Le Paso Doble à l'italienne
Introduction
La Ligue et Cinq Etoiles, les deux partis populistes et europhobes arrivés en tête aux élections législatives avaient d’abord, après 80 jours de négociations signé un accord de gouvernement et proposé comme président du Conseil un professeur de droit inconnu du grand public, Giuseppe Conte, dont les propos annonçaient un gouvernement du « changement » qui n’en maintiendrait pas moins le « dialogue avec les institutions européennes ». En présentant comme ministre de l’économie l’eurosceptique Paolo Savona, le nouveau président du conseil s’est heurté au veto du chef de l’État italien. Sergio Mattarella jugeait que ce choix n’était pas en accord avec “les principes de l’Union Européenne inscrits dans la constitution italienne” et craignait que l’application du programme conclu entre la Ligue et le Mouvement 5 étoiles ne mette en place un processus de sortie de la zone euro. Démissionnaire, Giuseppe Conte était remplacé par l’économiste Carlo Cottarelli, ancien cadre du Fonds monétaire international et partisan de la rigueur. Le nouveau chef du gouvernement pressenti énonçait alors des objectifs en rupture avec le précédent accord de coalition : assurer une gestion prudente des comptes publics, réduire la dette pour passer en dessous des 3% de déficit public et garantir à Bruxelles que l’Italie ne sortirait pas de la zone euro. Face à une majorité parlementaire hostile aux politiques d'austérité Carlo Cottarelli avait peu de chance d’obtenir un vote de confiance. Dès lors, des élections anticipées paraissaient inévitables ai début de l’automne. Les deux chefs de fils des partis majoritaires ne décolérant pas et Luigi Di Maio, patron du Mouvement 5 étoiles, ayant même menacé le chef de l’État d’engager une procédure de destitution pour non-respect de la « souveraineté du peuple », tandis que le commissaire européen au budget Günther Oettinger jugeait opportun de déclarer que « Les marchés financiers allaient apprendre aux Italiens à bien voter. », la Ligue et Cinq Etoiles se sont déclarés prêts jeudi à former un gouvernement d’union. Le président du conseil pressenti, Carlo Cottarelli a présenté sa démission et le président de la république a de nouveau convoqué Giuseppe Conte.