La saga des élections présidentielles : de Charles de Gaulle à Emmanuel Macron

"C'est un livre que tous ceux qui veulent avoir une approche de ce qu'a été la République française au coursdes 60 ou 70 dernières années doivent lire. Il illustre par ailleurs une phrase que notre ami Max Gallo répétait souvent, à savoir que la seule loi en histoire, c'est la surprise. Or, quand on regarde les élections présidentielles depuis 1965, qui sont étudiées une par une par Gérard Courtois, on s'aperçoit que c'est toujours la surprise qui l’emporte. De Gaulle a été réélu, mais il a été mis enbalottage, c'était une surprise. Ensuite, c'était Poher qui était candidat ; c'est Pompidou qui a été élu. Puis, c'était Chaban qui était favori, c'est Giscard qui a été élu. Ensuite, c'était Giscard qui était favori, c'est Mitterrand qui a été élu. Ensuite, c'est Mitterrand qui a été réélu contre Barre et Chirac, et ainsi de suite. Et donc, c'est extraordinaire de voir, même si on critique l'élection du président de la République au suffrage universel, même si on met en cause les faiblesses de la Constitution de la Vème République, ce grand rendez-vous que les Françaisont avec leur système politique leur donne deux choses essentielles à la fois : le pouvoir de décider et la joie de la surprise."

"Comme je le fais une fois par an, j’introduirai ces brèves par un moment d’auto-congratulation : « Merci pour votre podcast. A vrai dire cela fait bien vingt ans que je vous écoute assidûment (c'est-à-dire depuis mon adolescence) et que vos débats de haut vol toujours courtois structurent ma pensée. Il me semble donc à propos de vous remercier car une chose est sûre, sans vous il me manquerait beaucoup. Au delà du remerciement personnel (et familial car votre écoute est une affaire de famille sur deux générations) on peut certainement vous adresser un remerciement collectif car vous contribuez à élever et apaiser les débats d'une actualité souvent livrée à la dictature des mouvements d'humeur et de l’Audimat. » Je n’ai lu cette lettre touchante que pour rappeler à ceux qui veulent contribuer qu'ils contribuent, et aux contributeurs ponctuels, de ne pas négliger le renouvellement de leur soutien."

"Je vous recommande ce film de Hu Guan, une sorte de western chinois, qui se passe dans une ville qui est aux portes du désert de Gobi ; c'est un film absolument envoûtant, parce qu'il se passe dans cette ville abandonnée, où les Jeux olympiques de Pékin ont commencé, désormais laissée aux chiens errants et on nous fait entrevoir ces laissés pour compte de la Chine, dans ce désert froid. Et Lang, le personnage principale et ancienne gloire locale, lui-même une sorte de chien errant, va se lier avec un lévrier noir, Black Dog. Il n'y a pas vraiment d’action, mais il y a cette vision absolument extraordinaire d'un moment où l'humanité et l'animalité vont se fondre, dans ce lieu désolé. Je trouve très intéressant de voir comment ce qui se passe en Chine ne se réduit pas seulement à la question économique, il y a aussi des enjeux extrêmement humains, démocratiques, et beaucoup de surréalités dans ce film, notamment un cirque, parce que le cirque c'est chinois, et un tigre qui va s'évader, c'est assez merveilleux et envoûtant."

"Je voulais recommander le nouveau livre de Giuliano da Empoli, qui continue, au fil de son œuvre, à nous guider un peu dans l'analyse de l'actualité. Il y avait les ingénieurs du chaos, le mage du Kremlin … Da Empoli nous montre que nous vivons le retour de Machiavel, de la force, et de César Borgia au pouvoir. Nous avons cru que nous étions dans le monde de Montesquieu, de la séparation des pouvoirs, de la société civile de Locke, ou de la paix perpétuelle de Kant, et en fait, le monde réel qui revient est celui du Léviathan de Hobbes, de la lutte des classes de Marx, ou la guerre des dieux de Max Weber. D'une certaine façon, ce prolonge l'analyse de Thérèse Delpech dans L'ensauvagement du monde. Et surtout, il nous invite à en tirer toutes les conséquences, alors qu’on voit bien qu’aujourd'hui, une partie de nos dirigeants restent dans le déni de ce qui se passe, de ce qu'est vraiment Donald Trump, de ce qu'est vraiment l'Amérique aujourd'hui. Un appel à réveiller l'Europe, qui retrouve un vrai projet politique historique, celui d'être le refuge de la démocratie, de l'État de droit et du monde libre."

"En ces temps troublés, les livres se périment vite, et les revues ont aujourd'hui un rôle essentiel dans le débat. Je voudrais en recommander deux. La première est la revue TELOS, excellente, souvent recommandée dans cette émission. Dans le dernier numéro, il y a un article formidable de Gilles Andréani : « A-t-on le droit de parler de menace russe ? » où il analyse de façon très précise les trois éléments pour juger une menace ou une menace. Premièrement : quel est l'état des forces ? Deuxièmement, le sentiment d'agression, et troisièmement, l'intention de nous agresser. D’après Gilles Andréani, oui, il y a bien une menace russe, et son argumentation est particulièrement convaincante."

"La deuxième revue, Foreign Affairs, est en anglais. Je vous recommande l’article « NATO without America » (l’OTAN sans l’Amérique) où Ivo Daalder, qui est un ancien ambassadeur américain à l'OTAN sous Obama, Démocrate, analyse la qualité, le nombre, la précision des verrous américains pour le contrôle de l'OTAN et des alliés européens dans l'OTAN, qu’il connaît sur le bout des doigts. Et c'est extraordinaire. À recommander à ceux de nos partenaires qui pensent qu'on peut créer une défense européenne en européanisant l'OTAN (ce qui n'est pas mon cas). Cette lecture les fera réfléchir …"