#26 - Agriculture entre l'alimentation et l'exportation; Corées, la trêve n'est pas la paix

Agriculture entre l'alimentation et l'exportation

Introduction

La visite particulièrement longue du président de la république au salon de l’Agriculture a été marquée notamment par une altercation avec des membres des jeunes agriculteurs (JA) “en colère”, le président a tenté de répondre point par point et “les yeux dans les yeux” à un monde paysan en crise. Avec une baisse du revenu moyen des agriculteurs de plus de 29% en 2016, et malgré un rebond attendu d’environ 20% en 2017, la situation financière reste difficile pour nombre d’exploitants agricoles. A cela s’ajoute la refonte de la carte d’attribution des aides aux zones défavorisées, les différents accords de libre-échange et en particulier les discussions avec le Mercosur sur le marché de la viande bovine, l’épineux dossier du glyphosate, herbicide potentiellement cancérigène, et la renégociation post-Brexit de la Politique Agricole Commune à l’horizon 2020. Deux jours avant sa visite au salon de l’agriculture, Emmanuel Macron avait tenu à rassurer un millier de jeunes agriculteurs venus discuter à l’Élysée des différentes mutations en cours dans le monde agricole. Le chef de l’État avait alors lancé l’idée d’une véritable “révolution culturelle”, entendant transformer “les exploitants agricoles” d’hier en “entrepreneurs agricoles” de demain. Pour se faire le président a annoncé la création d’un système de prêts garantis de 1 milliard d’euros pour les jeunes agriculteurs et a proposé « pour le mois de mai » qu'on « imagine » un système de « pré́-retraites agricoles avec une sortie progressive de l'activité́ » afin de permettre à un jeune de prendre la suite de ses parents. Leitmotiv des états généraux de l’Alimentation de décembre dernier, la guerre des prix entre les grandes enseignes de distribution devrait être apaisée par le relèvement du seuil de revente à perte, et la fixation des prix à partir des coûts de production des agriculteurs. Ces nombreuses annonces ont été accompagnées de leurs lots de critiques notamment de la part du syndicat agricole majoritaire FNSEA ou de la droite accusant Emmanuel Macron de méconnaître voire de mépriser cette France périphérique...

Corées, la trêve n'est pas la paix

Introduction

Les 23ème Jeux Olympiques d’hiver se déroulant à Pyeongchang en Corée du Sud auront été marqués par le réchauffement diplomatique entre les deux Corées, officiellement et juridiquement en guerre depuis 1953. Lors de la cérémonie d’ouverture, une délégation coréenne mixte a défilé sous le même drapeau tandis que dans les tribunes, le président sud-coréen Moon Jai-in siégeait aux côtés de la sœur du dictateur Kim Jung-Un et du vice- président américain Mike Pence. C’est le 1er janvier 2018 que le dirigeant nord-coréen avait annoncé son désir de voir son pays participer aux Jeux d’hiver aux côtés de son voisin du sud espérant voir, après ce geste, s’alléger les lourdes sanctions internationales pesant sur son régime, mais non sans avoir vanté, en amont de cette déclaration, les avancées de son pays en matière d’arsenal nucléaire. Selon l’Asian Institute for Policy Studies à Séoul l’objectif du président sud-coréen, en acceptant la proposition de Kim Jong Un est de relancé le projet de sommet bilatéral évoqué à de nombreuses reprises lors des jeux, malgré la désapprobation d’une grande partie de sa population. Cette trêve olympique n’aura été que de courte durée après l’annonce vendredi 23 février par Donald Trump de nouvelles sanctions contre Pyongyang visant plus de 50 sociétés de transport maritime. Le président américain a même déclaré qu’il n’excluait pas une phase 2 des sanctions incluant des frappes aériennes préventives sur des installations militaires nord-coréennes dans une logique militaire dite du “bloody nose” Le ministre de la Défense japonais Itsunori Onodera s’est félicité de ces nouvelles sanctions dans un contexte tendu à la suite des différents essais balistiques nord-coréens au-dessus de l’archipel en 2017. Cette menace américaine est prise au sérieux par Pékin qui a proposé au conseil de sécurité de l’ONU, un double moratoire : gels des tirs nord-coréens contre gel des exercices d'entraînement majeurs américano-sud- coréens. Le ministère nord-coréen des affaires étrangères a répondu qu’il considérait “toute restriction à son encontre comme un acte de guerre” malgré une proposition d’ouverture aux pourparlers avec Washington faite par Pyongyang et transmise par Thomas Bach, président du CIO, le dimanche 25 février, jour de la clôture des J.O.

Les brèves

Assassinat de Jan Kuciak

Nicolas Baverez

"Je voulais rendre hommage à un journaliste slovaque Jan Kuciak qui a été exécuté avec sa compagne Martina Kusnirova par des tueurs mafieux ça s’est passé en Slovaquie, il enquêtait sur Robert Fico qui dirige le pays et sur un certain nombre de ses proches. Parmi les fraudes qu’il dénonçait la plupart porte sur les fonds structurels européens et au-delà de ce drame je pense que ça pose vraiment la question des fonds structurels européens qui sont aujourd’hui déversés sur ces pays du groupe de Visegrad qui communient dans la démocratie libérale et qui servent à financer des autocrates et les oligarques qui leur sont proches, c’est une situation qui je pense, ne peut pas durer"

Revue Esprit Mars 2018

Nicole Gnesotto

"Je voulais recommander, indépendamment de la présence de Lucile Schmid le dernier numéro de la revue esprit, non pas pour son dossier Démocratiser l’entreprise, parce que je ne l’ai pas lu mais il est sans doute excellent. Mais parce que la revue a commencé une espèce de feuilleton sur la politique étrangère de la France commencé en Novembre de l’année dernière débuté par un article de Justin Vaïsse, le directeur du CAPS au Quai d’Orsay qui opposait la tendance gaullo-mittérandienne indépendante européenne et la tendance néo-conservatrice plus atlantiste, plus militariste etc. et que dans le numéro de Mars un certain nombre d’autres auteurs répondent à ce papier dont Hubert Védrine que j’ai trouvé comme d’habitude très intéressant et il défend bien sûr la tendance gaullo-mitterandienne, c’est à dire par rapport aux Etats-Unis, amis-alliés mais non-alignés. Mais surtout ce que je trouve intéressant dans la pensée d’Hubert Védrine et donc du gaullo-mitterandisme, c’est l’adhésion, la conversion à l’Europe et il devient aujourd’hui avec d’autres le grand défenseur de l’autonomie stratégique européenne"

Les arbres doivent-ils pouvoir plaider?

Lucile Schmid

"Sans transition, je voulais recommander un ouvrage aux éditions du Passager Clandestin, ce qui est déjà tout un programme, qui s’appelle : Les arbres peuvent-ils plaider ? En ces temps de salon de l’agriculture, c’est la réédition d’un article écrit dans les années 70 par Christopher Stone qui est un professeur de droit, qui en forme de boutade, traite la question de la préservation de l’environnement et qui dit, au fond, si les arbres pouvaient plaider on conserverait mieux notre environnement et notamment ces parcs naturels qui aujourd’hui sont menacés par la politique de Donald Trump. La préface qui a été écrite par Catherine Laraire qui est une grande philosophe des questions d’écologie est hyper intéressante notamment sur la question du loup qui aujourd’hui agite les campagnes et les éleveurs. Cette boutade sur Les arbres peuvent-ils plaider ? nous renvoie à la manière dont nous pouvons intégrer au fond la question de la nature dans un fonctionnement démocratique qui a été conçu à une époque où l’humanité était totalement triomphante et n’imaginait pas qu’on pouvait consommer 6 planètes. Je trouve que c’est quelque chose qui nous fait réfléchir aux procédures démocratiques et aux contenus des vrais débats, des vraies priorités qui rejoint le débat que nous avons eu sur la ruralité en début d’émission."

Le jeu de l'amour et du hasard

François Bujon de L’Estang

"Je vous trouve tous terriblement profonds et sérieux, moi je voudrais continuer de joindre le futile à l’agréable en recommandant à tous les amateurs de théâtre et à tout ceux qui aiment les beautés de la langue française et qui apprécient à la fois l’élégance et l’esprit, de se précipiter au théâtre de la porte Saint-Martin pour voir le magnifique Jeu de l’amour et du hasard dans la magnifique mise en scène de Catherine Hiegel. C’est un moment de pur Bonheur et le simple fait d’écouter pendant une heure et demi si bien dite et si bien mise en scène la merveilleuse prose de Marivaux vous consolera de bien des avanies."

De l'expérience en politique

Jean-Louis Bourlanges

"Je vais verser au débat sur le non-renouvellement des mandats, il y a un point de désaccord entre moi et la majorité présidentielle, est-ce qu’il faut arrêter à 3 le mandat ? Je voudrais simplement verser un point au dossier c’est que, en France, il y a eu de Robert Le Pieu et Philippe Le Bel, pendant 3 siècles, seulement 9 monarques donc en moyenne une durée de plus de trente ans. Ce n’est pas pour rien que la France s’est faite à ce moment-là comparez-le à l’instabilité allemande et à l’instabilité italienne et vous avez les clefs du succès politique. Coryez-moi l’expérience en politique doit être reconnue et valorisée."