"Je vous vous recommande cette exposition du musée Jacquemart-André à Paris, qui se finira le 17 juillet. Le peintre vénitien Bellini est peut-être moins flamboyant que Carpaccio, moins violent que le Tintoret, et moins philosophe que Giorgione, il peint surtout des madones, mais il exprime une humanité et une douceur absolument bouleversantes. Il est l’un des premiers chefs de file de l’école du colorito : vénitien, sensuel, face aux expérimentations géométriques et mathématiques des florentins. Un mélange de vie et de sérénité que cette position. Notons qu’on peut la visiter comme l’ont prévu ses commissaires, en présentant des liens avec d’autres peintres. Mais on peut aussi se faire son petit scénario personnel. Ç’a été mon cas, à travers ces mères et ces enfants. J’ai vu d’abord la tendresse, mais aussi l’inquiétude maternelle, on comprend au regard de Marie qu’elle sait que son fils va mourir avant elle et on voit que cela la désespère. Dans un autre tableau, lors de la crucifixion, le corps de Jésus est totalement livide, le visage décomposé. Encore un peu plus loin, le Christ est mort. Son torse est celui d’un jeune homme, glabre, rose, le visage ne souffre plus, il semble apaisé. S’il l’un des deux anges au-dessus de lui verse une larme. Je vous engage à aller vous faire votre propre itinéraire dans cette magnifique exposition."