"Je voudrais vous signaler le livre que j’ai lu cette semaine d’Olivier Guez, La disparition de Joseph Mengele. Olivier Guez est l’homme qui avait fait notamment le scénario du film sur Fritz Bauer, l’homme qui avait retrouvé Eichmann et qui avait conduit à la condamnation d’Eichmann. Et là c’est un livre, un roman, je me méfie toujours du roman parce que comme dirait Paul Valéry, le mélange du vrai et du faux est plus faux que le faux, mais là le livre montre la vie de Mengele après le Reich, en Argentine, au Paraguay, au Brésil, jusqu’à sa mort. Il y a quelque chose qui reste insuffisant, c’est qu’on ne comprend pas comment ce médecin fou d’Auschwitz a été un médecin fou car il apparaît à la fois comme très antipathique et assez raisonnable. Mais ce qu’on voit très bien c’est ce qui s’est passé pour les Nazis après. Et on voit deux moments très différents : une première période où peu à peu il se réintègre dans la société officielle, il reprend son nom, et puis à partir de l’affaire Eichmann et des grandes publications, l’Holocauste et la Shoah, il y a un retour en enfer et cet homme finit comme il n’aurait jamais dû vivre avant c’est-à-dire en enfer, dans une solitude absolue et dans une existence justement misérable moralement."