"Je propose à nos auditeurs d’aller au Musée Jacques Chirac voir cette exposition. Pour tous ceux qui s’intéressent au soft power français, Senghor est incontournable. Il avait l’habitude de dire que la politique commençait et finissait toujours par la Culture. Il l’a prouvé, non seulement en étant un grand poète et un grand écrivain, mais aussi en créant de grandes manufactures de tapisseries (projet qui n’était pas sans rappeler celui de Colbert) et en soutenant toutes les formes de créations artistiques contemporaines, ainsi que toutes les formes de recherche sur les arts et la culture africaine. Cela avait d’ailleurs été très contesté, puisqu’il avait déclaré que « l’émotion est à l’Afrique ce que la raison est à l’Europe » ; sa théorie de la négritude a elle aussi rencontré de fortes oppositions. A travers les textes et les œuvres présentés dans cette exposition, il y a quelque chose qui aide à comprendre pourquoi aujourd’hui dans le pouvoir français en Afrique, la Culture est un élément si central : restitutions des œuvres, Alliances françaises pleines et très nombreuses. Ces succès là sont bien plus grands que les succès économiques ou militaires. C’est un sentiment que Senghor a travaillé à rendre moins français et plus universel."