Élections américaines : l'état de l'Union
Introduction
Le 6 novembre prochain, les électeurs américains sont appelés aux urnes pour renouveler, à mi-mandat du président, l’ensemble de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Deux ans et demi après la victoire de Donald Trump, la campagne pour ces élections se déroule, depuis le début d’octobre, dans un contexte d’une particulière violence. Commencée avec l’envoi d’une dizaine de colis piégés aux domiciles de plusieurs personnalités démocrates dont l’ancien président des États-Unis Barack Obama ainsi qu’au siège de la chaine CNN, cette violence a atteint un paroxysme avec l’attentat qui a fait 11 morts samedi dernier dans une synagogue de la ville de Pittsburgh. Après avoir tardé à dénoncer le caractère antisémite d’une fusillade, dont l’auteur ne cachait ni ses sympathies nazies ni ses convictions suprématistes et criait « tous les juifs doivent mourir » en ouvrant le feu, le président Trump a réagi en désignant les médias comme étant « le véritable ennemi du peuple ». Cette saillie du président américain s’inscrit dans une stratégie qu’il déploie depuis le début de la campagne en s’efforçant de transformer le scrutin en plébiscite sur sa personne et en répétant d’un meeting à l’autre un discours hostile aux migrants et en particulier à l’ouverture des frontières aux populations venues d’Amérique centrale. Face à lui, les candidats du parti démocrate dénoncent le caractère inégalitaire de la politique fiscale de l’administration Trump et défendent le bilan de l’Affordable Care Act adopté sous la présidence de Barack Obama. Si les sondages publiés la semaine dernière laissaient prévoir une courte victoire des Démocrates au Congrès, les bons résultats économiques des États-Unis ont fait gagner trois points de popularité depuis septembre au président Trump crédité aujourd’hui de 47% d’opinions favorables. Enfin, la mobilisation de la communauté hispanique et des électeurs les plus jeunes reste une grande inconnue.
L'Italie, la dette, l'Europe
Introduction
Le 27 septembre dernier, le ministre de l’économie et des finances italien Giovanni Tria a présenté le premier projet de budget de la coalition populiste formée par la Ligue et le Mouvement 5 étoiles depuis les élections générales de mars. Pour tenir une partie des mesures de relances annoncées pendant la campagne, ce budget prévoit notamment un plan de relance de 97 Md€ en 5 ans, plan qui se traduit par l’abandon de la politique de réduction du déficit public dans laquelle l’Italie, dont la dette est considérable, était engagée depuis plusieurs années. Après avoir plusieurs fois mis en garde contre cette hausse du déficit, qui substitue à un objectif de 0,8% du PIB acté par l’ancienne majorité sociale-démocrate un objectif de 2,4% du PIB en 2019, la Commission a fini par rejeter, sans surprise, le 23 octobre, le projet de budget présenté par le gouvernement de Giuseppe Conte. Ce rejet, présenté par le commissaire européen aux Affaires économiques et financières comme la conséquence logique d’une « déviation claire et nette », a été immédiatement condamné par le ministre de l’Intérieur et vice-président du Conseil Matteo Salvini qui a affirmé que « les messieurs de la spéculation » pouvaient se rassurer et que le gouvernement ne changerait rien à son budget. À ce stade, il est peu probable que la procédure de coordination des budgets, dite du semestre européen, qui n’a jamais abouti à une sanction financière, force le gouvernement Conte à revenir sur son plan. Pour autant, la présentation de ce budget a motivé la dégradation par Moody’s de la note attribuée au titre de la dette italienne. La coalition au pouvoir, qui s’est divisée récemment autour d’un projet d’amnistie fiscale, pourrait être ébranlée par une nouvelle dégradation qui entrainerait de lourdes conséquences sur le financement par l’État italien de son déficit alors que sa dette souveraine dépasse déjà les 131% de son PIB.