Dahomey

Brève proposée par Lionel Zinsou dans l'émission Démission de Thierry Breton : un gâchis et une gifle / Le « voyage d’étude » de Keir Starmer en Italie à propos de l’immigration / n°369 / 22 septembre 2024, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Dahomey

Lionel Zinsou

"Je vous invite à aller voir ce film documentaire, qui a fait la une de Libération le jour de sa sortie (le 11 septembre dernier). Il a reçu l’Ours d’or du festival de Berlin. Il est signé de Mati Diop, une cinéaste sénégalaise très engagée, sur le propos de ce film : la restitution par la France des trésors royaux du Dahomey, l’ancien nom de l‘actuelle République du Bénin. Le Dahomey était l’un des grands royaumes de l‘Afrique de l’Ouest précoloniale, et les rois du Dahomey avaient par leurs commandes, constitué un trésor assez exceptionnel. Vingt-six objets était au musée du Quai Branly. En 2016, le président du Bénin a fait une demande de restitution, et la réponse avait été « non » sous la présidence de François Hollande, puis « oui » dans le discours de Ouagadougou du président Macron. Ce n’est pas simplement un documentaire. En 1h08, vous entendez s’exprimer les statues en train de rentrer chez elles, dans une atmosphère un peu fantomatique. L’image est magnifique, Mati Diop fait déjà obtenu en 2018 le grand prix du Festival de Cannes pour la qualité de sa photographie. Et vous voyez aussi les débats filmés de jeunes étudiants béninois, on y entend la charge d’émotions, le retour à la fierté à l’occasion du retour de ces objets pillés. La prise de conscience d’une génération africaine. Il se trouve que le trésor royal comportait 27 objets, il restait un trône qui avait disparu, et qui vient d’être retrouvé à Helsinki. La Finlande va le rendre, toute l’Europe est donc en train de s’engager dans ce processus de restitution."


Les autres brèves de l'émission :

Schnock n°52 « Pompidou »

Philippe Meyer

"Je suis un lecteur assidu et généralement comblé de Schnock, la revue des vieux de 27 à 87 ans. Ses numéros sont de délicieux bains que nous prenons dans notre mémoire, mais aussi, et même surtout dans la mémoire des autres. Son 52ème numéro est essentiellement consacré à Georges Pompidou. Comme d'habitude, on y trouve aussi des coup de projecteur, ici sur Simone Signoret et le feuilleton La Juge, plus loin sur le comédien Henri Guybet ou sur le dessinateur Serre, dont les albums sont des chefs-d’œuvre d'humour noir servis par un crayon virtuose. Sur Georges Pompidou, on apprendra ou on se remémorera son goût de l'art contemporain, sa dilection pour la vitesse, qu'il s'agisse de conduire une Porsche ou de mener l'action du gouvernement, et on restera quelque peu ébahi en constatant tous les traits qui le distinguent de ses prédécesseurs et de ses successeurs. On pourra notamment méditer sur une période où la modernité était la préoccupation et le fait de la droite, mais, à mon regret, il manque à ce numéro un chapitre sur Pompidou et Paris. L'homme qui a fait inconsidérément (à mon avis) détruire les pavillons de Baltard et voué Paris à la destruction de son centre, sans réfléchir au fait que ce centre n'était pas seulement le ventre de la capitale mais aussi son cœur et qui a remplacé ce cœur par un hypersupermarché plein de commerces sans commerçants, cet homme-là aurait mérité que l'on passe en revue une politique dont l'embourgeoisement et l’uniformisation de la ville n'auront pas été la moindre des conséquences, ni la moins fâcheuse."


Théodoros

Richard Werly

"Je suis en train de finir ce roman de Mircera Cartarescu, et je vous le recommande vivement. Je ne connaissais pas cet écrivain, il est professeur de littérature à Bucarest. Théodoros II était un roi d’Ethiopie, qui s’est suicidé dans son palais assiégé par l’armée britannique à l’époque de la reine Victoria. C’est absolument passionnant : une prose flamboyante qui m’a rappelé celle de Garcia Marquez. Je pense qu’il s’agit d’une œuvre majeure."




Germaine Tillion : une certaine idée de la résistance

Nicolas Baverez

"Comme l’époque manque un peu de sens et de grandes personnalités, je vous recommande cette biographie signée Lorraine de Meaux. Germaine Tillion est vraiment une figure incroyable, d’une force stupéfiante. D’abord ethnologue, elle fait partie du réseau du Musée de l’Homme. Arrêtée, envoyée à Ravensbrück, où elle galvanise les déportées pour supporter l’horreur. Par la suite, elle dénonce le goulag stalinien, et se tiendra aux côtés de de Gaulle et Camus dans la guerre d’Algérie. Une vie exceptionnelle et très inspirante."