Macron chez Trump : le chêne et le roseau?
Introduction
Réservée à Emmanuel Macron la première visite d’État accueillie sous la présidence Trump aura notamment été marquée par de spectaculaires démonstrations d’amitié et de nombreux désaccords. Si Emmanuel Macron a eu droit à tous les honneurs, sur le plan diplomatique, les divergences de point de vue entre les deux chefs d’état restent nombreuses. Le fFançais espérait des exemptions au tarif sur l’acier et l’aluminium européen et répétait que les “différends commerciaux doivent se régler par le biais de l’OMC”. Mais l’Américain s’est montré inflexible déplorant que l’Union soit “si dure” avec des “barrières douanières inacceptables”. A propos de la Syrie, Emmanuel Macron pourrait avoir eu plus de succès auprès de Donald Trump. Ce dernier, qui manifestait il y a quelques semaines encore sa volonté de retirer ses troupes, a reconnu qu’un départ précipité laisserait le champ libre à l’Iran et aux groupes terroristes. Lors de son allocution devant le Congrès, le président français a multiplié les piques en direction de Trump en faisant l’éloge du multilatéralisme, des organisations internationales et de l’accord de Paris et en critiquant certaine forme de nationalisme et d'isolationnisme. Enfin, sur le dossier du nucléaire iranien, Emmanuel Macron, qui se veut un “médiateur impartial”, s’est montré plutôt pessimiste, déclarant “Je n'entends pas une volonté farouche de maintenir ou de défendre cet accord” Désormais, la solution la plus envisageable serait d’incorporer l’accord de 2015, conclu entre les cinq membres permanents du Conseil sécurité des Nations unies (ONU), l’Allemagne et l’Iran, à un “nouvel accord”. Cet accord “plus vaste” reposerait sur trois nouveaux piliers : étendre l’interdiction du programme nucléaire iranien à plus long terme, empêcher la construction de missile balistique iranien et circonscrire l’influence régionale grandissante de l’Iran. Dans la foulée de ces déclarations, Téhéran et Moscou ont rejeté en bloc cette idée. Donald Trump dira le 12 mai s’il reste ou non dans l’accord sur le nucléaire.
Asile : une loi en trop?
Introduction
L’Assemblée Nationale a adopté la loi “Asile-Immigration” le dimanche 22 avril par 228 voix contre 139 et 24 abstentions. Votée en première lecture après une soixantaine d’heures de débats répartis sur 7 jours, cette loi, défendue par le ministre de l’intérieur Gérard Collomb, visait à réduire les délais de traitement des demandes d’asile à six mois contre onze aujourd’hui et à faciliter le système de reconduites à la frontière pour les personnes déboutées. En séance, le texte final a été quelque peu modifié, en accordant aux demandeurs d’asile la possibilité de travailler dès six mois après le dépôt de leur demande et en prévoyant l’élargissement des exceptions aux poursuites pénales pour les délits dit de “solidarité”. Si le ministre a salué l’adoption d’un “texte juste” invoquant “l’urgence à réagir” pour limiter une “immigration massive” tout en “garantissant le droit d’asile”, les débats autour de ce texte auront été houleux. Malgré la menace d’exclusion du groupe parlementaire, quatorze députés macronistes se sont abstenus et, pour la première fois depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, un député de son parti LREM a voté contre. Les députés Les Républicains défendu le droit de la France à “choisir qui elle accueille sur son territoire” et ils ont critiqué vertement un système d’asile qu’ils jugent “détourné de son objet principal”. Les députés “insoumis”, communistes et socialistes ont combattu un texte “déshumanisant” qui allonge la durée maximale de séjour en centre de rétention et l’ouvre aux mineurs, qui facilite le recours à la vidéo-audience et qui réduit drastiquement le délai d’appel après le rejet d’une demande d’asile. Rappelons que, le 15 février dernier, le Conseil d’Etat a notamment déploré que le gouvernement s’empare “d’un sujet aussi complexe à d’aussi brefs intervalles” risquant ainsi de “diminuer sensiblement la lisibilité du dispositif”. Enfin, les principaux organismes publics chargés du droit d’asile, que sont la Cour Nationale du Droit d’Asile et l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, ont tous deux entamés un mouvement de grève pour protester contre une loi que les syndicats jugent “dangereuse”...