"J’ai reçu d’un auditeur cinéaste une copie d’un communiqué émis par l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma le 23 janvier 2024. Il est intitulé : Non-mise en lumière d'une personne éligible aux César en cas de mise en cause judiciaire Un consensus s’est dégagé pour décider que dans l’hypothèse d'une mise en examen ou d’une condamnation judiciaire d’un·e participant·e à un film éligible pour des faits de violences, notamment à caractère sexiste ou sexuel, la personne ainsi mise en cause ne ferait l’objet d’aucune mise en lumière. En pratique, sans préjudice de la présomption d’innocence, la personne mise en examen ou condamnée ne sera invitée à aucun de ces événements organisés par l’Association. La révélation de la décision de mise en examen ou de condamnation pénale pourra être le fait de la publicité donnée à une affaire par les médias nationaux. Cette révélation pourra également venir de la victime partie civile ou de son avocat, qui pourront contacter à cet effet le secrétariat de l'Académie (…) Enfin, si à l'issue des deux tours de scrutin, les membres votants de l’Académie décidaient d’attribuer un César à une personne faisant l’objet d’une mise en cause judiciaire, ce vote ne donnerait lieu à aucune remise de César sur scène ni à aucun discours par ou pour la personne concernée, qui ne bénéficiera d’aucun parcours presse ni d'aucune mise en avant sur les différents supports de l’Académie. D’un commun accord entre le Bureau et la Chambre des Représentants de l’Académie, il a enfin été décidé que la réflexion se poursuivrait après la Cérémonie 2024, afin d’évaluer ce nouveau dispositif et d’étudier toutes les pistes qui pourraient permettre de l’augmenter, tout en s’inscrivant dans le strict respect du droit des personnes mises en cause. En écho, ce tweet de mon confrère Hubert Huertas Il est étonnant à observer cet hommage absolu à Robert Badinter de la part d'une société qui pratique ce qu'il a dénoncé toute sa vie: la condamnation à mort (sociale), sans jugement, au nom de « la victime » qui devient le juge, l'avocat général et le jury. Ces dernières années, devant la cascade de dénonciations-condamnations dans les affaires de viols ou d'abus sexuels, Badinter le disait, avec sa femme Elisabeth, et tous deux étaient renvoyés à leur état de bourgeois réactionnaires par ceux qui enterrent aujourd'hui le flamboyant Robert, en le couvrant de fleurs."