Les élections allemandes
Introduction
Les élections législatives outre-Rhin ont installé Angela Merkel à la tête du gouvernement pour la quatrième fois consécutive. Mais, derrière cette apparente continuité, ce scrutin consacrent le morcellement du jeu politique allemand.
Cette dynamique se traduit d’abord par le relatif effritement des grands partis de gouvernement. Ce recul est limité pour le parti d’Angela Merkel, qui confiait cependant avoir espéré des résultats « un peu meilleurs ». Avec 33% des suffrages, la CDU-CSU peut compter sur 246 sièges au Bundestag, contre 311 lors de la précédente législature. Les sociaux-démocrates ont en revanche réalisé le pire score de leur histoire, ne recueillant que 20,5% des suffrages et 153 sièges au Parlement. Martin Schulz a pris acte de cette défaite historique en annonçant la fin de la collaboration du SPD avec le gouvernement de Mme Merkel.
Ce scrutin est aussi marqué par les bons résultats des petits partis et par la percée inédite de l’extrême droite allemande. Arrivé en troisième position, le parti Alternative für Deutschland (AFD) a recueilli 12,6% des suffrages. Il peut ainsi faire son entrée au Bundestag avec 94 députés. Ce succès électoral s’appuie notamment sur de bons résultats dans les Länders de l’ex-RDA et sur un vif rejet de la politique d’accueil des réfugiés assumée par Mme Merkel. À la suite de l’extrême-droite, les libéraux du FDP, le Parti de Gauche Die Linke et les Verts réalisent également de bonnes performances. Ces trois partis obtiennent respectivement 80, 69 et 67 sièges. Face au refus des sociaux-démocrates de reconduire une « grande coalition », la Chancelière Merkel doit se tourner vers les autres partis modérés pour former un gouvernement majoritaire au Bundestag. De difficiles tractations ont commencé entre la CDU-CSU, les Verts et les Libéraux pour former une coalition dite « Jamaïque », encore inédite à l’échelon fédéral.
Ces discussions sont compliquées par les divergences entre Libéraux et Verts sur la question de l’Europe. Le dirigeant du FDP, Christian Lindner, qui réclame le ministère des Finances, a notamment fait campagne sur le rejet d’un budget de la zone euro et d’une union bancaire approfondie. De son côté, Cem Özdemir, tête de liste des Verts et candidat potentiel au poste de ministre des Affaires étrangères, a applaudi la politique française et appelé au renforcement des liens européens. Interrogée sur ces divergences, et alors que le président français a présenté mardi en Sorbonne son projet de refondation de l’Europe, la chancelière a répondu ne rien exclure quant à sa future politique européenne.
La France Insoumise
Introduction
Forte des 7 millions de voix recueillies au premier tour de l’élection présidentielle et de ses 17 députés à l’Assemblée nationale, la France insoumise entend s’affirmer comme la première force d’opposition à Emmanuel Macron.
Lors de son université d’été, à Marseille, en août dernier, les Insoumis ont réaffirmé leur opposition aux différentes annonces du gouvernement intervenues pendant l’été. Leur chef de file, Jean-Luc Mélenchon, y a défini une série d’objectifs stratégiques. Au-delà de la simple opposition, M. Mélenchon entend incarner la seule alternative au système libéral. Il s’est déclaré prêt à exercer le pouvoir à la suite d’une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale, à laquelle il espère pousser le président de la République.
Le clivage entre le peuple et les élites, les thèmes écologistes et une communication rénovée contribuent au succès de cette nouvelle force de la gauche radicale. La constitution d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale permet au parti d’occuper l’espace politique et médiatique. Elle favorise aussi l’émergence de nouvelles figures comme le député du Nord, Adrien Quatennens, celui de la Somme François Ruffin, ou celui de la Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière. La France Insoumise profite également de l’affaiblissement du Parti communiste comme du Parti socialiste et entend fédérer autour d’elle toutes les oppositions à Emmanuel Macron. M. Mélenchon a même réagi aux divisions qui se font jour au Front National pour appeler « tous ceux qui sont fâchés mais pas fachos » à le rejoindre.
Mais La France Insoumise doit encore surmonter les divisions à gauche et l’hostilité des chefs traditionnels des forces contestataires. L’absence de M. Mélenchon lors de la Fête de l’humanité, organisée du 15 au 17 septembre, a été vivement critiquée. Pierre Laurent, le dirigeant du Parti communiste, a fustigé la stratégie hégémonique de l’ancien leader du Front de Gauche et a déclaré : « Lui n’est pas là, mais le peuple, il est là ». Le député des Bouches-du-Rhône a répondu depuis la Réunion en dénonçant « une direction communiste en perdition ». Les syndicats ont également mal réagi à l’organisation par La France Insoumise de sa propre journée de mobilisation contre la réforme du code du travail. Cette marche contre le coup d’État social du gouvernement, si elle a rassemblé dans la capitale, le 23 septembre près du double de la mobilisation obtenue par la CGT quelques jours plus tôt n’a pas été le déferlement contre « le coup d’Etat social » annoncé par Jean-Luc Mélenchon.