enfin, le président entend transformer en profondeur le rôle de l’État à travers une réforme des services publics. Programme baptisé “Action Publique 2022”, il prévoit notamment le recours à davantage de contractuels dans la fonction publique, à des plans “de départs volontaires” et à de nombreuses propositions censées contribuer à maintenir le déficit en dessous de 3% du PIB.