"Le parfait complément au livre précédent, qui raconte notamment les échanges entre Daniel Halévy et un écrivain paysan qui pour moi est un modèle : Emile Guillaumin. Relisons cela pour comprendre aujourd’hui l’une des colères françaises. "
"Nous nous acheminons en France vers une nouvelle semaine de colère sociale, avec cette grève annoncée le 5 décembre. Je me suis penché ces jours-ci sur une tout autre colère, celle des paysans français, avec deux livres que je recommanderai. Tout d’abord celui d’Eric Alary, dans lequel il écrit comment la paysannerie a façonné la France."
"Ma brève sera beaucoup plus banale, mais néanmoins enthousiaste : je parlerai du Goncourt. Je les lis systématiquement. Jean-Paul Dubois n’est pas un auteur né de la ndernère pluie, c’est son 22ème roman, il travaille normée the sur la société française. Il dit lui-même qu’il a choisi l’écriture parce que c’était la façon la moins douloureuse de vivre sa vie. Il a eu beaucoup de difficultés jusqu’à son roman intitulé « une vie française ». Ce roman-ci est du romanesque pur, le récit improbable de deux hommes dans une prison canadienne, un conducteur d’Harley Davidson qui ne pense qu’à couper la tête de tous les méchants de la planète, et le gardien d’un immeuble qui s’est retrouvé là pour des raisons que je ne révèlerai pas ici. C’est une vraie histoire à laquelle on se laisse prendre, il n’y a aucune prétention philosophique, si ce n’est la description de l’atroce humanité de ce monde."
"Le film de Ken Loach, qui montre comment les plate-formes numériques ont réinventé le travail à la tâche du temps des canuts lyonnais. Bernanos avait écrit la France contre les robots, et Ken Loach a filmé les algorithmes contre l’humanité. C’est dur, c’est violent, mais c’est très juste et cela exprime clairement une part de vérité de cette économie numérique. "
"Je voulais recommander un livre qui attend sa traduction française, écrit par l’ancienne secrétaire d’état américaine Condoleezza Rice, avec un autre professeur, responsable à l’époque de la commission sur le 11 septembre, Philip Zelikow, et dont le titre est littéralement « construire un meilleur monde ». C’est un ouvrage très complet sur le monde après la chute du mur et du rideau de fer. J’ai trouvé particulièrement intéressant le chapitre sur l’OTAN, parce ces deux auteurs montrent à quel point à l’époque, les Américains étaient conscients des changements qui devaient intervenir dans l’alliance suite à la disparition de l’ennemi soviétique. Ils montrent étape par étape tout ce qui a été fait. Il est très utile de se le remémorer alors que le débat est à nouveau en cours, et qu’on entend que beaucoup que l’OAN n’aurait pas changé depuis la fin de la guerre froide. "
"Picquart est un personnage tout à fait extraordinaire, il est très cultivé et mélomane, grand connaisseur de le littérature, il parle 6 langues, c’est un wagnérien fervent, un cavalier remarquable, bref c’est un personnage comme ce que la grande bourgeoisie de cette époque peut donner de meilleur. La thèse de Christian Vigouroux est que c’est le sens de l’honneur qui a poussé Picquart à agir comme il a agi, à payer comme il a payé pour finalement en être récompensé par Clémenceau. Elle est très différente de celle que tient par exemple Laurent Greilsamer, qui dans la vraie vie du capitaine Dreyfus, pense plutôt que Picquart a agi comme il l’a fait quand il a compris qu’on avait arrêté la mauvaise personne, et donc qu’il restait un espion au sein de l’état-major, qu’il s’agissait de trouver. Je voudrais vous lire un petit extrait de ce que Georges Clémenceau a dit aux obsèques du général Picquart : « Jeunes gens, si sévères parfois aux anciens, lisez l’histoire de cet homme. Apprenez-la surtout dans les odieux pamphlets de haine et d’outrage dont la plus pure conscience s’est vue assaillir, lisez tout, sans vous laisser rebuter par aucune vilénie, par aucune infamie, et apprenez au prix de quelles douleurs se conquièrent ces droits de justice et de liberté dont quelques-uns parlent sottement, tandis que des rôdeurs se demandent, puisque certains des vôtres semblent n’y pas tenir, s’ils ne pourraient pas réussir à vous les enlever. »"
"En guise d’antidote, je recommanderai aussi le livre paru sur les écrits de Jacqueline de Romilly, qui s’appelle à juste titre « Émerveillements ». C’est magnifique. On a l’histoire d’Hector et d’Alcibiade, les démagogues qui ont ruiné la démocratie athénienne. Mais on a surtout la manière dont les Grecs ont su à la fois penser et mettre en place la liberté politique, la liberté des hommes, et la dégager face à la loi des dieux et face à la loi de la cité. "