Vers une autre police ?
Introduction
Le jeudi 8 février, le Ministre de l’intérieur Gérard Collomb a exposé pendant près de deux heures les grandes lignes de sa politique de sécurité, les différentes mesures annoncées faisant à l’envoi d’un questionnaire aux 250 000 policiers et gendarmes, dont 70 000 ont répondu. Après avoir mis l’accent sur “la sécurité, première des libertés”, le ministre a décliné cinq grands axes des réformes pour une police “aux ambitions retrouvées”, “sur-mesure”, “connectée”, “respectée” et “partenariale”. Gérard Collomb a annoncé “la fin de la politique du chiffre” et une refonte de la formation initiale des policiers afin qu’ils "appréhendent davantage les problématiques sociétales, le management et la relation avec la population". Il s’agit de “replacer le service du citoyen” au cœur du dispositif de sécurité. Pour ce faire, le ministre a notamment annoncé la création d’une Police de sécurité et du quotidien ou PSQ. 1.800 fonctionnaires supplémentaires y seront affectés d’ici à la fin du quinquennat, recrutés “sur profil” par les chefs de service locaux pour une “plus grande présence sur le terrain” des policiers et des gendarmes. Dès septembre 2018 et d’ici à janvier 2019, une trentaine de quartiers dits de “reconquête républicaine” et une vingtaine de départements en zone gendarmerie expérimenteront cette police, notamment dans des zones “où la délinquance et les trafics ont augmenté de manière forte et où les habitants ont parfois peur de sortir de chez eux ou de prendre le bus”. Le ministre a également annoncéla commande de 10 000 caméras piétons et de 110 000 tablettes pour équiper une majorité d’agents d’ici 2020 et la création de 10 000 postes pour la fin du quinquennat ainsi que d’un fonds prévu pour la rénovation de nombreux commissariats. Face ces différentes promesses les syndicats policiers sont restés sceptiques. Frédéric Lagache du syndicat Alliance déclarant notamment “Gare aux faux espoirs (...) on a une police qui s’asphyxie et à qui il faut donner de l’oxygène” et Philippe Capon secrétaire général de l’UNSA-Police jugeant “On est déçu sur la méthode, il y a eu des bribes d’information mais pas de concertation”. Du côté des municipalités, le maire de Dijon, François Rebsamen a constaté un “certain agacement des élus”.
Allemagne : la coalition au pied du mur
Introduction
Les élections législatives allemandes du 24 septembre 2017 ont été marquées par les mauvais résultats des partis traditionnels et par l’entrée au Bundestag de l’extrême droite. Les chrétiens-démocrates de la CDU-CSU de la chancelière Angela Merkel ont enregistré leur plus mauvais score depuis 1949 avec seulement 33% des voix et les sociaux-démocrates du SPD de Martin Schulz ont connu les pires résultats de leur histoire avec 20,5% des voix. Angela Merkel avait en novembre entamé des négociations avec les libéraux du FDP et les verts du parti Grünen en vue d’une coalition dite “jamaïcaine”. De trop nombreux désaccords notamment sur la question de l’immigration et de l’environnement ont conduit la chancelière à se tourner vers le parti social-démocrate SPD. Après quatre mois d’intenses discussions, les deux formations sont arrivées à un accord vendredi dernier. 46 milliards d’euros seront consacrés à des dépenses sociales et éducatives et un fonds spécifique sera consacré à la stabilisation économique et à la convergence sociale de la zone euro en lien étroit avec la France. Quant à l’épineuse question de l’immigration, symbolisée ces deux dernières années par la politique d’ouverture de la chancelière, le nombre d’arrivants sera désormais plafonné à 1.000 par mois dans le cadre du regroupement familial. Ces accords devront être soumis le 4 mars au vote des 450 000 militants du SPD. Pour les libéraux-démocrates du FDP, il ne s’agit que d’“une resucée de la ‘grande coalition’ sortante, au pouvoir depuis 2013. Les Verts de Grünen ont, dénoncé “l’inhumanité” des mesures annoncées en matière d’immigration et l’absence d’”ambition” en matière d’environnement. Enfin, la gauche radicale, portée par Die Linke, n’a pas manqué de dénoncer le caractère profondément “injuste” de la politique sociale esquissée dans l’accord conclu. Kevin Kühnert, le leader des Jeunes socialistes du SPD a contesté les nombreuses concessions faites aux conservateurs se disant “abasourdi” face à l’abandon de la réforme de l’assurance sociale, au retrait de l’imposition des plus fortunés ou à la drastique limitation de l’asile. Angela Merkel a admis avoir fait des concessions “douloureuses” lors d’un entretien accordé à la chaîne télévisée ZDF. Quant à Martin Schulz, il a quitté mardi soir la présidence du SPD déclarant J'ai connu” ces derniers mois “des hauts et des bas à ce poste comme rarement”. 71% des Allemands ont déclaré “ne pas comprendre pourquoi la formation d’un gouvernement prenait autant de temps...