Vers la guerre ? La France face au réarmement du monde

Brève proposée par Michaela Wiegel dans l'émission Loi immigration en France en 2025, en Allemagne et en Pologne / L’Ukraine à la peine avant l’hiver et le 5 novembre / n°373 / 20 octobre 2024, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Vers la guerre ? La France face au réarmement du monde

Michaela Wiegel

"Les livres des ministres sont rarement recommandables, mais je voudrais faire une exception pour celui qu’a écrit Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Il s’agit d’une réflexion réellement passionnante, avec des détails qui m’avaient échappés. Par exemple, il raconte comment, lors du vote de la dernière loi de programmation militaire, il y eu une coalition ad hoc pour sortir l’Allemagne de la liste des partenaires de la Défense française. Ainsi, une bonne partie des députés du RN et de LFI avaient décidé que l’Allemagne ne devait plus y figurer. Cela n’a pas réussi, mais M. Lecornu décrit cela comme un signal alarmant. Un signe de la fragilité de la relation franco-allemande. "


Les autres brèves de l'émission :

La fille du régiment

Philippe Meyer

"Presque quatre-vingts opéras en cinquante-trois ans de vie. Quelques fois Donizetti en écrivait cinq en un an, raboutant des restes et reprenant des ritournelles sans vergogne. La plupart des livrets étaient désolants, tartinant de quoi faire pleurer Margot sur fond de drames historiques dans lesquels l’Histoire cascadait comme la vertu dans la mythologie revue par Offenbach. Mais, pour peu qu’une artiste relève les défis de la partition, le public était en transe. Les poncifs n’effrayaient pas le compositeur, ses librettistes les lui servaient à la chaîne. Avec Lucia di Lamermoor, Ils lancèrent la mode des brumes écossaises, parfait décor d’un romantisme convenu, et accessoirement concours d’ut de poitrine. Avec La Fille du régiment, qui se donne jusqu’à la fin novembre à l’opéra Bastille, Donizetti s’est lâché dans le genre bouffe pour ne pas dire bouffon. Laurent Pelly l’a mise en scène avec une bonne humeur qui ne boude pas son plaisir dans des décors et des costumes qui donnent à son travail des allures de bande dessinée de l’époque de la ligne claire. Sous la baguette d’Evelino Pidò, l’orchestre est à la fête. Julie Fuchs est une Marie aussi à l’aise dans les cabrioles que dans les roulades vocales, même les plus aiguës. Le soleil qui manquait cruellement en ville ces derniers jours resplendit sur la scène de ce bâtiment lourdaud devenu palais du bel canto."


Exposition Olga de Amaral

Lionel Zinsou

"Pour répondre à ce besoin de joie et avant de se rendre à l’Opéra, je vous recommande d’aller à la Fondation Cartier, voir l’exposition de la plus grande artiste colombienne, Olga de Amaral. C’est sublime, et magnifiquement mis en valeur par la scénographie de Lina Ghotmeh, jeune architecte franco-libanaise. En outre, c’est la dernière exposition de la Fondation Cartier dans son bâtiment de Jean Nouvel sur le boulevard Raspail. L’exposition durera jusqu’au mois de mars, après quoi la Fondation Cartier sera en face du Louvre (dans ce qui fut le Louvre des antiquaires). Il y a un merveilleux travail sur les tissus, sur les couleurs, cela rend compte des origines profondes de la Colombie, qui ont beaucoup à voir avec l’Afrique, à cause de la traite des Noirs. Une explosion de joie."


À propos d’une déclaration du président Macron

Jean-Louis Bourlanges

"Dans cette émission, nous avons l’habitude de nous inquiéter des emportements excessifs du pays, et j’aimerais parler aujourd’hui d’un sujet délicat. J’ai été très frappé de l’atmosphère de dénonciation indignée suite à un propos du président de la République qui me paraissait absolument ordinaire. Sur le Moyen-Orient, les déclarations d’Emmanuel Macron de ces derniers mois ont souvent été inopportunes, mais là, il s’est contenté de rappeler que l’Etat d’Israël avait été créé par une résolution l‘ONU. Or ce n’est ni faux, ni attentatoire à la dignité de ce pays. C’est au contraire rappeler la culpabilité de la communauté internationale vis-à-vis du peuple juif, massacré par les nazis dans une indifférence assez générale des Alliés. L’indignation me paraît donc tout à fait inopportune. M. Netanyahou s’est indigné parce qu’il est lui-même emporté dans une critique très radicale, et très largement excessive à l’égard de l’ONU, mais je ne vois absolument pas pourquoi on devait lui emboîter le pas, alors que cette déclaration du président Macron est un rappel de bon sens."


Cartographies du pouvoir : histoire du paysage de la vallée du Jourdain

Béatrice Giblin

"J’ai trouvé ce livre très beau dans sa forme, dans son format, et la qualité de ses cartes. Il est signé de Ben Gitai, qui est historien, géographe, et s’intéresse à la chose politique. Ce très bel ouvrage s’intéresse à un endroit très particulier de la vallée du Jourdain, à la confluence avec le Yarmouk, sur trois périodes. La période ottomane au XIXème siècle, celle du mandat britannique, puis celle des Etats indépendants. L’auteur montre comment le paysage a bougé dans son rapport au pouvoir et aux stratégies des uns et des autres. C’est passionnant de suivre ce travail, au croisement de l’architecture, de la géographie, de la géopolitique, de l’Histoire … Comment la carte est non seulement un instrument de découverte, mais aussi d’exercice du pouvoir. Captivant et extrêmement original."