"Inspiré par l’air du temps, je me suis plongé dans le dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone, publié aux éditions de l’Atelier sous le titre Les Anarchistes. C’est un ouvrage dans la lignée du célèbre Maitron, le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, créé par Jean Maitron pionnier de l’histoire ouvrière. Les anarchistes tiennent que de nombreuses sociétés ont vécu sans autorité politique. C’est l’idée qui préside à l’édification de l’abbaye de Thélème dont Rabelais écrit : « Toute leur vie était régie non par des lois, des statuts ou des règles, mais selon leur volonté et leur libre arbitre. Ils sortaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur en venait. Nul ne les éveillait, nul ne les obligeait à boire ni à manger, ni à faire quoi que ce soit. Ainsi en avait décidé Gargantua. Et toute leur règle tenait en cette clause : Fais ce que voudras ». Plus politique, sous la Révolution, Jacques Roux, le « curé rouge » dans une adresse à la Convention : « La liberté n'est qu'un vain fantôme, quand une classe d'hommes peut affamer l'autre impunément. L'égalité n'est qu'un vain fantôme, quand le riche, par le monopole, exerce le droit de vie et de mort de son semblable. La république n'est qu'un vain fantôme, quand la contre-révolution s'opère de jour en jour par le prix des denrées auquel les trois quarts des citoyens ne peuvent atteindre sans verser des larmes. Le despotisme qui se propage sous le gouvernement de plusieurs, le despotisme sénatorial est aussi terrible que le sceptre des rois, puisqu'il tend à enchaîner le peuple, sans qu'il s'en doute, puisqu'il se trouve avili et subjugué par les lois qu'il est censé dicter lui-même ». On voit par là qu’il n’est pas anachronique de s’intéresser à ceux qui se sont réclamés de l’anarchie."