Trumpisme et conséquences
Introduction
Lors de l’inauguration de la nouvelle ambassade des États-Unis à Jérusalem de violents affrontements entre manifestants palestiniens et forces de l’ordre israéliennes ont fait plusieurs dizaines de morts. En reconnaissant la ville sainte comme capitale d’Israël, les États Unis semblent légitimer le processus de colonisation des territoires arabes par l’État hébreu et les Palestiniens craignent que cette décision ne ferme la porte à des négociations pour une solution pacifique, à deux États. Ce transfert a été largement critiqué par la communauté internationale et même par l’Arabie Saoudite qui s’est désolidarisée de la décision américaine alors même que les deux pays avaient récemment opéré des rapprochements. De plus, ces nombreuses divergences sur la question israélo-palestinienne sont concomitantes avec l’annonce de Donald Trump du retrait des États Unis de l’accord sur le nucléaire iranien. Alors que l’Iran temporise et n’a encore pris aucune décision définitive quant à un possible retrait de l’accord, ce revirement américain pourrait avoir de sérieuses conséquences sur l’économie et la politique intérieure du pays et sur le Moyen Orient dans sa globalité L’actuel président iranien, Hassan Rohani, est en effet la cible des conservateurs qui l’accusent d’avoir détruit une partie du potentiel nucléaire iranien en signant l’accord de 2015 et d’avoir perdu un temps précieux alors que le pays aurait pu se doter d’une arme nucléaire depuis longtemps. Ainsi débarrassée des différentes régulations prévues par l’accord, l’Iran serait désormais libre de développer une arme nucléaire faisant craindre au monde une course à l’armement dans la région. La Chine et la Russie avaient d’ailleurs avertis l’administration américaine de leur crainte de voir l’insécurité géopolitique encore augmenter. En Europe, la France, le Royaume uni et l’Allemagne ont également désavoué la position américaine entamant dans la foulée des discussions avec l’Iran pour sauver les termes de l’accord. Après son retrait de la COP21 et le relèvement des barrières douanières avec la Chine et l’Europe, cette dernière décision isole encore un peu plus Washington sur la scène internationale. Le 12 juin prochain, un sommet historique devrait réunir à Singapour Donald Trump Kim Jung. Le leader nord-coréen a prévenu le président américain qu’il devra faire preuve de souplesse sur la question du programme nucléaire nord-coréen, au risque de voir l’annulation pure et simple de la rencontre...
L'Europe et ses épreuves
Introduction
En recevant le 10 mai dernier, à Aix-La-Chapelle, le prix Charlemagne des mains d’une ancienne lauréate, Angela Merkel, Emmanuel Macron a prononcé son quatrième discours sur l’avenir de l’Europe, exhortant à construire sans attendre l’Union Européenne post-brexit. S’adressant à la chancelière allemande, le président français a déploré “le fétichisme perpétuel pour les excédents budgétaires et commerciaux” de l’Allemagne et la frilosité française concernant la modification des traités actuels. Emmanuel Macron s’est engagé à établir une feuille de route des réformes discutées avec Berlin avant le Conseil européen de juin, déclarant “ne soyons pas faibles” et “ne nous divisons pas”. Pourtant, malgré la remontée d’une croissance estimée à 2,4%, une amélioration de la situation de l’emploi et les progrès de l’idée d’une défense commune, la situation politique de l’Europe reste complexe. Angela Merkel est confrontée à un début de mandat difficile, fragilisée par les faiblesses de la coalition SPD-CDU au pouvoir. Sur la question migratoire, la coopération européenne s’érode face à l’avancée des populismes illibéraux et xénophobes. La Hongrie de Viktor Orban, la Pologne de Jaroslaw Kaczinski et la République tchèque d’Andrej Babis freinant encore un peu plus les velléités de relance européenne. Mais l’euroscepticisme s’étend désormais aussi aux pays de l’Ouest. En Autriche l’extrême droite europhobe a récemment fait son entrée au gouvernement et en Italie la Ligue du Nord et le Mouvement 5 étoiles ont remporté les dernières élections et s'apprêtent à former un gouvernement commun. Concernant les réformes à venir, celles de la PAC, de la zone euro ou du budget commun, l’Europe des 27 peine également à s’entendre à Bruxelles, même au sein du couple franco-allemand où les divergences d’opinion sont nombreuses. Mais face à la politique de Donald Trump, l’Europe pourrait bien être obligée de parler d’une seule et même voix, Angela Merkel allant jusqu’à déclarer: “Le temps où l'on pouvait compter tout simplement sur les États-Unis pour nous protéger est révolu” En effet, entre les menaces de lourdes sanctions économiques et le récent retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, les puissances européennes sont restées unanimes face à ce que le New York Times a qualifié “d’humiliation”...