Le temps des guépards - La guerre mondiale de la France de 1961 à nos jours

Brève proposée par Marc-Olivier Padis dans l'émission Guerre en Ukraine, après l’annexion de quatre régions / Peut-on dépenser sur tous les fronts ? / n°265 / 2 octobre 2022, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Le temps des guépards - La guerre mondiale de la France de 1961 à nos jours

Marc-Olivier Padis

"J’ai récemment lu ce livre de Michel Goya, un militaire que l’on voit parfois désormais sur les plateaux de télévision à propos de la guerre en Ukraine. Il s’agit d’une synthèse, jamais faite auparavant, sur l’ensemble des interventions extérieures de la France depuis la fin de la guerre d’Algérie. En lisant ce livre, on prend d’abord conscience de l’importance numérique de ces opérations d’envergure, puisqu’il y en a eu trente-deux. L’armée française est donc mobilisée en permanence dans des opérations extrêmement délicates, qui ne font pas toujours l’objet d’échos importants. Avoir un tel panorama est non seulement impressionnant mais aussi précieux, car cela permet de comprendre l’évolution profonde de l’institution militaire depuis la décolonisation, avec un point de vue de militaire, c’est à dire qui s’intéresse à des sujets dont on ne discute habituellement jamais : la qualité des matériels, les tactiques ou les formes d’intervention. On apprend énormément avec cet ouvrage."


Les autres brèves de l'émission :

Michelle Perrot

Philippe Meyer

"Ce mardi 4 octobre, Michelle Perrot sera élevée à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur. Celles et ceux qui voudraient découvrir ou se souvenir de l’importance de ses travaux sur la condition des Femmes, la condition ouvrière ou la condition des prisonniers pourront se rapporter à notre site, où nous avions enregistré en 2020, pour notre rubrique « Kitafétoi ? » deux entretiens d’une heure chacun. Elle y a évoqué sa vie, notamment sa vie de parisienne puisque c’est une enfant du quartier des Halles, mais aussi son travail d’historienne. "


Edvard Munch - Un poème de vie, d’amour et de mort

Lucile Schmid

"Je vous encourage vivement à aller voir la magnifique exposition que le Musée d’Orsay consacre à Edvard Munch. Il n’y a certes qu’une centaine d’œuvres représentées, mais elles suffisent à donner une idée de la variété des techniques utilisées par l’artiste : peinture, dessins, lithographie … Mais surtout on cesse de le réduire au peintre du Cri : on voit qu’il commence par l’impressionnisme, continue avec le fauvisme, avant de devenir un des maîtres de l’expressionnisme. L’exposition met particulièrement bien en évidence une sorte de cycle de thèmes auxquels l’artiste revient en permanence. J’ai été particulièrement touchée par les jeunes filles sur un pont. Mais on peut aussi y trouver quelque chose de nietzschéen, avec un extraordinaires tableau d’hommes sur une plage, où l’on a l’impression d’avoir affaire aux surhommes du philosophe. "


Hommage à Paul Veyne

Nicolas Baverez

"Je voulais rendre hommage à la mémoire de Paul Veyne, qui vient de disparaître à 92 ans. C’était non seulement un immense historien mais aussi un esprit très curieux, quelqu’un qui a toujours été en décalage. Avec sa célèbre thèse sur le pain et le cirque, il a renouvelé notre vision de la société romaine, mais il a aussi interrogé les Grecs pour savoir s’ils croyaient vraiment à leur mythes. Plus récemment, il était revenu sur Palmyre à l’occasion de la destruction du site par les djihadistes de l’Etat islamique. Avec tout cela, il montrait à quel point l’Antiquité reste importante pour notre monde d’aujourd’hui, comment elle a façonné l’invention de la liberté politique. A l’heure où celle-ci est de plus en plus malmenée, et où la destruction de l’enseignement des lettres classiques semble systématique en France, la disparition de Paul Veyne n’en est que plus regrettable."


En finir avec le règne de l’illusion financière : pour une croissance réelle

Jean-Louis Bourlanges

"Je vous recommande ce livre de Jacques de Larosière. Ce n’est pas le premier cri d’alarme que lance l’auteur, mais celui-ci est particulièrement bien argumenté, pertinent, et écrit de façon claire. Il s’agit d’une critique générale des banques centrales. Avoir accepté de leur part une politique durable de taux d’intérêt négatifs est une catastrophe à long terme, à la fois sur le plan économique et sur le plan social. Cela a favorisé un déclin de l’investissement productif, une fuite en avant dans la recherche d’actifs financiers à risque, un encouragement aux bulles, et un encouragement massif au déficit budgétaire. Il souligne les conséquences sociales de tout cela : un accroissement systématique des inégalités en Occident, au profit des 10% les plus riches qui peuvent se permettre de jouer à ce jeu. Il y a derrière tout cela un affaissement économique de l’Occident, une rupture des liens sociaux, et des risques économiques à court terme. "