L’entretien télévisé et le budget d’Emmanuel Macron
Introduction
Dimanche dernier, le président de la République s’est exprimé à la télévision, depuis le palais de l’Élysée, pour la première fois depuis son élection. Au cours d’un entretien de près d’1h30, Emmanuel Macron est revenu sur les premières mesures de son quinquennat et sur l’actualité législative des prochaines semaines. Cette intervention a été suivie par 9,5 millions de téléspectateurs. Pressé de s’expliquer sur le terrain des réformes économiques et sociales, le président de la République a annoncé que sa politique devrait produire des effets tangibles d’ici 18 à 24 mois.
Or cette semaine a également été marquée, à l’Assemblée nationale, par le début de l’examen en séance plénière du projet de loi de finances pour 2018. Le texte a suscité des critiques appuyées, tant depuis les bancs de La France insoumise que depuis ceux des Républicains, en passant par le groupe Nouvelle Gauche. Les uns fustigent une politique jugée de droite et favorable aux classes les plus riches de la population, tandis que les autres critiquent un budget « matraquant les classes moyennes ». Parmi les mesures budgétaires les plus controversées, figurent la suppression de l’impôt sur la fortune, la hausse de la CSG ou encore la baisse progressive de l’impôt sur les sociétés.
Ce premier budget du quinquennat profite d’un retour de la croissance, qui devrait s’établir à 1,8% du PIB en 2018. Ce contexte favorable permet à l’exécutif de maintenir son objectif de retour du déficit public sous la barre des 3% du PIB sans annoncer de nouvelles coupes budgétaires. Ainsi la dépense publique continuera-t-elle d’augmenter en valeur en 2018, tandis que seules 1.600 des 120.000 suppressions de postes dans la fonction publique annoncées par le candidat Macron seront effectives l’an prochain.
Cependant, l’équation budgétaire du gouvernement est remise en cause par l’invalidation de la taxe sur les dividendes mise en place par le précédent gouvernement. Instaurée en 2012, cette taxe a été invalidée par une décision du Conseil constitutionnel du 6 octobre dernier, à la suite de plusieurs condamnations de la France par les juridictions européennes. Cette décision oblige l’État à reverser 10 milliards d’euros aux entreprises qui ont injustement acquitté cet impôt aux cours des cinq dernières années, ce qui grève sérieusement l’équilibre des finances publiques. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé que ce manque à gagner entrainerait la levée d’un nouvel impôt à l’occasion d’une loi de finances rectificative courant novembre. Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a lui déclaré, en réponse aux critiques de la gauche, que c’est « l’amateurisme juridique qui a conduit à faire le plus grand cadeau fiscal jamais fait aux entreprises de ce pays ».
L’état des négociations sur le Brexit
Introduction
À la suite du référendum du 23 juin 2016 et de l’entrée en fonctions de Theresa May au poste de Premier ministre, le Royaume-Uni a officiellement engagé, le 29 mars dernier, la procédure de sortie de l’Union européenne. Prévue à l’article 50 du traité sur l’Union européenne, cette procédure ouvre un délai de deux ans pour négocier les conditions de la sortie d’un État membre.
Avant l’ouverture des négociations avec Bruxelles, Theresa May avait affiché sa fermeté. Dans un discours prononcé à Lancaster House en janvier 2017, elle avait menacé l’Union européenne de mener une politique de compétition fiscale agressive si ses revendications n’étaient pas satisfaites. Les points de tension entre Londres et les 27 sont en effet nombreux. Ils portent entre autres sur l’accès au marché unique, sur le statut des ressortissants européens au Royaume-Uni (et inversement), ou encore sur la « facture du divorce ». La défaite du parti conservateur aux élections législatives du 8 juin dernier a cependant fragilisé la position de Theresa May, à quelques jours de l’ouverture des négociations.
Le premier cycle de négociations s’est ouvert le 19 juin à Bruxelles, sous l’égide du ministre chargé du Brexit, David Davis, et du Français Michel Barnier, ancien commissaire européen. Si elles se sont poursuivies pendant l’été, ces négociations n’ont pas permis d’effectuer de réels progrès. Les Européens ont publiquement dénoncé l’impréparation et les demandes irréalistes des Britanniques. Ces critiques ont amené Theresa May à effectuer d’importantes concessions, formulées dans un discours prononcé fin septembre à Florence. Ces concessions portent sur le maintien de la contribution britannique au budget européen en cours, pour un montant qui reste à définir, et sur la transposition en droit britannique de la jurisprudence européenne en matière de droits et libertés fondamentales. Anticipant les conséquences économiques néfastes d’une sortie sèche, Mme May a proposé de mettre en place une période de transition de deux ans maximum à compter de mars 2019, pour introduire progressivement les dispositions du futur accord d’association entre Londres et les 27.
Ces concessions d’une Premier ministre affaiblie ne se sont pourtant pas traduites par une avancée dans les négociations. Politiquement, Theresa May peine à maintenir l’unité de son camp sur la question du Brexit et à donner du poids à ses prises de position dans les négociations. Les indicateurs économiques sont également au rouge. Selon un rapport de l’Office pour la statistique nationale à paraître fin octobre, la valeur totale des actifs présents sur le sol britannique aurait chuté de près de 500 milliards de livres en 2017, en raison de la baisse des investissements étrangers. L’inflation a atteint 3% au mois de septembre. Face aux atermoiements londoniens, Michel Barnier a dénoncé, jeudi 12 octobre, une « impasse préoccupante ».