"La gloire, écrivait Alexandre Vialatte, consiste à être oublié par son nom. Ainsi circule à l’arrière-plan de notre paysage intellectuel une tribu des illustres méconnus, dans laquelle on ne s’étonnera pas que Jean-Robert Pitte, le père de l’inscription du repas gastronomique des Français sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO ait choisi, pour en publier une passionnante biographie, l’auteur de la Physiologie du goût, Jean-Anthelme Brillat-Savarin,1755-1826. A cheval entre bourgeoisie et aristocratie, juriste d’abord avocat puis haut magistrat, député du Tiers, exilé en Suisse puis aux États-Unis où il vit de ses talents de violoniste, réformateur aux convictions souples, catholique sans excès, initié jeune homme à la gastronomie par les moines, curieux de beaucoup de sujets comme l’étaient les heureux de son époque, Brillat-Savarin, écrit Pitte, fait preuve d'une heureuse philosophie et d'une constante bonne humeur qui s'expriment dans maints passages de sa correspondance ou de la Physiologie. C'est l'une des principales raisons du succès du livre : on éprouve l'envie de partager de bons moments avec lui - une partie de chasse, un repas, une fête, un voyage d'agrément ... Jean-Robert Pitte retrace le chemin aux nombreuses étapes qui conduira Brillat-Savarin à faire de la gastronomie non une jouissance égoïste, mais le principe consolateur et bonificateur de l'humanité. Qu’est-ce que la gloire ? Ne serait-ce pas de laisser son nom à un fromage, un fromage triple crème, le foie gras du fromage, qui appelle un vin blanc de Bourgogne, le Brillat-Savarin ?"