Mémorial face à l’oppression russe

Brève proposée par Philippe Meyer dans l'émission L’impossible sérieux budgétaire / Élections en Slovaquie et extrême-droite européenne / n°318 / 8 octobre 2023., que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Mémorial face à l’oppression russe

Philippe Meyer

"Je voudrais signaler la parution aux éditions plein jour d'un livre d’Étienne Bouche « Mémorial face à l'oppression russe » qui rassemble le fruit d'entretiens avec des personnalités de l'organisation non-gouvernementale Mémorial qui a reçu le prix Nobel 2022, a été empêchée d'agir par un tribunal aux ordres de Vladimir Poutine, et une réflexion sur le rapport de la société russe avec son passé. Etienne Bouche met en lumière la maladie de la mémoire qui affecte la société russe en même temps qu'il analyse l'échec de Mémorial à traiter et plus encore à guérir cette maladie. Nicolas Werth, l'historien de l'Union soviétique et président de Mémorial France parle « d'un livre foisonnant où le lecteur fait la connaissance des principaux acteurs ayant marqué depuis 30 ans Mémorial tout en obtenant de nombreuses clés d'explication sur cette maladie de la mémoire qui caractérise la société russe d'aujourd'hui. »"


Les autres brèves de l'émission :

Ne réveille pas les enfants

Marc-Olivier Padis

"Pour une personne née après 1962, il est toujours surprenant de voir à quel point la guerre d’Algérie reste dans notre histoire comme un récit souterrain qui ne cesse de resurgir là où on ne l’attend pas. C’est ce qui m’a intéressé dans ce livre d’Ariane Chemin, qui commence comme une enquête journalistique sur un fait divers qui s’est déroulé à Montreux, en Suisse, en 2022 mais qui laisse émerger, dans l’exploration d’une histoire familiale tourmentée, des souvenirs enfouis de cette guerre d’Algérie. En 1955, la résistante française et anthropologue des sociétés méditerranéennes Germaine Tillion fonde en Algérie les Centres sociaux, des lieux destinés notamment à l’éducation des jeunes filles algériennes. Parmi les dirigeants de ces centres sociaux, l’écrivain kabyle Mouloud Feraoun, dont le premier roman, le Fils du pauvre a été publié par les éditions du Seuil en 1950. Il est assassiné par l’OAS le 15 mars 1962. C’est un homme qui aura manqué à la construction de l’Algérie indépendante. Comme le dit un personnage interrogé par la journaliste : « j’avais espéré avoir oublié cette histoire ». « Ne réveille pas les enfants », dit le titre : ne réveille pas les souvenirs. Et pourtant, ils sont là, ils font partie de notre histoire. C’est ce que raconte, à travers un fait divers, cette enquête de la journaliste du Monde."


Prophète en son pays

Richard Werly

"Je vous recommande deux livres, cette semaine, qui sont très différents mais ont en commun le règlement de comptes, en passe de devenir un genre éditorial en soi. Le premier est signé de Gilles Kepel. Il parle de la menace islamiste, l’auteur raconte comment il a été marginalisé par l’université française, et comment son expertise lui a valu l’opprobre de ceux qui ont préféré surfer sur des schémas idéologiques « occidento-tiermondistes » (pour reprendre le terme qu’il emploie). Il profite de ce livre pour régler ses comptes, ce qui a au moins le mérite d’accrocher le lecteur."


Journal janvier-juin 2020

Richard Werly

"De l’autre, le journal d’Agnès Buzyn, qui vient de paraître. Elle y règle aussi des comptes, mais très prudemment : ni avec Edouard Philippe, ni avec Emmanuel Macron. Avec tous les autres en revanche, elle ne se prive pas. Personnellement, ces règlements de comptes littéraires me posent des questions. Encore une fois, le lecteur peut y trouver du plaisir, voire de l’intérêt, mais on a tout de même envie de demander à ces deux auteurs : « et après ? »"



Ramses 2024 Un monde à refaire

Nicole Gnesotto

"Comme tous les automnes, je parle d’un marronnier d’excellence, à savoir le rapport de l’IFRI, qui vient de paraître. C’est un très bon cru, il y a trois focus importants. D’abord, les leçons de la guerre en Ukraine, ensuite l’Inde, pays peu connu en France, et enfin une série de prospectives à plusieurs voix sur le monde à venir. Je trouve que l’édition de cette année est assez différente des autres, en ce qu’il y a de vraies analyses. D’abord sur la militarisation de l’interdépendance, c’est à dire la politique des sanctions en tant qu’arme de politique étrangère. On y trouve aussi un article très éclairant sur les fractures géopolitiques entre l’internet de l’Ouest et l’internet chinois. Et puis, la somme sur l’Inde, qui nous détrompe sur énormément de choses."