Emmanuel Macron, la fin de la magie ?
Introduction
La popularité du président de la république mesurée par les sondages est au plus bas, elle se situe en-dessous de celle de son prédécesseur à la même étape de son mandat. Plusieurs affaires peuvent l’expliquer. L’affaire Benalla, qui a réveillé l’opposition au parlement et révélé une exagération dans le fonctionnement monarchique de la république et de sa présidence. Trois affaires, qui ont affecté les prétentions du président et de son entourage à l’exemplarité : l’affaire Françoise Nyssen et les soupçons de désinvolture à l’égard des règles de protection du patrimoine dont elle est la ministre, l’affaire Besson et la nomination comme consul général à Los Angeles d’un hagiographe d’Emmanuel Macron et enfin la démission de la ministre des sports justifiées par des raisons personnelles qui ont vite pris une apparence fiscale embarrassante. S’y est ajoutée l’affaire Hulot et la démission d’un ministre censé personnifier la détermination écologiste du gouvernement. Son remplacement par un vieux routier des appareils politiques interroge sur la place que conserve la société civile dans le nouveau monde du candidat Macron. Le remplacement de ce remplaçant par Richard Ferrand, un très proche du président sous le coup d’une information judiciaire pour prise illégale d’intérêt renforcent les questions évoquées à propos de Françoise Nyssen, Philippe Besson et Laura Flessel. Quant aux pressions exercées par l’Élysée sur les trois -puis sur les deux- candidates au perchoir issues de la même formation que M. Ferrand, elles ont conduit à s’interroger sur la conception du rôle du parlement d’Emmanuel Macron et sur la permanence de son attachement au renforcement de la place des femmes en politique. Si la valse-hésitation dansée par le président et son ministre des comptes publics à propos du prélèvement à la source n’a pas constitué à proprement parler une affaire, elle n’en a pas moins laissé planer un doute sur la capacité du politique à imposer ses vues à l’administration – en l’occurrence celle de la Direction générale des finances publiques- Or, ce rapport de sujétion nécessaire du technocratique au politique était un des éléments forts du discours de l’actuel président. Cette période de turbulences intervient alors que le gouvernement doit mener plusieurs réformes : celle de la constitution, celle des retraites, celle de l’assurance chômage, tandis que le budget devra tenir compte de la réduction par l’Insee des prévisions de croissance de l’année de 2 à 1,7% et alors qu’il lui faut mettre ses troupes en ordre de bataille pour les élections européennes de mai 2019.
La France face à la montée des populismes
Introduction
Il y a près d’un an, le président Macron prononçait en Sorbonne son grand discours programmatique sur l’avenir de l’Europe. Pour réformer l’Europe en profondeur et relancer la construction européenne, il tendait la main à ses principaux partenaires au premier rang desquels l’Allemagne. Depuis cette allocution, la montée des partis extrémistes et europhobes dans plusieurs pays à l’est comme au sud de l’Europe a assombri le paysage européen et mis en cause la capacité des pays l’Union à s’accorder sur les réponses à apporter aux nombreux défis qui les pressent. Avec un gouvernement hétéroclite, fruit de l’alliance entre les deux principaux partis extrémistes de droite et de gauche de la péninsule, l’Italie – pays pilier de la construction européenne, a rejoint en mars dernier la Hongrie, la Pologne et la République Tchèque, dont les gouvernements ont affirmé leur hostilité à plusieurs directives européennes, et d’abord à celle qui concerne l’accueil des migrants. Dans une conférence de presse commune tenue à Milan le 29 août, le nouveau ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini et le Premier ministre hongrois Viktor Orban on affirmé leur intention de « créer une alliance » politique et de mettre leur force en commun pour entraver la politique du président de la République française. Cette annonce intervient tandis que les manifestations de xénophobie se multiplient dans différentes régions de l’Europe de la Pologne à la Saxe en passant par l’Italie. Cette résurgence des extrêmes se produit dans un contexte où la chancelière allemande, affaiblie à l’issue des dernières élections, doit affronter l’audience électorale croissante du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland et les critiques de plus en plus audibles de ses alliés bavarois de la CSU, indispensables au maintient de sa coalition. Telles sont les circonstances dans lesquelles les États-membres de l’Union devront trouver un accord pour clore les discussions relatives au Brexit qui devrait entrer en vigueur en mars et pour désigner un successeur au président de la Commission Jean-Claude Juncker, à l’issue des élections européennes qui se tiendront en mai.