Corées : 1+1=1 ?
Introduction
Le vendredi 27 avril, le dirigeant de la Corée du Nord Kim Jong-Un a rencontré son homologue sud-coréen Moon Jae-In au milieu de la zone démilitarisée qui sépare les deux pays depuis l’armistice de 1953, dans le village de Panmunjom. Kim Jung-Un est donc devenu ce vendredi le premier dirigeant nord-coréen à fouler le sol de son voisin du Sud depuis 1953. Les deux leaders ont déclaré vouloir “cesser complètement les activités militaires hostiles” assurant qu’il n’y aurait “plus de guerre sur la péninsule coréenne” et que la Corée était “au seuil d’une histoire nouvelle” marquée par “une ère de paix”. Ils se sont engagés à rétablir des relations normales entre leur deux pays à travers des actes symboliques comme l’arrêt de la propagande par haut-parleur le long de la zone démilitarisée ou la reprise des réunions de familles séparées par la guerre dès août 2018. Parmi les promesses inédites de ce sommet : “une dénucléarisation complète de la péninsule” à travers un moratoire, la fermeture du principal centre d’essai nucléaire nord-coréen ainsi que la tenue, cet automne, de négociations en vue d’un traité de paix après 65 années d’armistice entre les deux pays. Donald Trump, qui doit rencontrer son homologue nord-coréen début juin, a décrit un sommet “historique” tout en remerciant Pékin pour son “aide précieuse” et en avertissant que malgré “l’enthousiasme de Pyongyang” il ne se ferait pas avoir par Kim Jung-Un. La Chine a salué “le courage” des deux dirigeants coréens” et a qualifié la rencontre de “développement positif en vue de la réconciliation et de la coopération intercoréenne”. Kim Jung-Un s’est dit prêt à dialoguer avec l’ancienne puissance coloniale japonaise “à tout moment”, le Premier ministre nippon, Shinzo Abe, évoquant "un pas positif vers une résolution d'ensemble” de plusieurs questions concernant la Corée du Nord. Enfin si Federica Mogherini cheffe de la diplomatie européenne a déclaré “que les deux dirigeants avaient montré au monde que le chemin vers la paix est possible”, ces derniers ont tout de même tenu à rappeler qu’il pourrait y avoir sur le chemin de paix “des retours de bâton, des difficultés et des frustrations’ jugeant “qu’on ne peut parvenir à la paix sans douleur”...
Droites françaises, à qui profite la désunion ?
Introduction
Marion Maréchal-Le Pen a annoncé l’ouverture de son académie à la rentrée 2018 à Lyon. Elle veut en faire “le terreau de tous les courants de droite” pour “détecter et former les dirigeants de demain”. Cette volonté de rassembler intervient dans un paysage politique largement recomposé après la victoire d’Emmanuel Macron. Selon Marine Le Pen, les élections de 2017 ont laissé place à une nouvelle démarcation idéologique séparant “mondialiste européistes” et “nationaux”. On aura pu voir, lors de la semaine d’examen de la loi asile-immigration, le résultat de cette ligne politique avec l’alignement quasi-systématique des députés LR et des députés FN appelant conjointement à un référendum sur l’immigration. Face à cette convergence idéologique entre droite dure et extrême droite, de nombreuses voix réclament un rapprochement politique. L’appel d’Angers sur l’union des droites signé le 23 avril proclamait : “Ni Les Républicains, délestés de leurs alliés centristes, ni le Front national toujours cornerisé, ni non plus les partis eurocritiques ne pourront l'emporter seuls”. Parmi les signataires, on trouve Robert Ménard, maire de Béziers, Nicolas Dupont-Aignan, chef de file de Debout la France mais aussi Jean- Frédéric Poisson, président du Parti Démocrate Chrétien et Thierry Mariani ancien ministre de Nicolas Sarkozy. Cette dynamique de rapprochement semble déjà bien engagée : Marine Le Pen a appelé à voter pour le candidat Les Républicains à la législative de Mayotte et en Gironde des élus du FN, de Debout la France et de LR se sont unis dans un même mouvement. Parmi ceux qui rejettent cette possible “coalition des droites” on trouve Laurent Wauquiez qui s’estime crédible et prêt à gouverner et considère le vote FN comme une impasse et menace d’exclusion les élus qui, comme Thierry Mariani, se rapprochent du Front National. Pour Henri Guaino aussi, “une telle union est vouée à l’échec”, “la droite ultralibérale, la droite traditionaliste et la droite nationale” n’ayant selon lui jamais réussi à s’entendre. Enfin, parmi ces différentes mouvances, on observe une résurgence des groupuscules d’extrême droite qui profitent de ce trou d’air au FN et chez les Républicains pour gagner en visibilité lors d’actions coup de poing comme lors de l’attaque du lycée autogéré de Paris ou plus récemment au sommet des Alpes pour empêcher les migrants de traverser la frontière.