La Déposition de Pascale Robert-Diard

Brève proposée par Philippe Meyer dans l'émission #28 - Nos Outremers à vau-l’eau; Protectionnisme US : Trump rattrapé par son programme, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

La Déposition de Pascale Robert-Diard

Philippe Meyer

"De mon côté je voudrais recommander la publication en Folio du livre de Pascale Robert-Diard La déposition qui porte sur l’affaire Leroux ou Agnelet comme on voudra mais qui porte ici sur l’un des fils Agnelet : Guillaume, qui à un moment donnée a désiré soulager sa conscience en cessant de taire ce qu’il savait et de raconter ce qu’on lui avait demandé de raconter. Il y a une atmosphère extrêmement dramatique comme dans les comptes rendus de Pascale Robert-Diard pour ceux qui la connaissent dans le Monde, reconnus pour leur sobriété et leur qualité. On est emporté par une énigme quand on a affaire à des gens comme Maurice Agnelet qui sont d’un seul bloc et que ce bloc semble tellement exsuder le mal et le goût du mal qu’on cherche à se demander ce qui, en eux, nous fait appartenir à la même humanité. C’est donc la réédition de Pascale Robert-Diard que je vous conseille cette semaine !"


Les autres brèves de l'émission :

Un mois à la campagne - Ivan Tourgueniev

François Bujon de L’Estang

"Pour ceux de nos auditeurs qui s’intéressent au théâtre et qui aiment la Russie, je leur conseille de se précipiter au théâtre Dejazet pour la mise en scène de Un mois à la campagne de Ivan Tourgueniev mise en scène d’Alain Françon avec beaucoup de goût, beaucoup de tact, beaucoup de finesse et d’intelligence. Cette mise en scène est très réussie et surtout je pense qu’elle rend assez bien justice à Tourgueniev, les français sont toujours convaincus que le théâtre russe commence avec Tchekhov et Stanislavski mais Ivan Tourgueniev c’est 1850, c’est antérieur. Ca n’est pas le même œil que Tchekov, c’est un œil beaucoup plus méchant et très aigu sur la nature humaine, il n’y pas le côté doux-amer qu’on retrouve chez Tchekhov. Il y a quand même une « russité » très très forte qui s’exprime très très bien à travers une très belle langue, c’est une pièce très bien construite et très bien équilibrée qu’on ne donne pas très souvent, c’est une bonne production. Si vous voulez passer une soirée de très bon théâtre vous avez jusqu’au 28 avril pour vous rendre au théâtre Dejazet."


La Tempête à la Comédie Française

Nicole Gnesotto

"J’ai aussi une brève théâtrale Shakespearienne, dramaturge très à la mode depuis le début de l’année. J’ai vu deux pièces formidables, l’une à l’Odéon Mac Beth mis en scène par Stéphane Braunschweig, l’autre à la Comédie Française La Tempête mise en scène par Robert Carsen. Deux pièces sur l’usurpation du pouvoir légitime et qui se traduisent très différemment, l’une par le pardon et l’autre par la folie meurtrière avec une espèce de spirale du crime. Tout ça avec deux mises en scène très différentes mais vraiment au service de la pièce. La Tempête est toujours à l’affiche"


Cantatrix Sopranica L. et autres écrits scientifiques

Lucile Schmid

"Je suis comme Rex Tillerson, je ne suis pas sur Twitter. J’ai observé que cette semaine Twitter avait fait un peu de littérature en invitant les Twittos à faire des tweets sans « e » comme l’avait fait Georges Perec dans son roman La disparition et moi je voulais conseiller de lire ou relire Georges Perec qui est un auteur que j’aime beaucoup et je voulais conseiller un petit bijou, moins connu que ses ouvrages principaux. C’est en fait un pastiche incroyable de tout ce qui peut-être ouvrage scientifique. Le maître article est un article en anglais, toujours un pastiche scientifique, qui raconte les effets du jet de tomate sur la cantatrice. Il faut aller jusqu’à lire les notes de bas de page où en fait il invente des articles signés Roux et Combaluzier comme la marque d’ascenseur. Et donc je vous invite à relire du Georges Perec après ces conseils venant de Twitter."


Ivan Maiskï: La marche à la guerre 1932-1943

Jean-Louis Bourlanges

"Je reste sur la Russie d’une certaine façon, je voudrais vous recommander le journal d’Ivan Maïski. Journal 1932-1943. Ivan Maïski était ambassadeur de l’URSS à Londres pendant cette période décisive. Personnage très intéressant d’abord parce que c’était un menchévik, un des derniers, car Staline n’avait pas encore abattu sa main de fer sur ce dernier. C’est un homme assez libre et pour trouver un dirigeant de l’époque stalinienne qui écrive quelque chose, il faut se lever tôt. Ils savaient que tout écrit pouvait être utilisé contre eux, lui il a écrit un journal et c’est une formidable lecture de la marche à la guerre. Quand on voit les liens profonds entre Churchill et la Russie, on comprend parfaitement l’attitude de Halifax. Maïski c’est un personnage qui est au cœur de toute la diplomatie, diplomate à l’ancienne, extrêmement ouvert, comprenant parfaitement la société britannique. Essayant de trouver un accord avec le Royaume-Uni et en même temps on voit que le Royaume-Uni au milieu de tout ça, c’est la théorie de Halifax : On aime pas Hitler, on aime pas Staline donc s’ils pouvaient se taper dessus ça serait parfait."