"La Comédie-Française a beaucoup évolué, sa troupe aussi et son public également. Aliette Martin a vu tous les spectacles donnés pendant les 42 ans qu'elle a passés rue de Richelieu comme directrice déléguée à la programmation. Elle a travaillé avec Pierre Dux, Jacques Toja, Jean-Pierre Vincent, Jean Le Poulain, Antoine Vitez, Jacques Lassalle, Jean-Pierre Miquel, Marcel Bozonnet, Muriel Mayette-Holtz et enfin Éric Ruf. Elle a été un truchement, comme le dit Denis Podalydès dans la préface du livre qu’Aliette Martin publie sous le titre Ma Comédie-Française, une histoire intime de la maison de Molière. Un truchement entre le possible et le faisable. Entre les exigences des metteurs en scène, les souhaits et les contraintes des comédiens, entre la Troupe et les administrateurs, entre les innovations et les trois siècles de tradition qui rendent ce théâtre unique mais qui en font un vaisseau lent à la manœuvre tout en étant capable d’assurer une alternance de spectacle sans équivalent. Elle en a connu toutes les crises et tous les avatars, elle a aidé la Maison avec son M majuscule à passer d’un administrateur à un autre, d’une vision artistique à une autre, elle a soutenu les administrateurs dans leur rapports souvent difficiles avec leur tutelle. Elle a mesuré l’excellence des différents corps de métier qui concourent aux spectacles et aussi leurs sautes d’humeur, bref, elle a tout vu et elle le raconte avec une affection précise, discrète quand il faut l’être, ferme quand il s’agit de l’idée qu’elle se fait de la Maison et qu’elle sort ses griffes et distribue les coups de patte à ceux qui la méconnaissent. Quand son tour est venu de quitter la Comédie-Française, la Troupe et toute la Maison lui ont fait la surprise d’un hommage mémorable. Elle leur rend, dans ce livre, la monnaie de leur pièce et c’est une monnaie frappée à l’effigie d’un amour inconditionnel et donc exigeant."