Les fonctionnaires
Introduction
Mardi 10 octobre, environ 200.000 personnes, dont 26.000 à Paris, ont manifesté leur opposition aux projets du gouvernement concernant la fonction publique. Ils répondaient à l’appel des 9 syndicats de fonctionnaires qui ont présenté un front uni pour la première fois depuis février 2007. On a recensé 14% de grévistes parmi les fonctionnaires d’État, dont près de 17% à l’Éducation nationale, et environ 10% dans les fonctions publiques hospitalière et territoriale.
Les manifestants protestaient contre les mesures d’économies budgétaires dans la fonction publique. Ainsi les allègements de charges pour les fonctionnaires ne feront-ils que compenser la hausse de la CSG, et ne se traduiront pas par une hausse du pouvoir d’achat comme pour les salariés du privé. Les syndicats ont dénoncé à ce propos la rupture d’une promesse de campagne du candidat Macron. Le gel du point d’indice pour l’année 2018 suscite aussi de vives réactions, alors que les fonctionnaires dénoncent une dégradation continue de leur pouvoir d’achat et de leurs conditions de travail. Le rétablissement du jour de carence, mesure instaurée par Nicolas Sarkozy et supprimée par François Hollande, fait également polémique. Enfin, le projet du gouvernement de modifier à terme la grille de rémunération des fonctionnaires pour introduire des éléments de rémunération au mérite constitue un casus belli pour les syndicats de fonctionnaires. Dans ce contexte tendu, le gouvernement a repoussé à plus tard l’essentiel des 120.000 suppressions de postes qui devraient intervenir dans la fonction publique au cours du quinquennat. Seuls 1.600 équivalents temps-plein ne seront pas renouvelés en 2018.
Au-delà de ces revendications, les personnels des trois fonctions publiques ont exprimé lassitude et colère face à l’érosion des services publics en France. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a déclaré cette semaine aux Échos : « Les agents souffrent de n’être vus que comme un poids budgétaire et non comme une richesse ». Les inquiétudes sont vives, tant à l’éducation nationale qu’à l’hôpital, où enseignants et personnels soignants souffrent d’un manque de reconnaissance et d’une absence de moyens suffisants. Dans l’administration territoriale, où de nombreux services publics sont regroupés, numérisés ou simplement supprimés, les attentes ne sont pas moins grandes.
Dans ce contexte, l’exécutif doit organiser à l’hiver un « Grand Forum de l’action publique » pour débattre avec les acteurs concernés de la place des services publics en France et proposer des réformes structurelles.
Trump et le nucléaire iranien
Introduction
Depuis la révolution khomeiniste de 1979, les Etats-Unis ont adopté une politique très dure vis-à-vis du programme nucléaire iranien, suivant une ligne dite du « zéro technologie nucléaire ». Les sanctions américaines et les pressions exercées par la communauté internationale n’ont pas empêché l’Iran de développer sa propre production de combustible nucléaire. Téhéran maîtrise ainsi depuis 2003 le processus d'enrichissement de l'uranium. De 2006 à 2013, les Etats-Unis ont imposé des sanctions plus sévères. Elles n’ont pas empêché le développement du programme nucléaire iranien, sous la présidence conservatrice de Mahmoud Ahmadinejad.
Selon les observateurs, la gravité de la situation commandait de rechercher activement une sortie de crise. Des discussions avec Téhéran ont alors été engagées conjointement par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne, au sein d'un groupe baptisé P5+1. Favorisées par l’élection en 2013 d’un nouveau président modéré, M. Rohani, les négociations internationales ont abouti en juillet 2015 à la signature du Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA). Cet accord instaure un régime de vérification et de contrôle très strict des activités nucléaires iraniennes par les experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Signé à Vienne le 14 juillet 2015, ce texte garantit la portée exclusivement civile et pacifique du programme nucléaire iranien. En contrepartie, la communauté internationale concède un assouplissement progressif des sanctions économiques qui isolent le pays et pénalisent son économie.
Le 11 octobre dernier, le président américain, qui en septembre dernier avait déclaré de cet accord qu'il était « l'un des pires et des plus déséquilibrés » jamais conclus, et menaçait de le « déchirer » a réitéré ses critiques sur Fox News. Il a laissé entendre qu’il pourrait demander au Congrès de dénoncer le Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA). Donald Trump doit en effet intervenir ces jours-ci devant le Congrès américain, pour « certifier » que l’accord a bien été respecté par Téhéran. Un refus du président Trump pourrait aboutir au vote de nouvelles sanctions contre l’Iran par le Congrès américain.
En Europe, le président français Emmanuel Macron a défendu l’accord de Vienne à la tribune de l’ONU le 18 septembre dernier, signifiant au président américain que « la remise en cause de l’accord de Vienne ouvrirait une boîte de Pandore ». De son côté, la chancelière allemande, Angela Merkel, a cité l’accord en exemple, jugeant que le format des négociations avec l'Iran pourrait être utilisé pour mettre un terme aux tensions avec la Corée du Nord.