"Je suis un lecteur assidu et généralement comblé de Schnock, la revue des vieux de 27 à 87 ans. Ses numéros sont de délicieux bains que nous prenons dans notre mémoire, mais aussi, et même surtout dans la mémoire des autres. Son 52ème numéro est essentiellement consacré à Georges Pompidou. Comme d'habitude, on y trouve aussi des coup de projecteur, ici sur Simone Signoret et le feuilleton La Juge, plus loin sur le comédien Henri Guybet ou sur le dessinateur Serre, dont les albums sont des chefs-d’œuvre d'humour noir servis par un crayon virtuose. Sur Georges Pompidou, on apprendra ou on se remémorera son goût de l'art contemporain, sa dilection pour la vitesse, qu'il s'agisse de conduire une Porsche ou de mener l'action du gouvernement, et on restera quelque peu ébahi en constatant tous les traits qui le distinguent de ses prédécesseurs et de ses successeurs. On pourra notamment méditer sur une période où la modernité était la préoccupation et le fait de la droite, mais, à mon regret, il manque à ce numéro un chapitre sur Pompidou et Paris. L'homme qui a fait inconsidérément (à mon avis) détruire les pavillons de Baltard et voué Paris à la destruction de son centre, sans réfléchir au fait que ce centre n'était pas seulement le ventre de la capitale mais aussi son cœur et qui a remplacé ce cœur par un hypersupermarché plein de commerces sans commerçants, cet homme-là aurait mérité que l'on passe en revue une politique dont l'embourgeoisement et l’uniformisation de la ville n'auront pas été la moindre des conséquences, ni la moins fâcheuse."