L'équation des Républicains
Introduction
La Haute autorité du parti Les Républicains a dévoilé, jeudi 26 octobre, les noms des trois candidats en lice pour l’élection à la présidence du parti. Il s’agit du conseiller départemental du Finistère, Maël de Calan, de la conseillère régionale d’Île-de-France, Florence Portelli et du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez. La campagne pour le scrutin des 10 et 17 décembre prochains a donc officiellement débuté.
Cette annonce intervient alors que de nombreux candidats ont peiné à réunir le nombre de parrainages requis pour concourir. Seuls trois des six candidats déclarés figurent ainsi sur la ligne de départ. La démobilisation des militants a même fait craindre un temps une candidature unique, celle de Laurent Wauquiez, seul candidat à jouir à ce jour d’une réelle notoriété auprès du grand public. Cette situation, jugée désastreuse pour l’image du parti et l’autorité de son futur président, a finalement été évitée, mais les palinodies chantées sur l’exclusion ou le maintien dans le parti des députés constructifs laissent l’image d’une formation divisée et facilement au bord de la crise de nerfs.
Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes fait figure de favori incontesté. Soutenu par l’essentiel de l’appareil du parti, il défend un projet situé dans le double héritage du sarkozysme et de la campagne de François Fillon. M. Wauquiez entend regagner le vote des électeurs de droite séduits par le Front national par une offensive sur les thèmes identitaires. En même temps, il revendique les valeurs qui ont fait le succès de François Fillon lors de la primaire de 2016. Célébrant la culture et l’identité françaises, prônant une France des territoires et de la ruralité contre les métropoles mondialisées, M. Wauquiez entend s’affirmer comme la seule alternative à droite face au gouvernement. Pour ce faire, il a engagé une dynamique de rassemblement en nommant à la vice-présidence du parti Virginie Calmels, une personnalité du jupéisme –du moins pendant la primaire de la droite- et Guillaume Peltier, de sensibilité villiero-sarkozyste.
Face à ce poids lourd du parti, Maël de Calan et Florence Portelli tentent de défendre les autres courants de la droite républicaine. Respectivement porte-paroles d’Alain Juppé et de François Fillon lors de la primaire de la droite et du centre, les médias les ont réduits au rôle de critiques de Laurent Wauquiez et on ne voit guère les choix stratégiques qu’ils proposent à leur parti. La question de la porosité avec le Front National est la principale pomme de discorde. Une récente déclaration du mouvement Sens commun, aujourd’hui affilié au parti Les Républicains, appelant à constituer une « plateforme commune » avec Marion-Maréchal Le Pen, a ainsi déclenché la controverse. Certains craignent un départ des juppéistes en cas de victoire de Laurent Wauquiez et de rupture avec la droite pro-Macron, enterrant ainsi l’unité de la droite de gouvernement.
Quelles nouvelles de Catalogne ?
Introduction
Vendredi 27 octobre, moins d’une heure après la proclamation d’indépendance de la Catalogne par 70 des 135 députés du parlement régional, le Sénat espagnol a voté la mise sous tutelle de la région. Le recours à l’article 155 de la Constitution a été approuvé par une écrasante majorité : 241 voix pour, 47 contre, et une abstention. Une grande partie de la classe politique espagnole a pris le parti de la fermeté, puisque le Parti populaire (PP), le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et le parti libéral Ciudadanos ont soutenu le recours à ce mécanisme exceptionnel, jamais utilisé depuis le retour de la démocratie en Espagne.
Le même jour même, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy dénonçait « la déraison prenant le pas sur la loi et la démocratie en Catalogne ». Il a ensuite présenté les mesures édictées par Madrid pour reprendre la région en main : destitution du gouvernement catalan, mise sous tutelle de l’administration, dissolution du Parlement régional et convocation d'élections le 21 décembre prochain. Monsieur Rajoy a renoncé, pour le moment, à prendre le contrôle des médias publics catalans, comme le lui avaient demandé les socialistes.
Lundi 30 octobre, l'administration catalane était déjà sous le contrôle de Madrid, pour la première fois depuis la fin de la dictature du général Franco. C’est la vice-présidente du gouvernement espagnol Soraya Saenz de Santamaria, qui a repris les rênes de la région. L’ancienne équipe dirigeante fait l’objet de poursuites. La Haute cour d'Espagne a annoncé mardi qu'elle avait convoqué le président déchu de la Catalogne, Carles Puigdemont, ainsi que 13 autres membres de l'administration régionale. De son côté, le parquet espagnol prépare contre M. Puigdemont une plainte pour rébellion, un délit passible de 15 à 30 ans de prison.
Après une fuite rocambolesque par Marseille, le gouvernement séparatiste destitué s’est rendu à Bruxelles, d’où Carles Puigdemont assure être toujours « le président légitime de Catalogne ». Depuis la Belgique, l’ancien dirigeant de la Généralité a affirmé ne pas chercher à se soustraire à la justice ni demander l’asile politique. Il a déclaré s’être rendu à Bruxelles pour interpeller les autorités européennes sur la question catalane. M. Puigdemont ne s’est pourtant pas rendu à sa convocation à Madrid, contrairement à 8 de ses anciens ministres et collaborateurs. Ceux-ci ont été placés en détention provisoire jeudi 2 novembre, et le parquet espagnol a requis d’importantes peines d’emprisonnement pour rébellion, sédition et détournement de fonds publics. Le procureur de l’État espagnol a également requis un mandat d’arrêt européen contre M. Puigdemont, qui a réclamé la libération du « gouvernement légitime de Catalogne ».