Merkel en difficulté
Introduction
Mardi 19 juin, lors du conseil des ministres franco-allemands qui se tenait à Meseberg non loin de Berlin, le président français et la chancelière allemande ont signé un accord de principe sur l’avenir de l’Europe. Pour Angela Merkel, ce texte apporte à la construction européenne des “réponses que l’on attend depuis pas mal de temps” jugeant qu’elle-même et son homologue français ont ouvert “un nouveau chapitre pour l’Union Européenne”. L’accord de Meseberg prévoit d’ici à 2021 la création d’un budget de la zone euro dont le volume et la gouvernance restent à définir avant la fin de l’année. Ce budget devra permettre la convergence des économies et la stabilisation en cas de crise grâce à un Fonds Monétaire Européen résultant de la réforme du Mécanisme de Stabilité. Angela Merkel s’est prononcée en faveur de “listes transnationales” pour les élections européennes de 2024 et a soutenu l’idée d’une “initiative européenne d’intervention” sorte d’Europe de la Défense à laquelle devrait participer une dizaine d’armées européennes. A propos de la crise migratoire, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont répété une nouvelle fois leur volonté d’agir dans le pays d’origine, de renforcer le contrôle aux frontières et de revoir le système d’asile. Mais avant de pouvoir mener à bien ses projets européistes, Angela Merkel devra trouver une solution à la crise politique qui mine la coalition au pouvoir. En effet, face à la percée du parti d’extrême droite AfD, la CSU bavaroise veut se montrer ferme craignant de perdre sa majorité au parlement régional. Horst Seehofer, ministre de l’intérieur et président de la CSU, a lancé un ultimatum à la chancelière, lui laissant deux semaines pour négocier une solution à la question migratoire. Faute de quoi le ministre menace de refouler tous les migrants se présentant aux frontières allemandes. Si la chancelière a promis de tout faire pour négocier des accords européens sur la question, elle a rejeté l’idée du “rejet automatique” porté par son ministre, considérant que la cohésion de l’UE était en jeu. Symbole fort de cette crise politique, les travaux parlementaires du Bundestag ont dû être interrompus jeudi 14 juin, pour permettre à la CDU et à la CSU de se réunir séparément. Si le parti-chrétien démocrate fait bloc derrière la chancelière qui s’est dite “renforcée”, de nouvelles élections pourraient avoir lieu.
May entre deux chaises
Introduction
Alors que la sortie officielle du Royaume-Uni de l’Union Européenne est prévue pour le 29 mars 2019, les négociateurs sont loin d’avoir établi les modalités de rupture, malgré l’obtention d’une période de transition demandée par Theresa May. Londres a dû accepter de s’acquitter de toutes ses obligations budgétaires. Sur l’immigration, les droits des continentaux expatriés au Royaume Uni et ceux des Britanniques installés sur le continent pendant la période de transition, du 30 mars 2019 au 31 décembre 2020 seront maintenus. C’est une concession de taille de la part de Londres alors que toute la campagne du Brexit en 2016 dénonçait l’arrivée massive de citoyens européens en Grande Bretagne. La question des deux Irlande reste un des enjeux majeurs de la négociation. Le Brexit faisant de facto de cette frontière, disparue depuis l’accord de paix de 1998, une frontière extérieure de l’Union Européenne. D’un point de vue commercial, ni Londres, ni Dublin ou Bruxelles ne veulent remettre en cause la fluidité des échanges. 45% des exportations britanniques vont vers l’Union Européenne ; 17% des exportations de l’Union sont à destination du Royaume Uni. Pourtant, Theresa May a vu rejeter sa proposition de maintenir non seulement Dublin mais aussi Londres dans une forme d’union douanière, ce qui a failli entrainer la démission du ministre du Brexit David Davis. Theresa May a dû souhaité que l’avenir du commerce euro-britannique soit établi par la signature bilatérale d’un accord de libre-échange. D’autres sujets de contentieux restent également à traiter comme la gouvernance politique ou la protection des services financiers. Les Britanniques étant soucieux de défendre les intérêts de la City. Si le texte proposé par Theresa May a été voté mercredi, la Première ministre doit jouer constamment les équilibristes entre les deux ailes de son Parti. Bruxelles s’inquiète de cette instabilité chronique, d’autant que d’autres batailles parlementaires se profilent à l’horizon avec notamment en juillet un nouveau probable sujet de division : la fin de l’union douanière avec l’Union Européenne…