Droites entre convulsions et désarroi
Introduction
En décembre 2017, Laurent Wauquiez, élu président du parti des Républicains avec environ 75% des suffrages exprimés s’est posé en rassembleur de la droite, déclarant “Je ne laisserai plus les petites chapelles et les querelles d’ego affaiblir notre famille politique”, le temps des écuries est révolu”. Laurent Wauquiez s’est attaché à dépeindre Emmanuel Macron comme l’incarnation d’une “élite mondialisée” et déconnectée, se faisant le défenseur des classes moyennes, de la France rurale, des “périphéries” et plus largement d’une France dite “enracinée”, “ ce vieux pays si émouvant, qu’il préfère au triste village global qui n'est que la vitrine déshumanisée d'un monde sans racine". Cette ligne politique est loin de faire l’unanimité dans son propre camp. Les deux concurrents de Laurent Wauquiez à la présidence du parti, Maël de Calan et Florence Portelli dénonçant les méthodes “d’un président stalinien” et la présidente de la région Ile-De- France, Valérie Pécresse, faisant valoir l’existence de deux droites “l’une plus conservatrice et l’autre plus progressiste” ajoutant : “Une droite qui, à l'élection présidentielle a voté pour Emmanuel Macron et une autre qui ne l'a pas fait”. Ces désaccords ont été renforcés cette semaine après la diffusions des propos virulents tenus par Laurent Wauquiez le 15 février devant des étudiants de l’EM Lyon. Xavier Bertrand, président des Hauts-De- France et principal opposant à Laurent Wauquiez déclarant : « C'est du Trump, c'est pire que Trump. Certains veulent ‘trumpiser' la vie politique française. » A l’extrême droite, les divergences ne sont pas moins nombreuses. Marine Le Pen s’est dite prête à faire du Front National un véritable “parti de gouvernement” à travers trois objectifs principaux : rassembler, poursuivre l’implantation locale frontiste et changer de nom lors du congrès de Lille les 10 et 11 mars en vue des élections européennes de juin 2019 et des municipales du printemps 2020. Mais le créneau souverainiste semble désormais fortement encombré avec la création du parti Les Patriotes par l’ex-bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot, qui déclare avoir "tourné la page" d'un FN "embourbé, pathétique", qui "se rediabolise" et conclue "Les extrêmes sont des impasses".
Syrie entre marteau israélien et enclume iranienne
Introduction
Le 10 février, un drone, piloté par les forces spéciales iraniennes des Gardiens de la Révolution islamique, a pénétré en territoire israélien. Après l’avoir abattu, les forces israéliennes ont bombardé une douzaine de sites syriens et iraniens dans les environs de Damas. La riposte syrienne a permis d’abattre un F16 dont l’équipage a réussi à s’éjecter. Il s’agit de la plus sérieuse escalade militaire entre Israël et la Syrie depuis les débuts de la guerre et c’est la première fois que l’armée israélienne dit ouvertement avoir visé des “cibles iraniennes” en Syrie. Accoutumée à une impunité totale dans le ciel syrien, l’armée israélienne a conduit depuis 2011 une centaine de raids aériens nocturnes en Syrie poursuivant les deux objectifs principaux de l’état Hébreu : empêcher toute implantation militaire pérenne de l’Iran en Syrie et couper l'approvisionnement en armes de pointe du Hezbollah libanais en détruisant usines de missiles, dépôts d’arme, centres de recherche militaire etc. Israël craint à terme une “libanisation” de la Syrie sous coupe iranienne, le régime de Bachar al-Assad ayant largement bénéficié de l’implication militaire du régime Chiite ces dernières années. Selon Ofer Zalaberg, analyste de l’International Crisis Group et auteur d’un récent rapport sur les relations entre Iran et Israël : “Les Israéliens sont persuadés que l’Iran veut faire de la Syrie une rampe de lancement pour de futures attaques”. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a profité de la conférence de la sécurité de Munich pour dénoncer l’accord sur le nucléaire de 2015 avec Téhéran déclarant : “aussitôt que l’Iran disposera d’armes nucléaires ses agressions ne pourront plus être contrôlées”. L’Iran a formellement nié avoir envoyé un drone sur Israël. Le commandant des Gardiens de la révolution Hossein Salami a prédit “la fin de l’immunité aérienne du régime sioniste en Syrie”. Pour le Hezbollah libanais soutenu par Téhéran, ces nombreux face-à- face sonnent “le début d’une nouvelle phase stratégique” dans la région. Le rôle d’arbitre dans ce conflit semble revenir à Moscou, allié de l’Iran, qui a obtenu la cessation des frappes israéliennes après un échange entre Poutine et Netanyahu.