"J’ai poursuivi par la biographie de Saint-Just qui vient d’être publiée par les éditions Passé composé, elle est signée d’Antoine Boulant. Là aussi, on aussi combien par moments, la France politique peut dérailler."
" Je vais recommander un roman qui traite d’écologie mais qui est très drôle, je tiens à le préciser, paru en août 2019, d’Emmanuelle Pireyre qui avait eu en 2012 le Prix Médicis pour Féérie générale. Ce livre nous emmène dans une espèce de vagabondage écologique, où une romancière doit écrire une tribune sur les OGM auxquels elle ne connaît rien. Elle va rencontrer une chimère, mi-homme mi-chien, vautrée sur le canapé à regarder des films d’animation, ainsi que des citoyens réunis en convention, c’est une convention européenne, on a aussi tiré au sort les sujets dont doivent s’occuper les Etats, et les Français ont tiré « le temps libre ». Au lieu de disserter dessus, ils vont concrètement expérimenter ce qu’est le temps libre, la paresse, la flânerie. Je vous laisse découvrir ce livre, que j’ai trouvé d’une inventivité incroyable."
"Je vais rester moi aussi sur l’écologie, mais d’un point de vue très catastrophique, en vous recommandant un film et un roman. Le film, qui est à ma connaissance LE film prémonitoire sur les catastrophes climatiques, c’est « le jour d’après », par un réalisateur qui est l’un des maîtres du genre : Roland Emmerich. C’est un film qui date de 2004, il est extraordinaire."
"Nous avons beaucoup parlé de colère climatique lors de cette émission, et je vais revenir sur la colère sociale française, à travers le prisme de l’Histoire, en recommandant deux livres que j’ai lus consécutivement et qui, je dois l’admettre, font un peu frémir. Le premier est « Paris sous la Terreur », qui raconte comment Paris s’est embrasé dans ces années folles, et comment la colère sociale est devenue colère de sang."
"A propos de la Terreur, je signale qu’on peut aller au cimetière de l’église de Picpus, dans lequel il y a deux fosses communes. Dans l’une d’elles se trouvent les Carmélites de Compiègne, celles du Dialogue des Carmélites de Bernanos. C’est un cimetière très étonnant, dans lequel le drapeau américain a flotté pendant toute la guerre, car il y a là la tombe de Lafayette. Il a été créé par les aristocrates, pour les guillotinés et leurs familles. C’est un cimetière privé, ouvert au public à certains moments. On y voit ce que l’aristocratie a payé, notamment en 1914-1918. Il y a là quelque chose qui est de l’ordre du sens des responsabilités, je pense au général de Castelnau ; il était chef-adjoint d’état-major, quoi de plus commode pour plaquer ses enfants, or trois de ses fils sont morts, et deux de plus à la guerre suivante. C’est un endroit très émouvant."
"Ma deuxième recommandation est un roman, celui de Laurent Mauvignier, paru en 2014. Il est constitué d’une dizaine de petits romans, sur le 11 mars 2011, le jour du tsunami. Onze couples y vivent des choses intenses qui bouleverseront leur vie. La première histoire par exemple est sur un couple qui fait l’amour au moment du tsunami, c’est un petit chef d’œuvre de littérature de 30 pages. "
" Pour apporter un peu de légèreté à notre conversation et profitant de l’absence de François Bujon de l’Estang, notre spécialiste du jazz, je recommanderai un disque de jazz de Lafayette Harris Jr, un peu dans la tradition du jazz Nouvelle-Orléans, un peu cajun, sans être néo-rétro, c’est tout à fait contemporain, extrêmement subtil, très enlevé, c’est un moment de plaisir absolu."
"Je recommande la lecture de Philosophie magazine, dont le dernier numéro est raccord avec notre sujet, puisqu’il s’intitule : « Collapsologie : et vous, croyez-vous à la fin du monde ? » Ce numéro contient entre autres un long développement d’Alexandre Lacroix qui pose la question : la fin du monde, vous la voulez comment ? "